La vie d’Estelle Faguette
La vie d'Estelle
Dans une petite auberge, à Saint Memmie, près de Chalons en Champagne, le 12 septembre 1843, naît une petite Estelle, seconde fille de Victor et Antoine Faguette. Ces derniers, ruinés et réduits à une extrême pauvreté se retrouvent à Chalons comme concierges.
Toute petite, Estelle est éduquée chez les sœurs de Portieux, et en 1857 la famille s’installe à Paris pour trouver du travail. Estelle a 14 ans lorsqu’elle est placée en apprentissage chez une blanchisseuse ; dès que le temps le lui permet, elle se met au service des sœurs de saint Vincent de Paul et entrera dans cette communauté à l’âge de 17 ans, se dévouant aux pauvres à l’Hospice de la Charité.
En 1858, date des apparitions à Lourdes, Estelle tombe malade pour la première fois. Deux ans plus tard, elle entre au noviciat des Augustines Hospitalières de l’Hôtel Dieu de Paris. Mais son état de santé fragile l’oblige à quitter la vie religieuse.
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En 1865, Estelle entre au service de la famille de La Rochefoucauld jusqu’en 1875. Là, elle s’occupe des enfants et suivra la famille, de Paris au château de Montbel à Pellevoisin, dans le Berry.
Progressivement, une maladie sournoise lui provoque un long et douloureux calvaire. Le 29 août 1875, le professeur Pucquoy la déclare irrémédiablement perdue. Estelle se sent abandonnée et fatiguée. Elle prend la résolution de faire une demande à la Sainte Vierge en lui écrivant une lettre :
« O ma bonne mère…j’ai confiance en vous, ma bonne Mère, si vous voulez vous pouvez me guérir… ».
Estelle demande à une amie, Mlle Reiter, de déposer cette lettre à la petite grotte de Notre Dame de Lourdes que la famille de La Rochefoucauld avait fait construire dans le parc à la demande des enfants. L’état de santé d’Estelle devenant extrême, elle fut ramenée auprès de ses parents dans une maison, au centre du village, près de l’église et du cimetière !
Le 14 févier 1876, le médecin déclare : « Elle n’en a plus que pour quelques heures ».
Dans la nuit…Estelle raconte : « Il était minuit, c’était le 15 février, je cherchais à me reposer quand tout à coup apparut le diable au pied de mon lit. Oh que j’avais peur !...A peine était-il arrivé que la Sainte Vierge apparut de l’autre côté…et me dit doucement : « Ne crains rien, tu sais bien que tu es ma fille…Courage, prends patience, mon Fils va se laisser toucher. Tu souffriras encore cinq jours, en l’honneur des cinq plaies de mon Fils, samedi tu seras morte ou guérie. Si mon Fils te rend la vie, je veux que tu publies ma gloire ». (Voir le récit des apparitions)
La paix revient désormais dans l’esprit d’Estelle qui se met à contempler la Vierge Marie et à ressentir la douceur qui émane de sa personne immaculée et remplie de grâce. Estelle alitée, fatiguée, ne parle pas de l’apparition dans l’immédiat à ses parents, mais elle en informa l’abbé Salmon, curé de Pellevoisin.
Le lendemain, dans la nuit, la Sainte Vierge réapparut en regardant Estelle avec bonté et lui dit : « Mon Fils s’est laissé attendrir, il te laisse la vie, tu seras guérie samedi ».
Dans la nuit du 16 au 17, la Sainte Vierge se rend pour la troisième fois auprès d’Estelle : « J’ai montré cette lettre à mon Fils ». La Vierge Marie mentionne la lettre qu’Estelle lui avait écrite et fait déposer à la grotte de Montbel fin août 1875 ; entre temps, six mois s’étaient écoulés.
Cette lettre fut retrouvée 10 mois plus tard, par hasard, juste avant la fête de l’Immaculée Conception.
« Je suis toute miséricordieuse… », « Courage, Patience, Résignation », « Tu publieras ma gloire ».
Estelle essaya de dire comment elle n’en a pas eu le temps. La Sainte Vierge lui dit en partant : « Fais tous tes efforts ». C’était la 4ème apparition.
Estelle est guérie dans la nuit du 18 au 19 février. Elle raconte : « Après un moment de repos, je me sentais bien, je demandais l’heure, il était minuit et demi. Je me sentais guérie…c’était après la 5ème apparition ».
