HEURE SAINTE PRATIQUÉE PAR
SAINTE GEMMA GALGANI
Cette Heure Sainte a été prise du manuel de dévotions intitulé « Prions » par la Bienheureuse Elena Guerra. Elle a été traduite par la suite en anglais par Silvio DeLuca C.P. et imprimée dans « The Sign », vol 8, décembre 1928. Le webmestre aimerait remercier les Archives Passionistes d’Union City, New Jersey, pour avoir gracieusement pourvu une copie de cet article.
[Le webmaster tient à remercier Clara Marsan pour traduire « L’heure sainte pratiquée par Ste Gemma Galgani ». Que Dieu la récompense de son travail. -Glenn Dallaire, Webmaster]. Ceci est une traduction secondaire et alternative.
Voir la traduction principale ici.
Dans l’Autobiographie et le Journal de Gemma est écrit qu’elle faisait une Heure Sainte tous les jeudis soir, en l’honneur de la Passion de Notre Seigneur et de ses souffrances dans le Jardin de Gethsémani. Elle a fait cette Heure Sainte fidèlement toutes les semaines jusqu’à sa mort. Concernant cette Heure Sainte, Gemma écrit dans son Autobiographie: «Tous les jeudis (nuit), j’ai continué de faire l’Heure Sainte, mais il est parfois arrivé qu’elle dure même jusqu’à 2h00 du matin parce que Jésus était avec moi. Et presque toujours Il me faisait prendre part à cette douleur qu’Il a ressentie dans le Jardin à la vue d’un si grand nombre de mes péchés et de ceux du monde entier. Une douleur qui peut bien être comparée à l’agonie de la mort.»
Dans son Journal, au sujet de l’Heure sainte, elle écrit jeudi 19 Juillet, 1900:
«Ce soir enfin, après six jours d’absence de Jésus, puisqu’il était jeudi, j’ai commencé mon heure de prière, pensant à Jésus sur la Croix. Alors c’est arrivé. Je me suis trouvée avec Lui souffrant et j’ai ressenti un grand désir de souffrir et demandé à Jésus de me donner cette grâce. Il me l’a accordée. Il s’est approché de moi, a ôté de sa tête la couronne d’épines et l’a placée sur la mienne, puis il alla de côté. Je l’ai regardé en silence, car j’étais en train de penser. Peut-être qu’il ne m’aimait plus, car il n’avait pas enfoncé la couronne fortement sur ma tête comme Il avait fait d’autres fois. Jésus comprit et l’enfonça sur mes temples. C’était des moments douloureux, mais heureux. J’ai alors passé une heure avec Jésus. J’aurais aimé continuer avec Lui ainsi toute la nuit, mais Jésus aime beaucoup l’obéissance. Lui-même se soumet toujours à l’obéissance, donc quand l’heure fut finie Il me quitta. Habituellement, Jésus enlevait la couronne quand Il partait. Cette fois, cependant, Il la laissa jusqu’à environ quatre heures de l’après-midi suivant.»
Cette Heure Sainte a été prise du manuel de dévotions intitulé «Prions» par la Bienheureuse Elena Guerra, fondatrice des Sœurs Oblates du Saint-Esprit à Lucca (aussi appelées les Sœurs de Sainte Zita, Sœurs Zitines). Il a aussi été publié sous le titre: «Une heure de prière avec Jésus agonisant à Gethsémani».
Gemma a été une étudiante de l’école fondée par la Bienheureuse Elena qui lui a elle-même enseigné à un moment, et grâce à leur lien dans l’école et à ce qu’elles ont toutes deux vécu à Lucca leur vie entière, Sainte Gemma et la Bienheureuse Elena se connaissaient très bien. Signe miraculeux de la Sainte Providence de Dieu et de son amour pour ses servantes, toutes deux sont décédées à la même date – le 11 avril (Gemma en 1903 et Elena en 1914). Et ce qui est encore plus miraculeux et providentiel encore est que toutes deux sont mortes une année où le Samedi Saint tombait à cette date – à onze années de distance, toutes deux le 11 avril lors de la fête du Samedi Saint.(Plus au sujet du moment miraculeux et providentiel de la mort de Sainte Gemma et de la Bienheureuse Elena ici.)
Mais, pour en revenir au manuel de l’Heure Sainte écrit par la Bienheureuse Elena, il fut donné à Gemma, pendant une période où elle avait dû quitter l’école de la Bienheureuse Elena en raison d’une grave maladie qui l’a menée proche de la mort en 1898, quelques jours avant sa miraculeuse guérison, elle reçut la visite de l’une des Sœurs de Sainte-Zita, Sœur Giulia Sestina, qui, pour la soulager de sa grande souffrance, l’encouragea à faire cette Heure Sainte en lui donnant le manuel écrit par la Bienheureuse Elena.
