Bavière : quel sens le crucifix peut-il avoir dans des bâtiments publics officiels ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Philippe de Saint-Germain | 26 avril 2018
PETER KNEFFEL / DPA / AFP
Markus Söder, ministre-président de Bavière.
La réponse donnée par le Bavarois Joseph Ratzinger.
Le crucifix n’est pas un « signe religieux », mais « l’expression de notre empreinte historique et culturelle » : c’est ainsi que le ministre-président de Bavière, Markus Söder, a justifié l’installation des crucifix dans les bâtiments appartenant à l’État bavarois. Il ne s’agit donc pas pour lui d’une atteinte à la neutralité de l’État, alors que les crucifix figurent déjà dans les écoles et les tribunaux, mais une « reconnaissance de son identité ».
L’initiative a provoqué un tollé en Allemagne. Cité par l’agence de presse allemande DPA, le président du Conseil central des musulmans, Aiman Mazyek, a mis en garde contre une « double morale » qui consisterait à accepter les seuls symboles chrétiens dans l’espace public. Pour lui, « la neutralité de l’État devrait toujours être respectée ».
Un coup politique ?
Dans un contexte électoral tendu, le parti conservateur chrétien au pouvoir en Bavière, la CSU, est très critique à l’égard de la politique migratoire de son alliée Angela Merkel, qui a ouvert la porte en 2015 à un million de réfugiés, essentiellement musulmans. Cet automne, la CSU devra affronter le parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). D’où l’accusation de manœuvre politicienne autour du crucifix.
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L’instrumentalisation du crucifix à des fins politiques, c’est évidemment insoutenable, même si la dimension culturelle du bien commun justifie l’enracinement public des symboles de l’identité populaire. La « marque chrétienne » de la Bavière, comme le philosophe français Pierre Manent parle de la « marque chrétienne » de la France, est indéniable. Mais le sens de la présence des crucifix dans les lieux publics peut avoir un autre sens qu’une pure empreinte culturelle.
Ce sens, une haute autorité chrétienne… bavaroise l’avait évoqué dans une conférence dont le texte a été publié en 1986 : le cardinal Josef Ratzinger. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi évoquait un conflit de l’époque autour des crucifix dans les écoles polonaises (alors encore sous régime communiste). Ce conflit « très symptomatique, disait le cardinal, fut également celui de nos pères dans l’Allemagne du IIIe Reich ».
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