Le Pape devant le Corps Diplomatique dénonce "le coeur endurci de l'humanité"
2015-01-12 Radio Vatican
«Il existe une tendance au refus qui nous concerne tous, qui nous conduit à ne pas regarder le prochain comme un frère à accueillir, mais qui nous porte à le laisser en dehors de notre propre horizon de vie, à le transformer en concurrent à dominer ». Ce sont des « des formes déviantes de religion » qui sont à l'origine du « tragique massacre » de Paris, ainsi que le fondamentalisme qui relègue Dieu "au rang de pur prétexte idéologique".
Il y a « une culture qui rejette l'autre, finissant par engendrer la violence et la mort. Nous en avons un triste écho dans (...) le tragique massacre survenu à Paris. L'être humain devient esclave (....) parfois même de formes déviantes de religion ».
Ce sont quelques-unes des paroles fortes prononcées par le Pape François ce lundi alors qu’il recevait au Vatican l’ensemble du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Le Pape n’a pas hésité à parler « du cœur endurci de l’humanité ». « Il s’agit d’une mentalité, a-t-il souligné, qui génère cette culture du rejet qui n’épargne rien ni personne : des créatures, aux êtres humaines et jusqu’à Dieu même. De là naît une humanité blessée et continuellement lacérée par les tensions et les conflits de toutes sortes ».
Le compte-rendu de Jean-Baptiste Cocagne:
Une culture du déchet qui n’épargne rien ni personne selon François : ni les créatures, ni les hommes, ni même Dieu… Une culture qui brise les liens les plus intimes et les plus vrais, qui défait toute la société pour engendrer la violence et la mort. Une culture de l’asservissement qui serait donc l’une des causes d’une vraie guerre mondiale par morceaux dans le monde d’aujourd’hui.
Le Pape a fait référence en particulier au déferlement du terrorisme d’origine fondamentaliste en Syrie et en Irak, un phénomène qui refuse Dieu lui-même a-t-il dit, le reléguant au rang de pur prétexte idéologique… Un Moyen-Orient sans chrétiens serait un Moyen Orient défiguré et mutilé s’est-il exclamé.
Face à cette agression injuste, une réponse unanime est nécessaire, dans le cadre du droit international. François a souhaité que « tous les responsables religieux, politiques, et intellectuels, en particulier musulmans, a-t-il précisé, condamnent toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion.
Le Pape a passé en revue tous les grands conflits en cours dans le monde… Au Nigeria, il a dénoncé le trafic des jeunes filles comme un commerce exécrable qui ne peut pas continuer ! Le Pape a aussi évoqué la tragédie de Peshawar au Pakistan, où des enfants ont été tués avec « une férocité inouïe ». Dans le dossier du conflit israélo-palestinien, François a de nouveau plaidé pour que la solution des deux Etats devienne effective. Mais le Pape a aussi évoqué des drames qui existent partout dans le monde, comme le viol. Un crime qui est une offense très grave à la dignité de la femme a-t-il dit. Le Pape n’a pas oublié les migrants, victimes des passeurs, « ces bourreaux avides d’argent ». Et François a aussi parlé de formes plus subtiles et sournoises dans cette culture du rejet, comme la façon dont sont considérés les malades, les personnes isolées et marginalisées. « Les victimes de l’Ebola sont, comme dans l’Evangile, les lépreux d’aujourd’hui a-t-il dit.
Au sein de nos familles et de nos maisons, il existe des exilés cachés : les personnes agées, les personnes handicapés, les jeunes, parfois considérés comme un poids ou des présences encombrantes.
Enfin, le Pape François a condamné le phénomène dramatique de la dénatalité… et les législations qui privilégient la cohabitation dans un couple plutôt que le soutien à la famille.
Le Pape, après ce sombre tableau, n'a pourtant pas manqué de se dire satisfait face à certaines avancées. Il s’est notamment félicité de la reprise du dialogue entre les Etats-Unis et Cuba, un exemple concret pour édifier et construire des ponts selon lui. Il a également salué la fermeture de la prison américaine de Guatanamo. François a aussi parlé de l’Albanie, où il s’est rendu en septembre dernier, pour montrer qu’une cohabitation pacifique entre les différentes religions est possible.
Enfin, pour 2015, François a souhaité la rédaction de l’Agenda du développement post-2015, avec l’adoption des objectifs du développement durable, ainsi qu’un nouvel accord sur le climat. Un encouragement au monde entier en vue de la Conférence de Paris en novembre prochain.
Texte intégral du Pape François:
http://www.news.va/fr/news/le-pape-devant-le-corps-diplomatique-denonce-le-co
(Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)