N’ayez pas peur ! Par trois fois Jésus nous dit cela dans l’Évangile, ne craignez pas, n’ayez pas peur !
Alors on a envie de lui dire : « Seigneur, ça va aller… on a un peu peur de la seconde vague du virus, en même temps nos autorités viennent de nous autoriser à nous réunir jusqu’à 1000 personnes dès demain, ça a l’air d’aller, on n’a pas trop peur… »
Ben… faut voir. On fait les fiers, mais en réalité il y a un domaine dans lequel on n’est pas toujours des plus courageux. Et ce domaine c’est le témoignage de notre foi.
L’autre jour, un jeune regardait ma voiture. Comme vous l’avez peut-être vue, ici à côté de la cure, elle arbore sur chaque porte une bougie avec le mot Évangile dessus.
Petite pub pour l’équipe œcuménique de l’Évangile à l’Écran à laquelle je continue de participer et qui existe depuis bientôt 10 ans…
Le jeune en question est déjà largement sorti de cette adolescence où le regard des autres nous pèse souvent.
Pourtant il me dit, estomaqué : « Tu oses mettre ça sur ta voiture, toi ? Ah mais moi jamais j’oserais mettre un signe chrétien sur ma voiture ! »
Un autre jeune, il n’y a pas si longtemps, me disait sa grande difficulté à témoigner de sa Foi en paroles autour de lui dans sa profession. Alors qu’il est au contact de plus jeunes très régulièrement. Mais dans l’institution dans laquelle il travaille, c’est mal vu de parler de sa propre religion.
Plus exactement c’est mal vu de dire qu’on est chrétien.
On peut tout à fait parler sans problème des religions des autres, des prières des musulmans, des rites bouddhistes, des habitudes juives, des dieux de l’hindouisme… C’est compris comme de la connaissance de l’autre et c’est très bien vu. Mais si un Chrétien parle de sa propre religion dans cette institution qui fait de l’aide sociale aux jeunes, eh bien c’est considéré comme du prosélytisme et c’est mal vu.
Alors on se tait, on a peur de dire qu’on est croyant. Etrange non ? Cette peur de montrer notre foi…
Et ce que je viens de vous dire se passe à Genève. Pas besoin d’aller à des milliers de kilomètres. Ça se passe dans notre pays.
Dites-moi, les Amis, on va où, là ?? Soyons fiers d’être Chrétiens, soyons fiers d’être croyants ! N’ayons jamais pas peur de témoigner du Christ, jamais. C’est la pire insulte qu’on pourrait lui faire : avoir peur de parler de lui, vous ne croyez pas ?
Les textes que nous avons entendus ce matin nous disent qu’il ne faut pas avoir peur de témoigner de nos convictions.
Jérémie, dans la première lecture, le disait. En commençant par se plaindre un peu, évidemment, sans quoi ce ne serait pas Jérémie, l’homme des Jérémiades – ça vient de lui, d’ailleurs cette expression, vous le savez j’espère ? Les Jérémiades… parce que le prophète Jérémie commence toujours par se plaindre. D’où les « Jérémiades »….
Il commence donc par se plaindre mais il commence par nous plaindre aussi, vous l’avez entendu. Il nous dit : vous serez raillés, dénoncés par ceux que cela arrange. Mais un verset plus loin, nous l’avons aussi entendu, il nous rappelait que le Seigneur est avec nous, toujours, et que tôt ou tard nos détracteurs seront couverts de honte.
Nous n’avons donc pas à avoir peur de témoigner de notre foi.
Jésus le disait aussi, à sa manière, dans l’Évangile : ne craignons rien. Tout ce qui est secret tôt ou tard sera dévoilé. Et c’est notre rôle de proclamer certaines choses au grand jour.
Je connais bien des grands-parents – peut-être y en a-t-il parmi vous ? – je connais bien des grands-parents qui hésitent à parler de Dieu à leurs petits-enfants, ou qui hésitent à les amener à la messe…
Et pourquoi hésitent-ils ? Parce qu’ils ont peur de la réaction des parents. Plusieurs me l’ont dit.
