14 janvier 2015
Ces derniers jours, un joli manteau blanc recouvre le nord de l'Arabie saoudite. Mais que petits et grands ne se réjouissent pas trop vite. Car, à en croire Mohammad Saleh Al-Munadjid, un des cheikhs islamiques les plus influents du royaume, ceux qui seraient tentés de confectionner des bonshommes de neige feraient preuve d'un comportement "anti-islamique".
Interrogé par un père de famille sur le site web religieux Islamqa.info où il répond aux questions des fidèles, celui-ci a ainsi détaillé, avis d'érudits musulmans à l'appui, que ce type de construction revenait à créer l'image d'un être humain. Or, selon l'interprétation rigoriste de l'islam sunnite pratiquée en Arabie saoudite, c'est un péché. Les frondeurs s'exposent ainsi à des sanctions.
"Dieu a accordé aux gens la liberté de construire tout ce qu'ils veulent, à condition que ça ne contienne pas d'âme : des arbres, des bateaux, des fruits, des habitations…"
Cet avis religieux un brin excessif a été tourné en dérision par de nombreux internautes arabophones à travers le mot-clé (hashtag) #FatwaPourInterdireLesBonhommesDeNeige. Plusieurs d'entre eux postaient ainsi des photos prises avec les terribles "icônes païennes". Pour le blogueur originaire des Emirats arabes unis Iyad El-Baghdadi, l'appel du cheik relève d'un non-sens :
"Vous estimez que notre foi est si faible que si l'on construit un bonhomme de neige, on va nécessairement le prendre pour un dieu et l'adorer."
Comme souvent sur la Toile, le sujet a fait débat. Certains soutenant les propos du religieux et soulignant qu'il s'agit surtout d'une "tradition occidentale", d'autres dénonçant de se voir priver d'une joie simple et inoffensive.
Quoi qu'il en soit, le site Global Voice rappelle que Mohammad Saleh Al-Munadjid n'en est pas à sa première fatwa insolite. Lors d'une interview télévisée, en 2008, il avait ainsi appelé à "tuer" tous les rongeurs… Notamment Mickey Mouse.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/01/14/en-arabie-saoudite-construire-des-bonshommes-de-neige-est-un-acte-anti-religieux/
Dimanche 11 janvier, lors de la marche républicaine pour la liberté d'expression et en hommage aux victimes des attentats commis en France, la présence des représentants saoudiens avait fait grincer des dents. Et pour cause : l'Arabie Saoudite a condamné Raef Badawi, un blogueur âgé de 30 ans, à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet pour «insulte envers l'islam». La peine de Raef a même débuté. Il a reçu vendredi 50 coups de fouet près d'une mosquée de Jeddah, à l'ouest de l'Arabie Saoudite. Selon des témoins, le jeune homme a été fouetté en public devant une foule de fidèles après la prière hebdomadaire. Il a été conduit sur place dans un véhicule de la police. Un fonctionnaire des forces de l'ordre a ensuite lu devant les personnes présentes la sentence du tribunal. C'est alors que le blogueur a été placé debout, dos à la foule, et qu'un autre homme a commencé à le fouetter. 50 fois. D'après l'AFP, personne n'a bougé, pas un mot n'a échappé des centaines de personnes venues pour voir ce terrible spectacle. Les forces de l'ordre ont simplement signalé qu'il était interdit de prendre des photos.
Emprisonné depuis 2012, Raef Badawi a été condamné en novembre dernier à 10 ans de prison. Les coups de fouet seront répartis sur 20 semaines par rafale de 50.
"Une punition inhumaine"
Raef était l'animateur du site internet «Liberal Saudi Network». Il avait remporté en 2014 le prix Reporters sans frontières (RSF). A l'annonce de sa sentence, les autorités américaines se sont immédiatement insurgées dans un communiqué contre une «punition inhumaine». «Le gouvernement des Etats-Unis appelle les autorités saoudiennes à annuler cette punition brutale et à réexaminer le dossier de Badawi et sa condamnation», a insisté le porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.
De son côté, RSF dénonce également une «condamnation inhumaine, contraire au droit international» et a lancé une pétition appelant le roi Abdallah d'Arabie saoudite à accorder sa grâce à Raef Badawi. «Bien que les autorités saoudiennes aient jusqu'ici choisi de faire la sourde oreille aux demandes répétées d'organisations internationales, Reporters sans frontières affirme qu'elle poursuivra son combat afin que ce net-citoyen, qui n'a fait qu'ouvrir un débat public sur l'évolution de la société saoudienne à travers son blog, puisse jouir au plus tôt de sa liberté», a confié Lucie Morillon, directrice des programmes de RSF.
Même sonnette d'alarme au sein des organisations Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International. HRW déclare que «les punitions corporelles ne sont pas nouvelles en Arabie saoudite, mais fouetter en public un militant pacifique qui a seulement exprimé ses idées envoie un message hideux d'intolérance». Pour finir, Amnesty International a réagi vendredi après l'annonce des 50 coups de fouet, en dénonçant un acte «vicieux et cruel qui est interdit par la loi internationale».
http://www.parismatch.com/Actu/International/10-ans-de-prison-et-1000-coups-de-fouet-pour-insulte-a-l-islam-Raef-Badawi-Arabie-saoudite-blogueur-690528
Pétition Amnesty international
http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Liberte-expression/Actions/Flagelle-en-Arabie-Saoudite-pour-s-etre-exprime-cessons-le-chatiment-de-Raif-Badawi-13862
En Arabie saoudite, construire des bonshommes de neige est un acte antireligieux
Ces derniers jours, un joli manteau blanc recouvre le nord de l'Arabie saoudite. Mais que petits et grands ne se réjouissent pas trop vite. Car, à en croire Mohammad Saleh Al-Munadjid, un des cheikhs islamiques les plus influents du royaume, ceux qui seraient tentés de confectionner des bonshommes de neige feraient preuve d'un comportement "anti-islamique".
