par « Je suis née du viol d’une religieuse. Merci Maman pour ton courage ! »
"Dieu veut-Il d'une vie résultant d'un viol ?" Ce témoignage bouleversant en atteste.
TEAM ALETEIA
18 SEPTEMBRE 2015
© BrittKnee
C’est après avoir lu un article, paru quelques temps plus tôt sur Aleteia, au sujet des bébés nés d’un viol, que cette jeune femme, qui désire garder l’anonymat, a décidé d’écrire son témoignage.
« J’ai appris que j’étais née d’un viol il y a trois ans et c’est la première fois que j’évoque ce drame. Au début, j’ai essayé de le nier, en tout cas de ne pas trop y penser. Mon premier sentiment fut que je n’étais un projet pour personne, et surtout pas pour ma mère ! Elle se sentait appelée à une vie si différente de celle qu’elle mène désormais près de moi…
Au moment du viol, ma mère était religieuse consacrée (elle avait prononcé ses vœux perpétuels 5 ans avant ma naissance). Je sais qu’elle était une religieuse fidèle à l’esprit du pape Jean-Paul II : qui donnait le premier rôle aux jeunes dans l’Église.
J’ignore encore beaucoup de choses sur ce qui s’est vraiment passé, car je l’ai appris par de vieilles lettres que ma mère avait reçues à l’époque. Toute sa grossesse, elle l’a passée loin de son pays, recevant quelques lettres de sa famille, de son meilleur ami (un prêtre, mon parrain de baptême) et de sœurs de la Communauté.
Dieu était présent dès le début, je le perçois, notamment à travers la supérieure de la Congrégation, dont la seule préoccupation était de la protéger; celle-ci avait pensé, en accord avec la famille de ma mère, qu’il valait mieux l’éloigner de son entourage afin qu’elle puisse prendre une décision, sans aucune pression, et ainsi protéger la Communauté. Ma mère pouvait décider de me proposer à l’adoption et retourner dans sa communauté, ou de quitter l’habit religieux et jouer pleinement son rôle de mère.
Dieu, je le sais, s’est manifesté à travers les personnes qui entouraient ma mère à l’époque, et j’ai pu « palper » l’évolution de ses sentiments tout au long des mois : je n’ai jamais pris connaissance des lettres écrites par ma mère, mais je connais les réponses. J’ai lu et relu ses lettres, espacées de quelques mois… et je crois qu’elles m’aident à donner un meilleur témoignage.
J’ai pu noter comme tout s’est embrouillé pour elle dès le début, elle éprouvait des sentiments de culpabilité, aucune solution ne lui paraissait la bonne, il lui a fallu accepter de s’en remettre à Dieu.
Dans une de ses lettres, mon parrain lui écrivait : “Ma chère R., ces jours-ci encore, je me tourmentais à penser que je n’avais pas été là pour te défendre et je me demandais pourquoi cela t’étais arrivé à toi. J’ai retrouvé un peu de calme dans la Parole de Dieu, en relisant Job. Dieu nous met à l’épreuve pour tester notre fidélité. Je sais que tu t’en sortiras cette fois-ci encore, comme toujours ! ”.
Lire cette lettre m’a fait l’effet d’une douche froide. Je crois que nous nous plaisons tous à penser que nous avons été planifiés et aimés (ou du moins aimés) dès le premier instant. Mais en réalité même si ce n’est pas le cas, Dieu nous aime dès l’instant où il nous a programmé pour ce monde. J’ai mis du temps à le comprendre, mais je me suis agrippé à la main de Dieu pour le comprendre, ce projet.
Au fil du temps, j’ai pu constater que les personnes qui nous entouraient m’avaient prise en affection, ne considéraient pas seulement le bien de ma mère, mais le mien aussi. Tout le monde commençait à nous concevoir comme une famille.
Une religieuse lui envoya une petite carte dans laquelle elle nous confiait, ma mère et moi, dans ses prières, ajoutant : Pauvre petite, elle n’est responsable de rien, une innocente qui n’a pas à payer pour les erreurs de quelqu’un d’ autre ”.
C’est à ce moment-là, que j’ai tout compris et que ma mère aussi, j’en suis sûre, a commencé à sortir de sa dépression. “Bon, je suis née d’un viol, soit je peux me lamenter d’avoir été un accident, soit je peux remercier Dieu tous les jours de m’avoir permis de vivre et de grandir avec une grande maman ”.
La lecture de cette petite carte m’a fait renaître. Petit à petit, j’ai découvert les plans de Dieu sur moi, et maintenant que je sais d’où je viens, j’ai bien plus envie de les réaliser, parce que je sens qu’Il m’a donné une opportunité qui est refusée à des millions de bébés chaque jour.
Arriva le jour de ma naissance, en décembre 1993…. Ce jour-là, mon parrain écrivit ces quelques mots : “Chère R., merci. Merci parce qu’aujourd’hui tu dis « oui » à la vie”. Je ne dirais pas que tout ici est devenu facile car il restait encore à demander au Saint-Siège de relever ma mère de ses vœux en expliquant les motifs qui l’obligeaient à le faire.
Mais Dieu ne permet pas le mal sans en tirer un bien et, après ma naissance, ma mère obtint un poste à la Conférence épiscopale de mon pays, devenant au bout de quelques années, la responsable nationale chargée de la jeunesse. Il ne permit pas quelle renonce à son choix de travailler pour les autres, pour les jeunes. J’ai grandi dans ce milieu, avec des jeunes gens si proches de Dieu, qui n’avaient pas honte de leur foi, qui suivaient Jésus et aimaient la Vierge Marie. Aujourd’hui, je suis une jeune femme, moi aussi éprise de sa foi et de son Église.
En conclusion, il me reste à remercier Dieu de la chance qu’il m’a donnée de venir au monde et de grandir auprès d’une mère qui n’a jamais considéré l’avortement comme une option. Cela n’a pas été facile, surtout pour elle, mais chaque soir nous nous en remettons à Dieu, nous lui demandons d’intercéder pour tous ceux qui nous ont quitté, notamment la supérieure du couvent. Nous avons tout appris ensemble, et je crois que le fait de rester seules toutes les deux a créé un lien spécial entre nous.
J’espère que ce témoignage sera utile pour ces femmes qui, comme ma mère, doivent décider de l’avenir de leurs enfants.
Je vous en prie, ne pensez pas uniquement à l’avortement !
Dieu voue un amour spécial et prépare de grands projets pour les enfants qui sont venus au monde sans être désirés. Il réserve une grande récompense pour les mamans qui disent oui à la vie, même si cette vie provient d’une situation pénible.
Et vous, enfants nés d’un viol, honorez Dieu chaque jour de votre vie !
http://fr.aleteia.org/2015/09/18/je-suis-nee-du-viol-dune-religieuse-merci-maman-pour-ton-courage/