« Vous savez, me disait une grand-maman il n’y a pas si longtemps, je ne parle pas trop de Dieu à mes petits enfants parce que si mon fils l’apprend, il se fâchera contre moi… »
Non mais c’est le monde à l’envers, Chers Amis ! C’est le monde à l’envers !
Les grands-parents qui ont peur de leurs propres enfants ! Et ça se transmet, hein ! Plusieurs parents d’aujourd’hui passent absolument tout à leurs enfants. Parce qu’ils ont peur d’eux. Ça donne l’enfant-roi que nous voyons trop souvent ici ou là.
La peur est mauvaise conseillère, Chers Amis. Très mauvaise conseillère. Et pas seulement en termes d’éducation.
La peur, c’est l’une des meilleures armes du diable. Il adore nous faire peur. Et quand il arrive à nous inspirer la peur de parler de Dieu, alors là c’est la victoire totale pour lui !
Imaginez : « J’ai réussi à leur faire peur de parler de Dieu… ! » Il doit jubiler !
Et pourtant, je peux en témoigner, moi et tous les autres prêtres : l’Evangile d’aujourd’hui c’est du solide. Dieu, effectivement, nous donne toujours les moyens de parler de lui, les moyens de témoigner de lui. Si vous avez peur d’aller évoquer votre foi quelque part devant des gens, le moment venu, soyez-en certains, l’Esprit Saint vous aidera, je peux vous le garantir, je connais bien cela !
Et toutes les personnes qui ont eu à témoigner de leur foi ici ou là vous le diront. L’Esprit-Saint nous aide à le faire. N’ayons pas peur !
N’ayons jamais peur de montrer notre foi, non plus. Parce qu’alors on glisserait insidieusement vers une foi cachée, que l’on aurait peur d’assumer.
N’ayons pas peur de porter une croix, y compris si elle est visible. N’ayons pas peur de prier en public. De faire un signe de croix au restaurant avant de manger. N’ayons pas peur d’ouvrir un livre de prière dans le train, de sortir notre chapelet dans le bus… ne gardons pas cela dans la poche discrètement pour pas que ça se voit. Au contraire, sortons-le !
Réveillons-nous, chers Amis ! Qu’est-ce qu’on va dire au Bon Dieu en arrivant là-haut ?
– Ah Seigneur, vous savez, c’est vrai, je suis resté discret mais j’ai eu un peu peur de parler de vous autour de moi…
« J’ai eu peur de parler de vous, Seigneur », c’est ça qu’on va lui dire ? Ah moi j’aimerais pas, en tout cas !
La foi nous fait vivre. C’est une raison de vivre aussi importante que les repas de nos journées. Et comme le disait Paul dans la deuxième lecture, nous avons tous – TOUS – reçu la grâce. Nous avons tous reçu cette force qui nous aide à témoigner. Utilisons-là !
Osons témoigner du Christ dans notre vie, osons parler de lui au café, dans le train, en attendant le bus, dans la salle d’attente du médecin, plutôt que d’échanger sur les âneries que nous lisons dans nos magazines people.
Il y a d’autres choses dont il faut parler autour de nous.
Osons montrer nos signes chrétiens, notre manière chrétienne de vivre, nos prières.
Parce que si nous ne le faisons pas, d’autres prendront cette place, c’est certain également.
Je crois chers Amis que c’est maintenant – et particulièrement en ce temps de déconfinement où le monde a soif de valeurs spirituelles – c’est maintenant qu’il nous faut nous réveiller, nous autres Chrétiens, chasser de nous cette peur malsaine de parler de Dieu à nos enfants, à nos petits-enfants ou à un inconnu dans la rue…
Osez le faire, osez témoigner du Christ, osez dire aux autres quelle joie nous avons d’être croyants !
Osez parler de celui qui est le soleil de nos vies, celui qui nous redit à longueur de pages : « N’ayez pas peur ! ».
Père Vincent Lafargue
Source : Chrétien web