Interrogé par un père de famille sur le site web religieux Islamqa.info où il répond aux questions des fidèles, celui-ci a ainsi détaillé, avis d'érudits musulmans à l'appui, que ce type de construction revenait à créer l'image d'un être humain. Or, selon l'interprétation rigoriste de l'islam sunnite pratiquée en Arabie saoudite, c'est un péché. Les frondeurs s'exposent ainsi à des sanctions.
"Dieu a accordé aux gens la liberté de construire tout ce qu'ils veulent, à condition que ça ne contienne pas d'âme : des arbres, des bateaux, des fruits, des habitations…"
Cet avis religieux un brin excessif a été tourné en dérision par de nombreux internautes arabophones à travers le mot-clé (hashtag) #FatwaPourInterdireLesBonhommesDeNeige. Plusieurs d'entre eux postaient ainsi des photos prises avec les terribles "icônes païennes". Pour le blogueur originaire des Emirats arabes unis Iyad El-Baghdadi, l'appel du cheik relève d'un non-sens :
"Vous estimez que notre foi est si faible que si l'on construit un bonhomme de neige, on va nécessairement le prendre pour un dieu et l'adorer."
Comme souvent sur la Toile, le sujet a fait débat. Certains soutenant les propos du religieux et soulignant qu'il s'agit surtout d'une "tradition occidentale", d'autres dénonçant de se voir priver d'une joie simple et inoffensive.
Quoi qu'il en soit, le site Global Voice rappelle que Mohammad Saleh Al-Munadjid n'en est pas à sa première fatwa insolite. Lors d'une interview télévisée, en 2008, il avait ainsi appelé à "tuer" tous les rongeurs… Notamment Mickey Mouse.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/01/14/en-arabie-saoudite-construire-des-bonshommes-de-neige-est-un-acte-anti-religieux/
Le blogueur Raef Badawi, 30 ans, a été condamné par la justice saoudienne à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet pour «insulte envers l'islam».
Dimanche 11 janvier, lors de la marche républicaine pour la liberté d'expression et en hommage aux victimes des attentats commis en France, la présence des représentants saoudiens avait fait grincer des dents. Et pour cause : l'Arabie Saoudite a condamné Raef Badawi, un blogueur âgé de 30 ans, à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet pour «insulte envers l'islam». La peine de Raef a même débuté. Il a reçu vendredi 50 coups de fouet près d'une mosquée de Jeddah, à l'ouest de l'Arabie Saoudite. Selon des témoins, le jeune homme a été fouetté en public devant une foule de fidèles après la prière hebdomadaire. Il a été conduit sur place dans un véhicule de la police. Un fonctionnaire des forces de l'ordre a ensuite lu devant les personnes présentes la sentence du tribunal. C'est alors que le blogueur a été placé debout, dos à la foule, et qu'un autre homme a commencé à le fouetter. 50 fois. D'après l'AFP, personne n'a bougé, pas un mot n'a échappé des centaines de personnes venues pour voir ce terrible spectacle. Les forces de l'ordre ont simplement signalé qu'il était interdit de prendre des photos.
Emprisonné depuis 2012, Raef Badawi a été condamné en novembre dernier à 10 ans de prison. Les coups de fouet seront répartis sur 20 semaines par rafale de 50.
"Une punition inhumaine"
Raef était l'animateur du site internet «Liberal Saudi Network». Il avait remporté en 2014 le prix Reporters sans frontières (RSF). A l'annonce de sa sentence, les autorités américaines se sont immédiatement insurgées dans un communiqué contre une «punition inhumaine». «Le gouvernement des Etats-Unis appelle les autorités saoudiennes à annuler cette punition brutale et à réexaminer le dossier de Badawi et sa condamnation», a insisté le porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.
De son côté, RSF dénonce également une «condamnation inhumaine, contraire au droit international» et a lancé une pétition appelant le roi Abdallah d'Arabie saoudite à accorder sa grâce à Raef Badawi. «Bien que les autorités saoudiennes aient jusqu'ici choisi de faire la sourde oreille aux demandes répétées d'organisations internationales, Reporters sans frontières affirme qu'elle poursuivra son combat afin que ce net-citoyen, qui n'a fait qu'ouvrir un débat public sur l'évolution de la société saoudienne à travers son blog, puisse jouir au plus tôt de sa liberté», a confié Lucie Morillon, directrice des programmes de RSF.
Même sonnette d'alarme au sein des organisations Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International. HRW déclare que «les punitions corporelles ne sont pas nouvelles en Arabie saoudite, mais fouetter en public un militant pacifique qui a seulement exprimé ses idées envoie un message hideux d'intolérance». Pour finir, Amnesty International a réagi vendredi après l'annonce des 50 coups de fouet, en dénonçant un acte «vicieux et cruel qui est interdit par la loi internationale».
http://www.parismatch.com/Actu/International/10-ans-de-prison-et-1000-coups-de-fouet-pour-insulte-a-l-islam-Raef-Badawi-Arabie-saoudite-blogueur-690528
Pétition Amnesty international
http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Liberte-expression/Actions/Flagelle-en-Arabie-Saoudite-pour-s-etre-exprime-cessons-le-chatiment-de-Raif-Badawi-13862