Communion des divorcés remariés : Mgr di Falco dit "oui"Dans sa chronique télévisuelle du 30 mars, l'évêque de Gap et d'Embrun (photo) le dit clairement : "Si la démarche est sincère, la volonté présente, le besoin réel, alors permettons aux divorcés-remariés de recevoir Celui qui sauve, qui se donne et qui aime."Retrouver le texte de sa texte de sa déclaration :
"Bonjour,
Pour ceux qui, parmi vous suivez l’actualité religieuse, il ne vous aura pas échappé que dans le temps de préparation du futur synode des évêques sur la famille, certains cardinaux ne partagent pas la même vision en ce qui concerne les divorcés-remariés et l’interdiction qui leur est faite de recevoir l’eucharistie, c’est-à-dire de communier au cours de la messe.
Je ne sais pas si vous avez remarqué que de nombreux parallélismes sont possibles entre le déroulement d’un cours à l’école et la liturgie de la messe. Quand le professeur entre dans la classe, les élèves se lèvent. C’est également le cas des fidèles quand le prêtre monte à l’autel. Le professeur salue les élèves en disant « bonjour » et le prêtre en disant « le Seigneur soit avec vous ». On ouvre ensuite le manuel scolaire ici, et la bible là. On lit un ou deux passages à haute voix dans les deux cas puis on les explique, le professeur en faisant son cours, et le prêtre en prononçant l’homélie.
Puis dans certaines écoles vient le moment de la distribution des bons points, mais à la différence du professeur des écoles, le prêtre ne distribue pas de bons points à ceux qui se distinguent par leur comportement, par leur connaissance, par leur assiduité.
À la messe, le prêtre distribue l’eucharistie, la communion. Faut-il préciser qu’elle n’est pas une sorte de bon point, de récompense, de médaille pour fidèles exemplaires.L’Eucharistie, le corps du Christ, est la nourriture dans laquelle puiser la force pour affronter les épreuves, pour être plus juste, plus attentif, et plus accueillant envers les autres, pour approfondir sa proximité avec le Christ. Le pape ne nous dit-il pas : « Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol et si son taux de sucre est trop haut ! » Et le pape ajoute : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. ».
Alors à l’heure où va s’ouvrir en octobre prochain le synode sur la famille – un synode étant une réunion d’évêques autour du pape, mais aussi de laïcs hommes et femmes –, les opinions des cardinaux divergent sur l’accès aux sacrements des divorcés-remariés. Qu’ils n’oublient pas que l’eucharistie n’est pas une pièce de musée que l’on peut admirer mais que l’on ne doit surtout pas toucher.
Si la démarche est sincère, la volonté présente, le besoin réel, alors permettons aux divorcés-remariés de recevoir celui qui sauve, qui se donne et qui aime.Que se passe-t-il avec un homme et une femme mariés à l’église et qui, au bout de d’un, deux, trois ans, quatre ans de mariage se rendent compte que leur engagement était une erreur. Ils se séparent, construisent une vie avec une autre personne en lui restant fidèle dix, vingt, trente ans. Doivent-ils porter toute leur vie le poids de l’échec et la souffrance de ne plus pouvoir puiser à la source de l’amour, être regardés par les autres comme ceux qui ont commis l’irréparable péché de l’erreur conjugale, être au fond une sous-catégorie de catholiques ?
J’ai bon espoir. Aux premiers temps de l’Église, quand les apôtres ont débattu de savoir si ceux qui demandaient le baptême devaient aussi obéir à toutes les prescriptions de la loi de Moïse, ce sont les rigoristes qui ont perdu. Et l’évangile s’est répandu dans tout l’Empire romain.
Au XVIIe siècle, quand les jansénistes exigeaient une totale conversion pour recevoir l’absolution du prêtre et l’eucharistie, les jésuites répliquèrent que Jésus lui-même avait dit qu’il était venu non pour les bien-portants, mais pour les malades. Et le jansénisme fut abandonné, car trop éloigné de l’esprit de l’évangile alors même qu’il s’en réclamait. Notre pape est jésuite. Depuis un an il prêche une attitude de miséricorde. Dans l’avion qui le ramenait des JMJ en juillet dernier, il a évoqué l’exemple des chrétiens orthodoxes qui « donnent une seconde possibilité de mariage ».
Je suis convaincu que nous trouverons le chemin qui permettra de maintenir à la fois l’indissolubilité du mariage et la manifestation de la miséricorde de Dieu envers toute femme et tout homme en souffrance.À bientôt."
Mgr Jean-Michel di Falco Léandri
Évêque de Gap et d’Embrun
http://religions.blogs.ouest-france.fr/archive/2014/04/01/communion-des-divorces-remaries-mgr-di-falco-dit-oui-11503.html