L’Église est claire dans son enseignement qu’il n’y a «pas de limites à la miséricorde de Dieu» (voir Catéchisme de l’Église catholique, n. 1864). Jésus-Christ est mort pour les péchés de tous et quiconque se repent de ses péchés et suit le Christ peut recevoir le pardon et une vie nouvelle. Jésus disait d’ailleurs à sa servante, Sœur Faustine Kowalska, religieuse polonaise morte en 1938 et canonisée par saint Jean-Paul II en 2000: «Qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont comme l’écarlate. Ma miséricorde est si grande que, pendant toute l’éternité, aucun esprit, ni humain ni angélique, ne saurait l’approfondir.»
Alors, pourquoi Jésus dit-il dans les Évangiles qu’il existe un péché qui ne sera jamais pardonné «ni dans ce monde ni dans l’autre», le «blasphème contre le Saint-Esprit»? On peut lire par exemple dans Marc 3, 28-29: «Tout sera remis aux enfants des hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu’ils en auront proférés; mais quiconque aura blasphémé contre l’Esprit Saint n’aura jamais de rémission: il est coupable d’une faute éternelle». Des paroles semblables sont rapportées dans Matthieu et Luc.
Que signifie exactement cette expression «blasphème contre le Saint-Esprit»? Voici comment le Catéchisme de l’Église catholique (publié par le Vatican en 1992) l’explique, au n. 1864:
«Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis (Mt 12, 31; cf. Mc 3, 29; Lc 12, 10). Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint. Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.»
En d’autres termes, le «blasphème contre le Saint-Esprit» consiste à rejeter le pardon de Dieu jusqu’à la fin de sa vie. C’est un blasphème contre le Saint-Esprit parce que le salut est offert à chaque personne par le Saint-Esprit. Saint Jean-Paul II explique aussi ce qu’est ce «blasphème contre le Saint-Esprit» dans son encyclique Dominum et vificantem (nn. 46 et 47):
«Pourquoi le blasphème contre l’Esprit Saint est-il impardonnable? En quel sens entendre ce blasphème? Saint Thomas d’Aquin répond qu’il s’agit d’un péché “irrémissible de par sa nature, parce qu’il exclut les éléments grâce auxquels est accordée la rémission des péchés”. Selon une telle exégèse, le «blasphème» ne consiste pas à proprement parler à offenser en paroles l’Esprit Saint; mais il consiste à refuser de recevoir le salut que Dieu offre à l’homme par l’Esprit Saint agissant en vertu du sacrifice de la Croix. (...)
«Si Jésus dit que le péché contre l’Esprit Saint ne peut être remis ni en ce monde ni dans l’autre, c’est parce que cette «non-rémission» est liée, comme à sa cause, à la «non-pénitence», c’est-à-dire au refus radical de se convertir... Le blasphème contre l’Esprit Saint est le péché commis par l’homme qui présume et revendique le «droit» de persévérer dans le mal – dans le péché quel qu’il soit – et refuse par là même la Rédemption. L’homme reste enfermé dans le péché, rendant donc impossible, pour sa part, sa conversion et aussi, par conséquent, la rémission des péchés, qu’il ne juge pas essentielle ni importante pour sa vie. Il y a là une situation de ruine spirituelle, car le blasphème contre l’Esprit Saint ne permet pas à l’homme de sortir de la prison où il s’est lui-même enfermé et de s’ouvrir aux sources divines de la purification des consciences et de la rémission des péchés.
L’action de l’Esprit de vérité, qui tend à la «mise en lumière du péché» pour le salut, se heurte, dans l’homme qui se trouve en une telle situation, à une résistance intérieure, presque une impénétrabilité de la conscience, un état d’âme que l’on dirait durci en raison d’un libre choix: c’est ce que la Sainte Écriture appelle «l’endurcissement du cœur». De nos jours, à cette attitude de l’esprit et du cœur fait peut-être écho la perte du sens du péché... Déjà, le Pape Pie XII avait affirmé que “le péché de ce siècle est la perte du sens du péché”, et cela va de pair avec la “perte du sens de Dieu”.
«C’est pourquoi... l’Église ne cesse de prier intensément pour que n’augmente pas dans le monde le péché appelé par l’Évangile “blasphème contre l’Esprit Saint”, et, plus encore, pour qu’il régresse dans les âmes – et par contrecoup dans les divers milieux et les différentes formes de la société –, cédant la place à l’ouverture des consciences indispensable à l’action salvifique de l’Esprit Saint. L’Église demande que le dangereux péché contre l’Esprit laisse la place à une sainte disponibilité à accepter sa mission de Paraclet, lorsqu’il vient «manifester la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement».
En conclusion, ne refusons pas le pardon de Dieu. Après notre mort, il n’y aura pas de seconde chance. Dans sa bonté, Dieu nous a offert une chance de salut. Nous devons nous repentir humblement et rapidement de nos péchés, de notre vivant, et accepter le don gratuit de la grâce de Dieu.
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