Pape François : les enfants du divorce se cachent pour pleurer
ELISABETH DE BAUDOÜIN (525)
24.06.2015
Chair de la chair de leurs parents, les enfants paient durement les pots cassés des luttes et des divisions de ces derniers. Surtout quand les blessures, qui ont été négligées, conduisent à la rupture du lien conjugal, par lequel mari et femme étaient devenus "une seule chair". Les enfants se cachent alors pour pleurer. C’est le constat – dur mais réaliste – établi une nouvelle fois par François, dans sa catéchèse du mercredi 24 juin 2015, dernière d’une longue série consacrée à la famille (et en particulier, ces derniers temps, aux épreuves qui peuvent la meurtrir : [url=http://www.aleteia.org/fr/religion/article/pape-francois-ne-repousse-pas-la-supplique-du-pauvre-5833222151733248, maladie http://www.aleteia.org/fr/religion/article/pape-francois-pour-les-malades-la-famille-a-toujours-ete-lhopital-le-plus-proche-5827594184294400]pauvreté[/url] et mort des proches).
Dans ce long plaidoyer en faveur des enfants du divorce, le Vicaire du Christ n’a pas hésité à fustiger les adultes qui "perdent la tête" et "font passer leurs exigences de liberté et de plaisir" avant leur famille. Ses propos ont été toutefois adoucis par le dernier volet – tout aussi réaliste – de sa catéchèse. Il y a rappelé que la séparation peut parfois être nécessaire et a invité (en substance) à ne pas juger les personnes en difficulté mais à les accompagner. En résumé, à l’avant-veille du synode sur la famille d’octobre prochain, le Pasteur de l’Église universelle a donné un très bel exemple de ce que veut dire concilier miséricorde et vérité.
"Nous savons bien qu’aucune histoire familiale ne manque de moments où les liens affectifs les plus chers sont blessés par le comportement de ses membres, a-t-il commencé. Au lieu d’exprimer l’amour, certaines paroles, actions – et omissions ! – l’ôtent ou pire encore, le mortifient. Si ces blessures, quand elles sont encore guérissables, sont négligées, elles s’aggravent et se transforment en violence, hostilité et mépris. Et elles peuvent alors devenir des déchirures profondes, qui divisent mari et femme, et conduisent à chercher ailleurs compréhension, soutien et consolation. Mais parfois, ces 'soutiens' ne servent pas le bien de la famille !", a ajouté le Pape, remarquant que "souvent, la désintégration de l’amour conjugal retombe sur les enfants".
"Les enfants, nous y voilà." C’est à eux que le Pape a voulu consacrer la suite de cette catéchèse, en posant ces questions : "Malgré notre sensibilité parait-il évoluée et toutes nos analyses psychologiques sophistiquées, je me demande si nous ne sommes pas devenus anesthésiés face aux blessures de l’âme des enfants. Plus nous cherchons à compenser avec des cadeaux et des friandises, plus nous perdons le sens des blessures – les plus douloureuses et profondes – de l’âme. On parle beaucoup de troubles du comportement, de santé psychique, de bien être de l’enfant, d’angoisse des parents et des enfants… Mais savons-nous encore seulement ce qu’est une blessure de l’âme ?".
"Entendons le poids de la montagne qui écrase l’âme de l’enfant dans la famille où l'on se traite mal et on se fait du mal, jusqu’à briser le lien de la fidélité conjugale", a lancé le Pape, s’interrogeant à nouveau : "Quel poids a dans nos choix – nos mauvais choix en particulier – l’âme de nos enfants ? Quand les adultes perdent la tête, quand chacun pense seulement à soi, quand le père et la mère se font du mal, l’âme des enfants souffre beaucoup, elle éprouve un sentiment de désespoir. Et ce sont des blessures qui laissent des traces pour toute la vie".
"Dans la famille, tout est lié : quand l’âme est blessée à un endroit, l’infection gagne tous les membres. Et quand un homme et une femme qui se sont engagés à être 'une seule chair' et à former une famille, font passer leurs exigences de liberté et de plaisir avant tout, ce désordre entaille profondément le cœur et la vie de leurs enfants. Si souvent les enfants se cachent pour pleurer seuls."
