Carlos Payan : « L’unité ne veut pas dire uniformité »
Nicolas Boutin | 25 janvier 2018
Stéphane OUZOUNOFF I CIRIC
À l'occasion du dernier jour de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, entretien avec Carlos Payan, pasteur évangélique et figure de proue du rapprochement entre catholiques et protestants.
Reconnu pour son charisme et son œuvre missionnaire au service de l’unité des chrétiens, Carlos Payan, pasteur protestant évangélique, sillonne la France depuis 25 ans. Il sera l’invité du Forum des jeunes de la communauté de l’Emmanuel, le 17 février prochain à Paray-Le-Monial.
Pour Aleteia, le fondateur de « Paris Tout Est Possible » renouvelle auprès des chrétiens son invitation à s’unir au nom de l’amour de Jésus.
Aleteia : L’unité des chrétiens n’est-elle pas illusoire ?
Carlos Payan : L’unité se trouve avant tout dans le désir de Jésus. Juste avant de mourir Il va s’adresser à ses disciples et dire : « Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi » (Jn 14, 11). Il ne fait donc plus qu’un. Avec la Pentecôte qui marque la venue de l’Esprit saint sur les apôtres, ils étaient un seul cœur, une seule âme. Mais jamais il n’a été marqué qu’il était une seule théologie. L’unité ne veut pas dire uniformité. Protestants ou catholiques, notre but est de travailler tous ensemble pour notre unité. Nous n’avons pas vocation à régler les problèmes des Églises, notre dénominateur commun c’est Jésus. « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître, » indique l’Évangile de Jean (Jn 15, 15), nous sommes le rassemblement des amis du Christ.
C’est Jésus qui nous choisit, il ne demande pas notre avis. On est différent mais on a un même Père, un même Sauveur, on travaille ensemble pour l’évangélisation. Et ce travail vient embellir notre vie spirituelle. Il ne détourne personne de ses engagements spirituels, ce n’est pas une chapelle ou un temple. Notre association, Paris Tout Est Possible, qui rassemble des chrétiens venus de différentes Eglises est un lieu où chacun est accueilli. À ceux qui viennent, on ne leur demande rien. Le public vient de partout et revient surtout d’où il vient.
Vous étiez farouchement anti catholique lors de votre conversion, quel chemin avez-vous parcouru ?
Je n’ai pas été éduqué dans la foi. Je suis fils républicain espagnol et les catholiques n’étaient pas forcément bien vu par rapport à leurs liens avec le régime franquiste. Lors de ma conversion je suis devenu évangéliste après les avoir rencontrés dans la rue. Dans mon église ils étaient très anti catholiques. Un jour le Seigneur m’a dit : « Je vais t’envoyer chez les catholiques ». À partir de ce moment j’ai découvert quelque chose de beaucoup plus grand. Par la suite, j’ai rencontré l’abbé Guy Lepoutre. On a fait exactement le même cheminement tous les deux. Lui aussi était aussi très anti protestants.
J’ai pris l’engagement avec mon épouse d’aimer tous les catholiques tels qu’ils sont. Lorsqu’on sème de l’amour on récolte l’amour, alors que lorsque l’on sème de la haine on récolte la division.
L’unité s’est proposé à moi et j’ai dit oui. C’est comme si je découvrais sur ma voiture qu’il n’y avait pas que trois vitesses, mais aussi la quatrième, la cinquième, le GPS ou l’airbag. Et je dois vous l’avouer, quand on a goûté à l’unité on ne veut pas revenir en arrière. On s’aperçoit qu’on est de la même famille.
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