Son père qui la veillait put constater sa guérison. Le matin même, l’abbé Salmon vient lui porter l’Eucharistie. Sitôt qu’elle l’eut reçue, l’abbé acheva les prières liturgiques, les larmes aux yeux et la voix tremblante, et, la laissant en action de grâces, il constata qu’Estelle était totalement guérie, comme l’avait annoncé la Sainte Vierge lors de sa première visite.
Au cours de ces cinq apparitions, la Vierge Marie manifeste à Estelle son attention de Mère. Elle l’encourage et fortifie son courage dans l’espérance. Elle la stimule et éduque ses comportements, faisant jaillir de son cœur le plus vif amour pour son Fils. La réponse à la générosité d’Estelle et à son abandon fut sa guérison, intérieure et physique.
La Vierge Marie apparut à Estelle quinze fois, au long de l’année 1876. Estelle raconte : « Je ne pouvais assez dire qu’elle était belle. Elle a des traits réguliers, un teint blanc et rosé, plutôt un peu pâle, de grands yeux doux, elle sourit, elle me regarde avec bonté… ».
Au cours des apparitions, la Vierge Marie éduque Estelle : « Du calme mon enfant… », « Sois simple, que tes actions répondent à tes paroles… », « Je t’ai choisie, je choisis les petits et les faibles pour ma gloire ».
Lors de la 9ème apparition, c’est la révélation suprême de Marie à Estelle : celle du cœur de son Fils reposant sur sa poitrine, le scapulaire.
La Vierge Marie s’adresse alors à Estelle : « Depuis longtemps les trésors de mon Fils sont ouverts, qu’ils prient ». En disant cela, elle souleva la petite pièce de laine qu’elle portait sur la poitrine en disant : « J’aime cette dévotion…C’est ici que je serai honorée ».
Estelle poursuit : « J’aperçois un cœur rouge qui ressortait très bien, j’ai pensé de suite que c’était le scapulaire du Sacré Cœur ». (dessin du scapulaire fait par Estelle)
A la 12ème apparition, c’est le mystère du silence de Marie : « Elle ne m’a rien dit, puis elle jeta les yeux sur moi et m’a regardée avec beaucoup de bonté et partit ».
C’est ainsi que Marie, par son silence, initie Estelle à la contemplation.
Le 8 décembre 1876, fête de l’Immaculée Conception, après la grand messe, en présence de plusieurs témoins, la Vierge Marie apparaît à Estelle pour la dernière fois. Pleine d’émotion, Estelle raconte :
« Elle était plus belle que jamais ; il y avait autour d’elle sa guirlande de roses comme au mois de juillet, puis elle me dit : « Ma fille rappelle-toi mes paroles », et, à ce moment-là, je les revis toutes depuis le mois de février ».
Instant inoubliable pour Estelle : « La Sainte Vierge tenait son scapulaire des deux mains : il était ravissant, je l’admirais tandis qu’un parfum exquis s’exhalait de la couronne de roses ».
« Je serai invisiblement près de toi » est une des dernières paroles que la Vierge Marie laissa à Estelle.
L’année 1876 s’achève, marquée par ces événements vécus par Estelle. Il s’agit bien d’une « guérison - résurrection ». C’est le mystère Pascal d’Estelle, vécu à l’école de Marie, avec elle.
Dès sa guérison, Estelle reprit son travail auprès de la famille de La Rochefoucault et, répondant à la demande de la Sainte Vierge, elle n’aura de cesse de publier la gloire de Marie à travers diverses démarches. Une archiconfrérie fut érigée en 1894. Estelle alla à Rome fin janvier 1900, où le Pape Léon XIII la reçut favorablement et ordonna par décret du 4 avril 1900 la diffusion du Scapulaire du Sacré-Cœur.
Estelle, à l’âge de 80 ans, demanda à être admise dans le Tiers-Ordre Dominicain. Elle mourut le 23 août 1929, à 86 ans. Jusqu’à ses derniers moments, elle fut inébranlable dans sa foi aux apparitions et au Message de la Vierge.
Elle repose au cimetière de Pellevoisin, près de la tombe du chanoine Salmon, mort le 9 juin 1922 à Pellevoisin, après avoir affirmé jusqu’au bout lui aussi sa foi aux apparitions.
Voir aussi :
Le récit des apparitions
La lettre d'Estelle
Un message pour aujourd'hui
À Pellevoisin, la Vierge est devenue triste en pensant à la France.
« Et la France ! Que n’ai-je pas fait pour elle ! Que d’avertissements, et pourtant elle refuse d’entendre.
Je ne peux plus retenir mon Fils ». Elle paraissait émue en ajoutant : « La France souffrira ». Elle appuya sur ces paroles. (9-10)