Les blessures des parents se gravent dans la chair vivante de leurs enfants
"Nous devons bien comprendre cela, a insisté François : mari et femme sont une seule chair. Mais leurs enfants sont la chair de leur chair. Si nous pensons à la dureté avec laquelle Jésus exhorte les adultes à ne pas scandaliser les petits, nous pouvons mieux Le comprendre quand Il parle de la grave responsabilité de protéger le lien conjugal qui donne naissance à la famille. Quand l’homme et la femme sont devenus une seule chair, toutes les blessures et tous les abandons du père et de la mère se gravent dans la chair vivante de leurs enfants."
Comment accompagner les familles en difficulté ?
"C’est vrai, a reconnu enfin le Pape, qu’il y a des cas où la séparation est inévitable. Elle peut même devenir parfois nécessaire, quand par exemple il s’agit de soustraire le conjoint le plus faible ou les jeunes enfants, aux dommages les plus graves causés par les abus de pouvoir et la violence, l’avilissement, l’exploitation, ou encore l’indifférence.
Grâce à Dieu, certains [de ces conjoints], soutenus par la foi et l’amour pour leurs enfants, témoignent de la fidélité à un lien auquel ils ont cru, bien qu’il semble impossible à faire revivre. Mais toutes les personnes séparées ne sentent pas cette vocation. Toutes ne reconnaissent pas, dans la solitude, un appel que leur adresse le Seigneur.
Autour de nous, se trouvent des familles en situation dite "irrégulière" – je n’aime pas ce mot – et cela nous pose beaucoup de questions : comment les aider ? Comment les accompagner ? Comment les accompagner pour que leurs enfants ne deviennent pas des otages du père ou de la mère ?
Demandons au Seigneur une grande foi pour regarder la réalité avec son regard. Et une grande charité pour s’approcher des personnes avec son Cœur miséricordieux."
http://www.aleteia.org/fr/religion/contenu-agrege/pape-francois-les-enfants-du-divorce-se-cachent-pour-pleurer-5796186296418304?page=2
Mari et femme sont une seule chair et leurs enfants souffrent quand ils se séparent, a affirmé le Pape place Saint-Pierre, appelant à accompagner les familles en difficulté.
ELISABETH DE BAUDOÜIN (525)
24.06.2015
@Aleteia/Jeffrey Bruno
Chair de la chair de leurs parents, les enfants paient durement les pots cassés des luttes et des divisions de ces derniers. Surtout quand les blessures, qui ont été négligées, conduisent à la rupture du lien conjugal, par lequel mari et femme étaient devenus "une seule chair". Les enfants se cachent alors pour pleurer. C’est le constat – dur mais réaliste – établi une nouvelle fois par François, dans sa catéchèse du mercredi 24 juin 2015, dernière d’une longue série consacrée à la famille (et en particulier, ces derniers temps, aux épreuves qui peuvent la meurtrir : [url=http://www.aleteia.org/fr/religion/article/pape-francois-ne-repousse-pas-la-supplique-du-pauvre-5833222151733248, maladie http://www.aleteia.org/fr/religion/article/pape-francois-pour-les-malades-la-famille-a-toujours-ete-lhopital-le-plus-proche-5827594184294400]pauvreté[/url] et mort des proches).
Concilier miséricorde et vérité
Dans ce long plaidoyer en faveur des enfants du divorce, le Vicaire du Christ n’a pas hésité à fustiger les adultes qui "perdent la tête" et "font passer leurs exigences de liberté et de plaisir" avant leur famille. Ses propos ont été toutefois adoucis par le dernier volet – tout aussi réaliste – de sa catéchèse. Il y a rappelé que la séparation peut parfois être nécessaire et a invité (en substance) à ne pas juger les personnes en difficulté mais à les accompagner. En résumé, à l’avant-veille du synode sur la famille d’octobre prochain, le Pasteur de l’Église universelle a donné un très bel exemple de ce que veut dire concilier miséricorde et vérité.
Ces blessures négligées qui peuvent conduire à la séparation
"Nous savons bien qu’aucune histoire familiale ne manque de moments où les liens affectifs les plus chers sont blessés par le comportement de ses membres, a-t-il commencé. Au lieu d’exprimer l’amour, certaines paroles, actions – et omissions ! – l’ôtent ou pire encore, le mortifient. Si ces blessures, quand elles sont encore guérissables, sont négligées, elles s’aggravent et se transforment en violence, hostilité et mépris. Et elles peuvent alors devenir des déchirures profondes, qui divisent mari et femme, et conduisent à chercher ailleurs compréhension, soutien et consolation. Mais parfois, ces 'soutiens' ne servent pas le bien de la famille !", a ajouté le Pape, remarquant que "souvent, la désintégration de l’amour conjugal retombe sur les enfants".
