Asia Bibbi : l’insoutenable attente

Asia Bibi, dont l’histoire dramatique est désormais connue dans le monde entier, devait être jugée en appel ce lundi 17 mars 2014. Mais en raison de l’absence de l’un des juges de la haute cour de Lahore, où le procès devait avoir lieu, ce dernier a été renvoyé.
 
Cette femme chrétienne pakistanaise avait été arrêtée en 2009 pour blasphème puis condamnée en 2010 à la peine capitale. Ouvrière agricole, elle aurait fait référence à Mahomet, à la suite d’une altercation avec les femmes musulmanes de son village, qui lui reprochaient de boire l’eau de leur puits et donc de la polluer. Depuis (cela fait 5 ans), cette maman de cinq enfants est incarcérée dans la prison féminine de Sheikhpura, au Pendjab, dans des conditions déplorables (cf. Aleteia).
 
Asia Bibi a été condamnée au nom de la loi sur le blasphème, cette « loi noire » très controversée, souvent utilisée pour régler des comptes personnels. Deux hommes qui l’ont courageusement soutenue l’ont payé de leur vie : le gouverneur du Pendjab Salman Taseer et le catholique Shahbaz Bhatti, à l’époque ministre fédéral des minorités religieuses, qui par ailleurs avait appelé à un amendement de cette loi. Ils ont tout deux été assassiné en 2011, par des groupes extrémistes.
 
Naem shakir, l’avocat d’Asia Bibbi, a expliqué à l’agence Fides que « selon les procédures en vigueur, dans le cadre d’un appel suite à une condamnation à mort, il est prévu un collège de deux juges [et que] si l’un est absent, il n’est pas possible de procéder à l’audience ». Ces prochains jours, poursuit l’agence Fides, l’avocat aura connaissance de la date de la nouvelle audience, qu’il espère être fixée d’ici à la fin du mois de mars.
 
L’agence Fides  rapporte également les propos du Père James Channan OP, Directeur du Peace Centre de Lahore, engagé dans le dialogue interreligieux et dans des œuvres à caractère pastoral et social, qui se veut confiant : « Si les juges appliquent les principes de justice et agissent sans préjudices, Asia Bibi sera déclarée innocente et libérée. Nous avons bon espoir parce que, par le passé, lorsque des cas de blasphème sont parvenus devant la Haute Cour, justice a été faite et les accusés ont été acquittés, la Cour ayant prouvé qu’il s’agissait de fausses accusations ou d’accusations instrumentalisées. Les tribunaux de premier degré sont plus perméables aux pressions des fondamentalistes. Menaces et intimidations ne manquent pas mais au niveau de la Haute Cour, ces méthodes souvent ne fonctionnent pas ». toutefois, a-t-il souligné, « par le passé, les juges honnêtes l’ont payé de leur vie ».
 
Le sort d’Asia Bibbi a suscité de nombreuses chaines de prière à travers le monde. En janvier 2012, une pétition pour obtenir sa libération a récolté plus de 580 000 signatures à travers 100 pays (cf Aleteia). De nombreuses voix se sont aussi élevées en sa faveur sur la scène internationale, à commencer par celle de l’Eglise. En 2013, le Cardinal Roger Etchegaray, Président émérite du Conseil pontifical « Justice et Paix »  a intercédé pour elle auprès du président pakistanais. (cf Aleteia). Auparavant, le 17 novembre 2010, au terme de l’audience générale, Benoît XVI appelait à sa libération.
 
En janvier dernier, cette maman, symbole de la persécution chrétienne qui fait rage dans le monde, si souvent dénoncée par le Pape François, a écrit à ce dernier une lettre bouleversante

Aleteia