Doubler le nombre de mosquées? Fatima n’en veut pas
Quand elle a entendu ce matin, jour de Pâques, le président du Conseil français du culte musulman dire qu'il fallait doubler le nombre de mosquées en France, Fatima s'est sentie très mal à l'aise.
Fatima fait des ménages dans mon quartier. Beaucoup de ménages. Chez des retraités aisés qui l’apprécient et à qui elle rend des services dépassant le seul ménage. Fatima est parfaitement intégrée. D’origine marocaine, elle a épousé un Français dit « de souche ». Ils ont deux enfants, à qui elle veut transmettre son énergie, et son bonheur d’être devenue Française à part entière.
Elle n’est jamais allée à la mosquée. Parce que c’était comme ça. Parce qu’elle était en France. Parce que la priorité, dans sa famille, c’était s’intégrer, travailler, fonder une famille, vivre heureux. Elle y est arrivée. Elle peut en être fière.
Mais voilà que toutes les questions posées par les revendications de l’islam de France la travaillent, et ses garçons aussi. Les repas à la cantine, le voile à l’université, la construction de mosquées : tout cela la gêne, mais cela questionne aussi ses ados. Car, au fond, la mosquée, le halal, le ramadan, le voile, Fatima n’en veut pas. Ce serait, pour elle, une régression dans son parcours. Mais combien de temps encore, pourra-t-elle refuser?
Chez ses employeurs, enseignants ou ingénieurs retraités, gentiment athées ou agnostiques, et en tout cas bien déchristianisés, Fatima trouve gentillesse, compréhension, mais aussi complaisance pour les revendications de l’islam, au nom d’une certaine ouverture. Mais elle voit bien, en même temps, qu’ils ne savent pas ce que c’est que de vivre dans un pays islamique. Elle voit bien que, comme M. Juppé, ils n’ont jamais ouvert le Coran, et qu’ils ne connaissent pas l’islam, cet islam qu’ils soutiennent en vertu d’une prétendue laïcité, de plus en plus ouvertement antichrétienne. Et ses employeurs, il y a trois mois, étaient tous Charlie. Et cela l’a gênée, aussi.
En effet, Charlie, elle n’en veut pas plus, ni pour elle, ni pour ses enfants : la sodomie, l’insulte et la vulgarité pour tous, non, ce n’est pas son truc.
Et les petits enfants de ses employeurs, capricieux, pleins de fric, abrutis par leur Game Boy, leur ordinateur, leur portable, ce n’est pas non plus l’avenir qu’elle veut pour ses enfants et ses petits-enfants.
Elle se dit qu’il y a quelque chose qui cloche dans ce pays. Tant de moyens, tant d’intelligence, tant de possibles, et ce grand vide. Islam, laïcité, Charlie. Drôle de Trinité…
Alors, quand elle a entendu ce matin, jour de Pâques, le président du Conseil français du culte musulman dire qu’il fallait doubler le nombre de mosquées en France, Fatima s’est sentie très mal à l’aise. Elle a compris que ce pays aux 40.000 églises s’était peu à peu vidé de sa sève, créant ce grand vide étourdissant.
Cette France en état d’apesanteur n’a-t-elle pas autre chose à proposer à ses enfants d’adoption? Et Fatima a peur, car la nature a horreur du vide.
Pascal Célérier
Professeur de lettres
Boulevard Voltaire
Quand elle a entendu ce matin, jour de Pâques, le président du Conseil français du culte musulman dire qu'il fallait doubler le nombre de mosquées en France, Fatima s'est sentie très mal à l'aise.
Fatima fait des ménages dans mon quartier. Beaucoup de ménages. Chez des retraités aisés qui l’apprécient et à qui elle rend des services dépassant le seul ménage. Fatima est parfaitement intégrée. D’origine marocaine, elle a épousé un Français dit « de souche ». Ils ont deux enfants, à qui elle veut transmettre son énergie, et son bonheur d’être devenue Française à part entière.
Elle n’est jamais allée à la mosquée. Parce que c’était comme ça. Parce qu’elle était en France. Parce que la priorité, dans sa famille, c’était s’intégrer, travailler, fonder une famille, vivre heureux. Elle y est arrivée. Elle peut en être fière.
Mais voilà que toutes les questions posées par les revendications de l’islam de France la travaillent, et ses garçons aussi. Les repas à la cantine, le voile à l’université, la construction de mosquées : tout cela la gêne, mais cela questionne aussi ses ados. Car, au fond, la mosquée, le halal, le ramadan, le voile, Fatima n’en veut pas. Ce serait, pour elle, une régression dans son parcours. Mais combien de temps encore, pourra-t-elle refuser?
Chez ses employeurs, enseignants ou ingénieurs retraités, gentiment athées ou agnostiques, et en tout cas bien déchristianisés, Fatima trouve gentillesse, compréhension, mais aussi complaisance pour les revendications de l’islam, au nom d’une certaine ouverture. Mais elle voit bien, en même temps, qu’ils ne savent pas ce que c’est que de vivre dans un pays islamique. Elle voit bien que, comme M. Juppé, ils n’ont jamais ouvert le Coran, et qu’ils ne connaissent pas l’islam, cet islam qu’ils soutiennent en vertu d’une prétendue laïcité, de plus en plus ouvertement antichrétienne. Et ses employeurs, il y a trois mois, étaient tous Charlie. Et cela l’a gênée, aussi.
En effet, Charlie, elle n’en veut pas plus, ni pour elle, ni pour ses enfants : la sodomie, l’insulte et la vulgarité pour tous, non, ce n’est pas son truc.
Et les petits enfants de ses employeurs, capricieux, pleins de fric, abrutis par leur Game Boy, leur ordinateur, leur portable, ce n’est pas non plus l’avenir qu’elle veut pour ses enfants et ses petits-enfants.
Elle se dit qu’il y a quelque chose qui cloche dans ce pays. Tant de moyens, tant d’intelligence, tant de possibles, et ce grand vide. Islam, laïcité, Charlie. Drôle de Trinité…
Alors, quand elle a entendu ce matin, jour de Pâques, le président du Conseil français du culte musulman dire qu’il fallait doubler le nombre de mosquées en France, Fatima s’est sentie très mal à l’aise. Elle a compris que ce pays aux 40.000 églises s’était peu à peu vidé de sa sève, créant ce grand vide étourdissant.
Cette France en état d’apesanteur n’a-t-elle pas autre chose à proposer à ses enfants d’adoption? Et Fatima a peur, car la nature a horreur du vide.
Pascal Célérier
Professeur de lettres
Boulevard Voltaire