Syrie : de jeunes chrétiens crucifiés à Maaloula
Sur l'antenne de Radio Vatican, la religieuse syrienne Raghida parle du martyre des chrétiens en Syrie. Ainsi, deux jeunes gens ont été crucifiés à Maaloula pour ne pas avoir renié leur foi.
Radio Vatican
© Public Domain
19/04/14
Docteur en sciences de l’éducation, la religieuse syrienne Raghida a été à la tête de l’école du patriarcat gréco-catholique à Damas, la capitale syrienne. Aujourd’hui, elle vit en France. Sa mère et ses six frères et sœurs sont toujours en Syrie, où leurs vies sont tous les jours en danger et où ils subissent de nombreuses pressions. Elle témoigne au micro de Audrey Radondy.
"Dans les villes ou villages qui sont occupés par les éléments armés, les djihadistes et tous les groupes musulmans extrémistes proposent aux chrétiens soit la chahada (la profession de foi musulmane, ndlr) soit la mort. Quelques fois, on demande une rançon. Donc, c’est entre la chahada, la rançon ou la mort. C’est impossible de renier leur foi donc, ils subissent le martyr. Et le martyr d’une façon extrêmement inhumaine, d’une extrême violence qui n’a pas de nom. Si vous voulez des exemples, à Maaloula, ils ont crucifié deux jeunes gens parce qu’ils n’ont pas voulu dire la chahada. Ils disent «alors, vous voulez mourir comme votre maître en qui vous croyez. Vous avez le choix : soit vous dites la chahada, soit vous êtes crucifiés». Et bien non, on sera crucifié. Il y en a un qui a été crucifié devant son papa. On a même tué son papa. Ce qui s’est passé par exemple à Abra, dans la zone industrielle, dans la banlieue de Damas. Au fur et à mesure où on entrait dans la ville, on commençait à tuer les hommes, les femmes et les enfants. Et après le massacre, on prenait les têtes et on jouait au foot avec leurs têtes. En ce qui concerne les femmes, on prenait leurs bébés et on les accrochaient aux arbres avec leurs cordons ombilicaux. Heureusement, l’espérance et la vie est plus forte que la mort. Après une accalmie et la reprise de l’armée de la ville, on fait des messes de requiem, on continue et la prière se fait encore plus intense.
Et face à ces atrocités, comment arrivent-ils à vivre au quotidien ?
Ils vont dans des endroits un peu plus calmes parce que les combats se concentrent dans des régions ou dans des villes. Les gens se dirigent vers des zones plus calmes, soit chez des parents soit chez des amis. Les denrées alimentaires manquent. Dans certains endroits, il y a quelques légumes mais ils sont hors prix parce que la vie a augmenté de 500%, pour ne pas dire plus. Il y en a certains qui touchent encore un petit salaire. Il y a encore certains fonctionnaires qui se rendent à leur travail à leurs risques et périls. Ils ne savent pas si en allant à leur travail, ils retourneront vivants ou pas. Et c’est la même chose pour les jeunes qui vont à l’école ou à l’université, puisque pour ne pas laisser les gens dans le sentiment d’attendre la mort, il y a des institutions qui continuent avec ceux qui peuvent y accéder. Il y a une solidarité qui s’est créée entre les personnes. Lorsque le carburant, le gaz, l’électricité et même le pain manquent, les voisins se prêtent entre eux. Le plus grand souci, c’est le souci des enfants.
Comment les chrétiens arrivaient à vivre avant cette guerre ?
La Syrie est un pays laïc, au plein sens du terme. Il y avait une convivialité entre chrétiens et musulmans. Donc, ils s’acceptaient, ils vivaient dans la simplicité. Malheureusement, les évènements sont arrivés. Au début, ils se soutenaient encore. Même jusqu’à présent, toute la minorité qui est neutre continue à se soutenir. On vit tout le temps dans la peur et dans la crainte. Avant ces évènements, on vivait très bien. C’est le seul pays où les chrétiens pouvaient pratiquer, sortir et venir. Il y avait une sécurité qui ne se trouve dans aucun autre pays avoisinant. Les Églises s’entraidaient entre elles. Dès fois, on faisait des processions ensemble, entre orthodoxes et catholiques. Les chrétiens étaient chrétiens. On ne regardait pas la confession et le rite. Il y avait vraiment une entente extraordinaire. Hélas, actuellement, ce n’est plus le cas. Il y a deux tiers des chrétiens qui ont déjà quitté le pays. Et déjà, on n’était pas nombreux. Après les menaces et le massacre de Maaloula, les chrétiens on dit : « Notre tour va arriver. Donc, sauvons les enfants ». Malgré les appels des patriarches et de notre Pape qui disaient « Non, il ne faut pas quitter. Il faut rester là. Il faut témoigner ». Mais ceux qui restent vraiment, ce sont les gens qui n’ont pas les moyens de partir et qui se sont vus refuser leurs visas.
sources: Radio Vatican
Sur l'antenne de Radio Vatican, la religieuse syrienne Raghida parle du martyre des chrétiens en Syrie. Ainsi, deux jeunes gens ont été crucifiés à Maaloula pour ne pas avoir renié leur foi.
