Pape François : souvenirs d’une journaliste
ELISABETH DE BAUDOÜIN (412)
25.02.2015
Jorge Mario Bergoglio a été créé cardinal par Jean-Paul II le 21 février 2001, il y a donc 14 ans de cela. C’est à cette époque que la journaliste italienne Elisabetta Piqué, correspondante à Rome du quotidien argentin La nacion (et auteur, notamment de François, vie et révolution), a fait sa connaissance. Elle fut alors chargée de le « suivre » durant le consistoire, ainsi qu’un autre évêque argentin créé cardinal en même temps que lui, Jorge Maria Meija (mort récemment). Elle put à cette occasion interviewer le futur Pape à la « casa del clero », où il résidait quand il venait à Rome.
Aujourd’hui, elle se rappelle combien elle avait été marquée par son humilité et sa franchise : à une époque où en Argentine, la situation était critique, il avait répondu sans détour et de façon claire à toutes ses questions. Depuis, sa liberté de parole s’est confirmée.
Son détachement et son « option préférentielle pour les pauvres » étaient déjà également évidents, se souvient-elle : il avait demandé qu’à la place des festivités et cadeaux pour son cardinalat, on fasse une quête pour les pauvres de Buenos Aires. Élu Pape, il a persisté et signé, en demandant à ses compatriotes de ne pas venir à son intronisation et de donner l’argent des billets pour les pauvres. Entre temps, tout nouveau cardinal, il avait fait mettre à sa taille les vêtements de son prédécesseur, l’archevêque Guarracino !
Avait-il songé qu’il serait un jour cardinal ? À la journaliste qui lui avait posé la question, il avait répondu : « Non, cela ne m’était jamais venu à l’esprit ».
Et quand elle avait avancé : « Au bout du compte, devenir cardinal, c’est comme arriver au sommet », il avait rétorqué : « Non, non, je vis cela religieusement et je prie. Je ne le vis pas comme un aboutissement à quelque chose… toute montée signifie descendre et il faut descendre pour mieux servir ».
Alors qu’elle lui faisait remarquer que vu son âge (65 ans quand il fut créé cardinal), il pouvait être papabile lors du prochain conclave (dont on pensait qu’il aurait lieu rapidement, étant donné l’état de santé de Jean-Paul II), il répondit en riant : « Cela [non plus] ne m’est jamais venu à l’esprit ». Il ajouta que pour lui, Jean Paul II, malgré sa maladie, avait encore de longues années de vie devant lui, en raison de « son physique d’athlète » et de « sa force impressionnante ».
L’histoire lui donna en partie raison, car Jean-Paul II devait rester encore quatre ans sur le trône de Pierre. Quant au cardinal Bergoglio, il ne fut pas élu au conclave suivant, qui donna le pape Benoît XVI à l’Église, mais à celui d’après. Contre toute attente, à commencer par la sienne.
C’était en 2001 et Jorge Mario Bergoglio venait d’être créé cardinal : la journaliste Elisabetta Piqué se souvient…
ELISABETH DE BAUDOÜIN (412)
25.02.2015
AFP PHOTO / GABRIEL BOUYS
Jorge Mario Bergoglio a été créé cardinal par Jean-Paul II le 21 février 2001, il y a donc 14 ans de cela. C’est à cette époque que la journaliste italienne Elisabetta Piqué, correspondante à Rome du quotidien argentin La nacion (et auteur, notamment de François, vie et révolution), a fait sa connaissance. Elle fut alors chargée de le « suivre » durant le consistoire, ainsi qu’un autre évêque argentin créé cardinal en même temps que lui, Jorge Maria Meija (mort récemment). Elle put à cette occasion interviewer le futur Pape à la « casa del clero », où il résidait quand il venait à Rome.
Aujourd’hui, elle se rappelle combien elle avait été marquée par son humilité et sa franchise : à une époque où en Argentine, la situation était critique, il avait répondu sans détour et de façon claire à toutes ses questions. Depuis, sa liberté de parole s’est confirmée.
Son détachement et son « option préférentielle pour les pauvres » étaient déjà également évidents, se souvient-elle : il avait demandé qu’à la place des festivités et cadeaux pour son cardinalat, on fasse une quête pour les pauvres de Buenos Aires. Élu Pape, il a persisté et signé, en demandant à ses compatriotes de ne pas venir à son intronisation et de donner l’argent des billets pour les pauvres. Entre temps, tout nouveau cardinal, il avait fait mettre à sa taille les vêtements de son prédécesseur, l’archevêque Guarracino !
Il faut descendre pour mieux servir
Avait-il songé qu’il serait un jour cardinal ? À la journaliste qui lui avait posé la question, il avait répondu : « Non, cela ne m’était jamais venu à l’esprit ».
Et quand elle avait avancé : « Au bout du compte, devenir cardinal, c’est comme arriver au sommet », il avait rétorqué : « Non, non, je vis cela religieusement et je prie. Je ne le vis pas comme un aboutissement à quelque chose… toute montée signifie descendre et il faut descendre pour mieux servir ».
Être Pape ne lui est jamais venu à l'esprit
Alors qu’elle lui faisait remarquer que vu son âge (65 ans quand il fut créé cardinal), il pouvait être papabile lors du prochain conclave (dont on pensait qu’il aurait lieu rapidement, étant donné l’état de santé de Jean-Paul II), il répondit en riant : « Cela [non plus] ne m’est jamais venu à l’esprit ». Il ajouta que pour lui, Jean Paul II, malgré sa maladie, avait encore de longues années de vie devant lui, en raison de « son physique d’athlète » et de « sa force impressionnante ».
L’histoire lui donna en partie raison, car Jean-Paul II devait rester encore quatre ans sur le trône de Pierre. Quant au cardinal Bergoglio, il ne fut pas élu au conclave suivant, qui donna le pape Benoît XVI à l’Église, mais à celui d’après. Contre toute attente, à commencer par la sienne.