C’est durant cet exercice de dévotion en l’honneur de l’Agonie de Notre Seigneur à Gethsémani que Gemma reçut les grâces les plus merveilleuses, comme on le lit dans son Journal et son Autobiographie. Au sujet de Gemma et de l’Heure Sainte, son directeur spirituel, le Vénérable Père Germanus C.P., écrit : «Elle résolut de pratiquer cette dévotion, même lorsque confinée au lit… Gemma la regardait comme un trésor, et dès qu’elle l’a reçu promit à Jésus que si elle recouvrait la santé, elle réciterait l’Heure Sainte tous les jeudis soir. »
Le but de ce pieux exercice consiste à faire une heure entière de prières ayant pour méditation l’Agonie de notre Seigneur Jésus-Christ dans le Jardin de Gethsémani. Elle peut être faite en tout temps, mais plus spécialement elle est appropriée les jeudis soirs.
HEURE SAINTE
Introduction
Place-toi, oh, âme dévote, dans la présence de ton Très-Aimé Sauveur et fais venir à ton esprit la nuit durant laquelle Jésus, ayant institué la Sainte Eucharistie pour être ta nourriture, a quitté le Cénacle avec ses Apôtres pour aller au Jardin des Oliviers, pour y commencer sa Passion très crue par laquelle Il allait sauver le monde. Une tristesse mortelle se montre sur les sourcils et se révèle dans les mots de Jésus affligé. Une pâleur mortelle trouble ce Visage où jusqu’à maintenant avait brillé une divine beauté. Pendant ce temps, le Sauveur affligé pose son regard sur toi, comme s’Il te disait : «Chère âme, qui m’est la cause de tant d’angoisse, reste avec Moi juste pour une heure et vois s’il est une douleur comme ma douleur »… Mais sache que la nuit de mon agonie J’ai cherché en vain quelqu’un pour me consoler. «J’ai cherché quelqu’un qui me réconforte et Je n’ai trouvé personne.»
Oh, Jésus adorable, peut-il jamais y avoir une créature si ingrate et si dure de cœur pour refuser de passer une heure en ta compagnie, en repensant à ces mystères de suprême douleur et de suprême amour accomplis dans la noirceur de la nuit de ta Passion, dans le Jardin de Gethsémani? Oh, bon Jésus, me voici présent devant Toi. Daigne me révéler la grandeur de tes douleurs et l’excès d’amour qui t’a fait devenir une victime pour mes péchés et pour les péchés de tous les hommes.
Premier Quart d’heure – La Tristesse de Jésus
« Mon âme est triste jusqu’à la mort! » Il n’y a véritablement pas de plus grande souffrance que celle qui peut être comparée aux douleurs de la mort. Maintenant, notre Sauveur, qui est la Vérité sans faille, pour nous faire comprendre l’excès de douleur qui est venu l’oppresser quand Il est entré à Gethsémani, dit que sur son âme pèse une tristesse mortelle, que l’angoisse qu’Il souffre est si sévère qu’Il pourrait mourir: «Mon âme est triste jusqu’à la mort même!». Et, ayant dit cela, Il entre plus loin dans le Jardin, jusqu’à ce que, atteignant l’endroit où il avait l’habitude de passer la nuit en prière, Il exhorte ses fidèles Apôtres (qu’il a emmenés avec Lui jusqu’au Jardin pour qu’ils puissent être témoins de ses souffrances) à veiller et prier avec Lui.
Alors, se retirant à l’écart à distance d’un jet de pierre, Il s’agenouilla pour commencer la plus douloureuse et en même temps la plus généreuse prière jamais faite sur la terre. La première raison de l’affliction de Jésus était cette horrible accumulation d’outrages et d’opprobre qui, dans peu de temps, devait s’abattre sur lui comme les vagues furieuses d’une mer démontée. En fait, il avait à peine laissé ses Apôtres bien-aimés quand apparurent à son esprit toutes les effroyables scènes de douleur et de sang de son imminente Passion, la trahison par un de ses Apôtres, le déshonneur, le mépris, les calomnies…, une flagellation cruelle jusqu’à mettre à nu ses os mêmes! Ça ne suffit pas. Il faut que sa Tête sacrée soit tourmentée d’une couronne d’épines qui doit demeurer fixée même à la mort. Et des coups, du crachat, des railleries.
Pourtant, ce n’est encore pas assez. Il faut qu’Il porte l’abjection par-dessus tout cela d’une condamnation juridique, et se voit exécré par les grands de sa nation et par son propre peuple. Mourant alors intérieurement de tant de souffrances, il faut qu’il se traîne au mont de son Sacrifice avec la croix sur son dos lacéré, tombant plusieurs fois à demi mort sous son poids énorme. Il doit boire le fiel amer: être dépouillé au milieu d’une foule insolente, se laisser clouer les mains et les pieds, pendant trois heures pendre aux clous de fer et rester là, suspendu entre la Terre et le Paradis, pour expier par des souffrances inexprimables les iniquités de la race humaine! Pourtant, ça ne suffit pas. À ces détresses horribles doivent s’ajouter la plus amère moquerie, les insultes et les railleries les plus blessantes. Alors, sa soif ardente, rendue plus torturante par le vinaigre, l’abandon de son Père, l’affliction extrême de sa Mère bien-aimée, la mort terrible et désolée!