Radio Vatican
© Public Domain
19/04/14
Docteur en sciences de l’éducation, la religieuse syrienne Raghida a été à la tête de l’école du patriarcat gréco-catholique à Damas, la capitale syrienne. Aujourd’hui, elle vit en France. Sa mère et ses six frères et sœurs sont toujours en Syrie, où leurs vies sont tous les jours en danger et où ils subissent de nombreuses pressions. Elle témoigne au micro de Audrey Radondy.
"Dans les villes ou villages qui sont occupés par les éléments armés, les djihadistes et tous les groupes musulmans extrémistes proposent aux chrétiens soit la chahada (la profession de foi musulmane, ndlr) soit la mort. Quelques fois, on demande une rançon. Donc, c’est entre la chahada, la rançon ou la mort. C’est impossible de renier leur foi donc, ils subissent le martyr. Et le martyr d’une façon extrêmement inhumaine, d’une extrême violence qui n’a pas de nom. Si vous voulez des exemples, à Maaloula, ils ont crucifié deux jeunes gens parce qu’ils n’ont pas voulu dire la chahada. Ils disent «alors, vous voulez mourir comme votre maître en qui vous croyez. Vous avez le choix : soit vous dites la chahada, soit vous êtes crucifiés». Et bien non, on sera crucifié. Il y en a un qui a été crucifié devant son papa. On a même tué son papa. Ce qui s’est passé par exemple à Abra, dans la zone industrielle, dans la banlieue de Damas. Au fur et à mesure où on entrait dans la ville, on commençait à tuer les hommes, les femmes et les enfants. Et après le massacre, on prenait les têtes et on jouait au foot avec leurs têtes. En ce qui concerne les femmes, on prenait leurs bébés et on les accrochaient aux arbres avec leurs cordons ombilicaux. Heureusement, l’espérance et la vie est plus forte que la mort. Après une accalmie et la reprise de l’armée de la ville, on fait des messes de requiem, on continue et la prière se fait encore plus intense.
Et face à ces atrocités, comment arrivent-ils à vivre au quotidien ?
Ils vont dans des endroits un peu plus calmes parce que les combats se concentrent dans des régions ou dans des villes. Les gens se dirigent vers des zones plus calmes, soit chez des parents soit chez des amis. Les denrées alimentaires manquent. Dans certains endroits, il y a quelques légumes mais ils sont hors prix parce que la vie a augmenté de 500%, pour ne pas dire plus. Il y en a certains qui touchent encore un petit salaire. Il y a encore certains fonctionnaires qui se rendent à leur travail à leurs risques et périls. Ils ne savent pas si en allant à leur travail, ils retourneront vivants ou pas. Et c’est la même chose pour les jeunes qui vont à l’école ou à l’université, puisque pour ne pas laisser les gens dans le sentiment d’attendre la mort, il y a des institutions qui continuent avec ceux qui peuvent y accéder. Il y a une solidarité qui s’est créée entre les personnes. Lorsque le carburant, le gaz, l’électricité et même le pain manquent, les voisins se prêtent entre eux. Le plus grand souci, c’est le souci des enfants.
Comment les chrétiens arrivaient à vivre avant cette guerre ?
La Syrie est un pays laïc, au plein sens du terme. Il y avait une convivialité entre chrétiens et musulmans. Donc, ils s’acceptaient, ils vivaient dans la simplicité. Malheureusement, les évènements sont arrivés. Au début, ils se soutenaient encore. Même jusqu’à présent, toute la minorité qui est neutre continue à se soutenir. On vit tout le temps dans la peur et dans la crainte. Avant ces évènements, on vivait très bien. C’est le seul pays où les chrétiens pouvaient pratiquer, sortir et venir. Il y avait une sécurité qui ne se trouve dans aucun autre pays avoisinant. Les Églises s’entraidaient entre elles. Dès fois, on faisait des processions ensemble, entre orthodoxes et catholiques. Les chrétiens étaient chrétiens. On ne regardait pas la confession et le rite. Il y avait vraiment une entente extraordinaire. Hélas, actuellement, ce n’est plus le cas. Il y a deux tiers des chrétiens qui ont déjà quitté le pays. Et déjà, on n’était pas nombreux. Après les menaces et le massacre de Maaloula, les chrétiens on dit : « Notre tour va arriver. Donc, sauvons les enfants ». Malgré les appels des patriarches et de notre Pape qui disaient « Non, il ne faut pas quitter. Il faut rester là. Il faut témoigner ». Mais ceux qui restent vraiment, ce sont les gens qui n’ont pas les moyens de partir et qui se sont vus refuser leurs visas.
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sources: Radio Vatican