En cherchant à compenser avec des cadeaux, on perd le sens des blessures
"Les enfants, nous y voilà." C’est à eux que le Pape a voulu consacrer la suite de cette catéchèse, en posant ces questions : "Malgré notre sensibilité parait-il évoluée et toutes nos analyses psychologiques sophistiquées, je me demande si nous ne sommes pas devenus anesthésiés face aux blessures de l’âme des enfants. Plus nous cherchons à compenser avec des cadeaux et des friandises, plus nous perdons le sens des blessures – les plus douloureuses et profondes – de l’âme. On parle beaucoup de troubles du comportement, de santé psychique, de bien être de l’enfant, d’angoisse des parents et des enfants… Mais savons-nous encore seulement ce qu’est une blessure de l’âme ?".
Quel poids a dans nos choix l’âme de nos enfants ?
"Entendons le poids de la montagne qui écrase l’âme de l’enfant dans la famille où l'on se traite mal et on se fait du mal, jusqu’à briser le lien de la fidélité conjugale", a lancé le Pape, s’interrogeant à nouveau : "Quel poids a dans nos choix – nos mauvais choix en particulier – l’âme de nos enfants ? Quand les adultes perdent la tête, quand chacun pense seulement à soi, quand le père et la mère se font du mal, l’âme des enfants souffre beaucoup, elle éprouve un sentiment de désespoir. Et ce sont des blessures qui laissent des traces pour toute la vie".
Parents et enfants forment un tout
"Dans la famille, tout est lié : quand l’âme est blessée à un endroit, l’infection gagne tous les membres. Et quand un homme et une femme qui se sont engagés à être 'une seule chair' et à former une famille, font passer leurs exigences de liberté et de plaisir avant tout, ce désordre entaille profondément le cœur et la vie de leurs enfants. Si souvent les enfants se cachent pour pleurer seuls."
Les blessures des parents se gravent dans la chair vivante de leurs enfants
"Nous devons bien comprendre cela, a insisté François : mari et femme sont une seule chair. Mais leurs enfants sont la chair de leur chair. Si nous pensons à la dureté avec laquelle Jésus exhorte les adultes à ne pas scandaliser les petits, nous pouvons mieux Le comprendre quand Il parle de la grave responsabilité de protéger le lien conjugal qui donne naissance à la famille. Quand l’homme et la femme sont devenus une seule chair, toutes les blessures et tous les abandons du père et de la mère se gravent dans la chair vivante de leurs enfants."
Comment accompagner les familles en difficulté ?
"C’est vrai, a reconnu enfin le Pape, qu’il y a des cas où la séparation est inévitable. Elle peut même devenir parfois nécessaire, quand par exemple il s’agit de soustraire le conjoint le plus faible ou les jeunes enfants, aux dommages les plus graves causés par les abus de pouvoir et la violence, l’avilissement, l’exploitation, ou encore l’indifférence.
Grâce à Dieu, certains [de ces conjoints], soutenus par la foi et l’amour pour leurs enfants, témoignent de la fidélité à un lien auquel ils ont cru, bien qu’il semble impossible à faire revivre. Mais toutes les personnes séparées ne sentent pas cette vocation. Toutes ne reconnaissent pas, dans la solitude, un appel que leur adresse le Seigneur.
Autour de nous, se trouvent des familles en situation dite "irrégulière" – je n’aime pas ce mot – et cela nous pose beaucoup de questions : comment les aider ? Comment les accompagner ? Comment les accompagner pour que leurs enfants ne deviennent pas des otages du père ou de la mère ?
Demandons au Seigneur une grande foi pour regarder la réalité avec son regard. Et une grande charité pour s’approcher des personnes avec son Cœur miséricordieux."
http://www.aleteia.org/fr/religion/contenu-agrege/pape-francois-les-enfants-du-divorce-se-cachent-pour-pleurer-5796186296418304?page=2