Bonjour à tous ! et ne pleurez pas trop comme moi à chaque fois que je lis cette histoire
« Le geste le plus important de ma vie »
Mes confrères Oblats de la Vierge Marie qui habitent à Nice, en France, sont responsables d’une revue appelée La Revue Sainte-Rita. Cette revue est publiée à chaque mois.
Dans le numéro du mois de mars, un article m’a beaucoup touché car il montre à l’évidence que les gestes dont nous serons le plus fiers au terme de notre vie, seront probablement des gestes que nous avons posés sans être conscients de leur importance.
En écoutant notre cœur, que l’Esprit Saint habite en permanence, nous pouvons faire toute une différence dans la vie des gens que nous rencontrons. Le texte qui suit respire l’humilité de la personne qui l’a vécue, humilité qui a même poussé, semble-t-il, son auteur à demeurer incognito.
Un taxi à New-York raconte :
Je suis arrivé à l’adresse et j’ai klaxonné. Après avoir attendu quelques minutes, je klaxonne à nouveau. Comme il s’agissait de ma dernière course de la journée, je pensais partir, mais finalement je me suis stationné, puis je me suis dirigé vers la porte et j’ai toqué.
« Juste une minute », a répondu une voix de personne âgée. Je pouvais entendre quelque chose qui traînait sur le plancher.
Après une longue pause, la porte s’ouvrit. Une petite femme de 90 ans se tenait devant moi. Elle portait une robe imprimée et un chapeau à voilette, ressemblant à un personnage de film des années 1940.
À côté d’elle il y avait une petite valise en nylon. L’appartement semblait comme si personne n’avait vécu dedans depuis des années. Tout le mobilier était recouvert de draps.
Il n’y avait pas d’horloge sur les murs, pas de bibelot ni aucun ustensile sur les comptoirs. Dans un coin il y avait une boîte en carton remplie de photos et de verrerie.
« Pourriez-vous porter mon bagage jusqu’à la voiture ? » dit-elle. J’ai porté la valise jusqu’à mon véhicule, puis suis retourné aider la femme.
Elle prit mon bras et nous avons marché lentement vers le bord du trottoir.
Elle n’arrêtait pas de me remercier pour ma gentillesse. « Ce n’est rien », lui ai-je dit. « J’essaie simplement de traiter mes passagers de la façon dont je voudrais que ma mère soit traitée. »
« Oh, tu es un bon garçon », dit-elle.
Quand nous sommes arrivés dans la voiture, elle m’a donné une adresse, puis demanda : « Pouvez-vous passer par le centre-ville ? »
« Ce n’est pas le plus court chemin », répondis-je.
« Oh, cela ne me dérange pas », dit-elle. « Je ne suis pas pressée. Je me rends au centre de soins palliatifs. »
J’ai regardé dans le rétroviseur. Ses yeux scintillaient. « Je n’ai pas de famille » reprit-elle d’une voix douce. « Le docteur dit que je n’en ai plus pour très longtemps. »
J’ai discrètement arrêté le compteur.
« Quelle route voudriez-vous que je prenne ? » demandai-je.
Pendant les deux heures qui ont suivi, nous avons roulé à travers la ville. Elle m’a montré le bâtiment où elle avait travaillé comme opérateur d’ascenseur.
Nous avons traversé le quartier où elle et son mari avaient vécu quand ils étaient jeunes mariés. Elle m’a fait arrêter devant d’un entrepôt de meubles qui était à l’époque une salle de bal où elle était allée danser lorsqu’elle était jeune fille.
Parfois, elle me demandait de ralentir en face d’un bâtiment particulier ou dans un coin et s’asseyait le regard perdu dans l’obscurité, sans rien dire.
Lorsque le soleil commença à rejoindre l’horizon, elle dit soudain : « Je suis fatiguée, j’aimerais que nous y allions maintenant. »
Nous avons roulé en silence à l’adresse qu’elle m’avait donnée. C’était un petit édifice, comme une petite maison de convalescence, avec un portique pour rentrer dans une allée. Deux infirmiers sont sortis et se sont dirigés vers le taxi. Ils étaient très attentionnés et surveillaient tous les mouvements de la vieille dame. Visiblement ils attendaient son arrivée.
J’ai ouvert le coffre et porté la petite valise jusqu’à la porte. La femme était déjà assise dans un fauteuil roulant.
« Combien vous dois-je ? » m’a-t-elle demandé, en ouvrant son sac.
« Rien », lui dis-je.
« Vous devez gagner votre vie », répondit-elle.
« Il y aura d’autres passagers », ai-je répondu.
Presque sans y penser, je me suis penché et lui ai donné une accolade. Elle me serra fort.
« Vous avez donné un petit moment de joie à une vieille dame », dit-elle. « Je vous remercie. »
Je lui serrai la main, et me retournai. Derrière moi, une porte a claqué, c’était le bruit d’une vie qui se termine.
Je n’ai pris aucun passager le reste de ma course. J’ai conduit sans but, perdu dans mes pensées.
Je n’ai pratiquement pas parlé le reste de la soirée. Que se serait-il passé si cette femme avait eu à faire à un chauffeur en colère, ou à quelqu’un d’impatient et pressé ? Et si j’avais refusé de prendre la course, ou avais klaxonné plusieurs fois, puis serais parti sans attendre ?
Après réflexion, je ne pense pas avoir fait quelque chose de plus important dans ma vie.
Nous sommes conditionnés à penser que nos vies tournent autour de grands moments.
Mais les grands moments sont souvent des jolis petits instants auxquels nous ne prêtons pas assez attention.
Anonyme
Le 9 octobre 2017.
Source: « Le geste le plus important de ma vie » - Sainte-Rita.Net
www.sainte-rita.net/actualites/539-le-geste-le-plus-important-de-ma-vie
Guy Simard
Dieu ma joie