Les pressions sont grandes pour imposer aux fidèles la communion dans les mains Par Michel Janva le 8 août 2020Reçu d’un prêtre :
Ces derniers mois ont été bien éprouvants pour nos vies personnelles et familiales, et principalement dans notre vie de foi. Ces semaines d’été occasionnent des « transhumances » ecclésiales. Les situations sont très diverses et je ne voudrais viser personne. Cependant, il me semble important de réaffirmer et encourager un attachement et une pratique qui étaient viscéralement chers à tant de prêtres et de laïcs : la communion sur la langue.
Visiblement, les pressions sont grandes pour imposer aux fidèles la communion dans les mains au cours des messes, le plus souvent sans grand ménagement ni considération. Ce que les innovations et réinventions des années 60-70 n’ont pas réussi à imposer à beaucoup de catholiques, des mesures sanitaires risquent d’y parvenir : banaliser et généraliser la communion dans la main, sous prétexte « d’obéissance et de charité ».
Parallèlement, au cours de tous ces apéros d’été, qui n’a pas mis la main dans un bol de cacahuètes, partagé avec d’autres ?
L’incohérence tourne à la schizophrénie. Nul ne peut obliger un catholique à communier dans la main et nul catholique ne doit s’y sentir obligé, même si parfois, l’effet de surprise ou la pression sociale ne sont pas à négliger. Aussi, il est bon de rappeler que nous ne sommes pas dans l’obligation de communier lors d’une messe et que nous ne devons ni être jugés, ni juger les autres sur ce sujet. Communier au Corps du Seigneur exige que l’on y soit bien disposé. Encore une fois, la notion d’obéissance et de charité véhiculée ici et là est psychologiquement abusive et pernicieuse.
La communion sur la langue est la pratique multiséculaire et universelle la plus respectueuse envers la Présence Réelle dans l’Eucharistie. Cet attachement s’inscrit aussi dans la cohérence de vouloir recevoir la communion de la personne d’un ministre ordonné à partir du diaconat, et aux mains consacrées, à partir du presbytérat. Cette question délicate qui met en jeu le cœur de notre foi et notre liberté de conscience n’est pas sans enjeu sur la transmission de la foi, en particulier aux enfants. Ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet peuvent lire l’un des très bons livres écrits sur le sujet ces dernières années. En attendant, je vous invite à lire l’instruction Memoriale Domini du 29 mai 1969 et la réponse de la Sacré Congrégation du pour le Culte Divin à la Conférence des évêques de France du 6 juin 1969.
« … Aussi, la fonction de porter la Sainte Eucharistie aux absents ne tarda-t-elle pas à être confiée uniquement aux ministres sacrés, afin de mieux assurer le respect dû au Corps du Christ, et en même temps de mieux répondre aux besoins des fidèles. Par la suite, lorsque la vérité et l’efficacité du mystère eucharistique, ainsi que la présence du Christ en lui, ont été plus approfondies, on a mieux ressenti le respect dû à ce Très Saint Sacrement et l’humilité avec laquelle il doit être reçu, et la coutume s’est établie que ce soit le ministre lui-même qui dépose sur la langue du communiant une parcelle de Pain consacré. Compte tenu de la situation actuelle de l’Église dans le monde entier, cette façon de distribuer la Sainte Communion doit être conservée, non seulement parce qu’elle a derrière elle une tradition multiséculaire, mais surtout parce qu’elle exprime le respect des fidèles envers l’Eucharistie.… »
Je pense que nous avons un devoir pour nous-mêmes, mais aussi pour les prêtres que nous rencontrons, de manifester notre attachement à la communion sur la langue qui demeure un droit, quels que soient les motifs sanitaires invoqués. Beaucoup de prêtres souffrent de cette situation et il est bon de les encourager et de les aider à trouver des solutions acceptables. Bien entendu, il est nécessaire de rester très prudent et de suivre toutes les précautions d’hygiène possibles et raisonnables. Au delà de l’aspect d’adoration, la communion donnée à une personne à genoux est une aide précieuse pour éviter tout contact.
En ce moment, il est très difficile d’aborder cette question en chaire car le sujet est très sensible et clivant. La récente ruée vers les moyens de diffusion des offices en ligne ont montré de grandes limites quand à l’amour de la messe, en sa dimension de participation active, recueillie et respectueuse. Il est donc important d’accorder la plus grande vénération incarnée envers le Saint Sacrement. Beaucoup de prêtres diocésains se sont battus ces dernières années pour réintroduire la communion sur la langue dans leur paroisse. Cet attachement de beaucoup de catholiques était aussi un point d’union entre les différents rites. Cette imposition-banalisation ne peut être sans conséquence pour nos vies chrétiennes et les vies paroissiales. Combien de frustrations et de divisions occasionnées et sans doute durables ? Le bon sens et la saine théologie de Saint Augustin est là pour nous réveiller :
« A force de tout voir on finit par tout supporter… A force de tout supporter on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer on finit par tout accepter… A force de tout accepter on finit par tout approuver ! ».
Et j’ajouterais humblement, à force de tout approuver, on finit par tout justifier. Nous assistons donc aujourd’hui à un retour en arrière, et la situation inconfortable dans laquelle nous sommes risque de durer encore longtemps…
Je me permets par ailleurs de mettre un lien avec quelques citations récentes toutes simples, principalement des derniers papes. Et celle-ci : A la question d’un journaliste en 1997 : « Mère Teresa, quel est le plus grand malheur du monde actuel ? ». La réponse de Mère Teresa fut :
« Ce n’est pas la misère ou la famine, dont sont victimes tant de pauvres, ce ne sont pas les guerres, et les catastrophes de toutes sortes, c’est la Communion dans la main qui est ce manque de respect, vis à vis de la personne de Jésus-Christ »
Un prêtre en paroisse
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