Prier sans se décourager, mon Dieu que c’est dur, que c’est difficile! Est-ce seulement possible? Peut-être qu’une des plus grandes difficultés de la prière est qu’elle n’est pas toujours exaucée. (Luc 18:1-9)
Nous avons tous fait cette expérience, en priant, avec sincérité, concentration, nous demandons à Dieu ce qui nous paraît juste et bon et au final… rien ne se passe comme on le voulait! Comme si Dieu n’avait pas entendu; comme s’il était trop occupé! Une question de bon sens s’impose alors, à quoi bon perdre son temps à prier, surtout si cela ne marche pas, si la prière n’est pas efficace, si elle n’est pas exaucée.
Je suis en train de visionner une série de Steven Spilberg, «Falling Skies». L’histoire de survivants dans un monde ravagé et occupé par des extra-terrestres. A un moment donné, une jeune fille dit à une autre:
– Moi, j’ai la foi.
Et l’autre de lui répondre:
– Tu es stupide d’avoir la foi. Tu ne vois pas que Dieu n’exauce pas tes prières?
– Moi je ne prie pas pour être exaucée, mais pour que Dieu me dise quoi faire pour bien faire dans ce monde.
C’est beau ! C’est bien dit. Et de fait, prier c’est demander à Dieu ce qu’est sa volonté, ce qu’il attend de nous.
Jésus comprend bien nos difficultés. Il sait bien notre peine à durer, à être fidèles et persévérants dans la prière. C’est pourquoi il nous enseigne par une parabole.
Comme toujours, nous retrouvons des personnages bien typés. Nous avons une veuve seule et sans défense, dans un monde sans pitié, et qui demande justice au juge. Mais ce juge, qui devrait défendre la cause des faibles, refuse de l’écouter. A l’évidence c’est un mauvais juge. L’évangile nous dit «qu’il ne respecte pas Dieu et qu’il se moque des hommes». Alors cette femme va utiliser un stratagème, typiquement féminin d’ailleurs, en demandant et demandant encore, insistant et insistant encore, jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle demande. Elle harcèle le juge jusqu’à ce qu’il cède.
Et que se passe-t-il? Que dit le juge? Ecoutons à nouveau: «Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer: je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête». Entendez bien! C’est pour une raison tout à fait étonnante que va se produire un retournement. La pauvre femme va être exaucée, non parce que le méchant juge devient gentil, mais parce qu’elle a tellement insisté, elle lui a tellement «cassé les pieds» qu’il finit par céder. Voyez la pauvreté du juge qui rend justice pour ne plus être importuné. Admirez la persévérance de la veuve qui a continué à demander, et à demander encore, même si elle n’était pas exaucée.
Qu’est-ce que tout cela signifie? Eh bien, si un homme injuste finit par rendre justice à une pauvre veuve, combien Dieu qui est juste fera justice à ceux qu’il aime et qui crient vers lui. Si un homme méchant exauce une prière pour de mauvaises raisons, combien plus Dieu, qui est bon, écoute et exauce nos prières pour de bonnes raisons.
«Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus?»
L’évangile de ce jour nous place face à une question concrète et très importante: Quelle sens à notre prière, que faut-il demander et combien de fois?
La Parole de Dieu de ce jour se veut d’abord rassurante, notre prière n’est pas vaine! Nous ne prions pas pour rien. Et, bonne nouvelle, nous pouvons même insister dans notre prière! Dieu préfère qu’on lui «casse les pieds» à un silence découragé. Préférez redemander au bon Dieu que de vous taire, préférez parler trop que de rien dire.
Mais pourquoi Dieu n’exauce-t-il pas toutes nos prières? Pourquoi, même avec beaucoup d’insistance, certaines prières ne sont pas exaucées? Eh bien parce que Dieu nous donne que ce qui est bon. Souvent ce que nous demandons à l’apparence d’un bien. Mais si Dieu ne nous le donne pas, c’est parce qu’il veut nous donner quelque chose de meilleure encore. Ainsi le travail du chrétien consiste d’abord à discerner la volonté de Dieu et ensuite à demander avec insistance qu’elle se réalise.
Entendez bien! Il s’agit de la volonté de Dieu, pas de la nôtre. Le saint désir du chrétien est que la volonté de Dieu s’accomplisse. «Seigneur, que tout se passe selon ta parole». Nous avons donc tous à purifier nos désirs, de les unir avec les désirs du bon Dieu. Voilà la sainteté, elle n’est pas moins que l’union des volontés, ma volonté librement unie à la volonté de Dieu.
N’ayons pas peur. Bien sûr que cela n’est pas facile, mais possible parce que Dieu vient nous aider à faire ce qui est juste. «D’où le secours me viendra-t-il?» interroge le psalmiste, et la magnifique réponse que nous avons entendue: «le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre».
Aujourd’hui le désespoir et le découragement blessent de nombreux cœurs. Notre société est malade, en apparence nous avons tout et pourtant l’essentiel manque toujours. Un vide que Dieu seul peut remplir.
Et si nous commencions nos journées par un signe de croix et cette prière toute simple, Seigneur, merci pour ce jour nouveau qui commence, éclaire-moi, dis-moi ce que tu attends de moi pour bien faire aujourd’hui.
Je prends le pari que cette prière sera exaucée
Seigneur, aide-nous à prier avec régularité.
Apprends nous la persévérance.
A prier généreusement, sans calculer.
Alors Seigneur notre espérance grandira et nous t’aimerons avec fidélité.
Alors ce sera vraiment ta volonté qui s’accomplira par nos œuvres.
Amen.
Jérôme Jean Hauswirth, Author at cath.ch https://www.cath.ch/author
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