Âme sauvée, achetée par les cruelles douleurs de Jésus, vois ton Sauveur accablé dans un abysse de souffrances!… Et cela pour l’amour de toi… pour te sauver… pour t’emmener avec Lui au paradis! Oppressé par tellement d’angoisse, Jésus retourne vers les trois Apôtres qu’Il a chargés de veiller et prier. Mais Il les trouve dormants! Il n’y a pas un mot de réconfort pour Jésus à l’agonie, pas un sentiment de compassion! Dans l’amertume de son abandon, Il tourne son regard triste vers toi, oh, âme dévote, pour voir s’Il peut trouver dans ton cœur un sentiment de compassion et de reconnaissance.
Et toi? N’as-tu pas de mots pour le bon Jésus? Que dirais-tu si tu t’étais trouvé réellement auprès de lui dans la nuit de son agonie? Hélas! Ouvre ton cœur et fais maintenant ce que tu aurais fait alors, car ce ‘lui’ sera également bienvenu, puisqu’Il accepte toujours avec plaisir les expressions d’affection qui viennent du cœur de ceux qui Lui sont fidèles. (Méditez en silence.)
HOMMAGE
Père Saint qui a tant aimé le monde que tu as même sacrifié ton Fils Incarné pour lui, au nom de tous ceux justifiés, je te remercie pour cet acte de ton infinie charité, t’offrant en retour la très parfaite sainteté et les mérites du même Fils Unique. Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Père Saint qui, pour nous délivrer de la perdition éternelle, a placé sur l’humanité adorable de ton Fils le fardeau de toutes nos iniquités, je t’offre l’agonie de Jésus à Gethsémani, en te suppliant de me donner la grâce de bénéficier en toute éternité des fruits de ses indicibles tourments.
Notre Père… Je te salue Marie…Gloire au Père…
Père Saint qui, pour réconcilier l’humanité coupable avec ta Majesté offensée, a soumis ton Fils très innocent aux rigueurs de la justice inexorable sur qui ont été répandues les douleurs méritées par nos péchés, je t’offre la très adorable soumission de Jésus à Gethsémani, te suppliant d’accorder la grâce de la conversion et de la salvation à tous les pécheurs.
Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Second Quart d’heure
Jésus est accablé sous le poids de l’iniquité humaine. Déjà une longue heure d’angoisse a passé pour Jésus dans sa nuit noire et dans l’abandon de ses disciples bien-aimés. La vive appréhension des cruels outrages l’attendant a répandu la terreur et la peur dans son âme bénie. Il sent maintenant bien plus profondément le poids énorme de sa mission de Sauveur du monde. Il voit que le temps de son immolation est venu… Le paradis, la terre et l’enfer sont déjà armés contre Lui. Il doit soutenir une grande bataille, dans laquelle tous les coups seront précipités contre Lui seul. Que fait Jésus? Pâle, tremblant, Il se tourne vers son Père et s’exclame humblement : «Père, s’il est possible, laisse passer cette coupe loin de moi.» Quelle réponse aura l’humble prière du Fils de Dieu? Le Ciel est fermé… il n’y a pas de réponse! Il souhaite endurer même cette douleur pour obtenir pour nous l’humble persévérance à prier et la constante patience, bien que le Ciel semble fermé à nos supplications. Ah, bon Jésus! Il n’y a pas de souffrance que tu n’as pas subie pour notre bien-être et notre exemple.
Mais suis, ô mon âme, ton Jésus, qui, pressé par l’amour, procède de plus en plus avant sur le chemin de la douleur. L’horrible procession de tous les péchés, de tous les crimes des fils d’Adam se présente à son Esprit et lacère son Cœur. Pourtant, Il voit qu’Il doit prendre sur lui ce fardeau odieux et apparaitre devant les yeux très purs de son Père, couvert de l’impureté du péché. Il est impossible pour l’esprit humain de comprendre ou même d’envisager l’horrible torture que l’âme bénie et très innocente de Jésus a alors souffert. Déjà Il s’est pitoyablement plaint, disant par la bouche du prophète: «Les méchants ont labouré mon dos!» Oh, combien grandement oppressé est le cher Sauveur sous le poids de tant de péchés!
Mais assurément, l’Agneau Divin qui est sur le point de s’immoler à la Justice Divine si souvent offensée par les hommes, après avoir satisfait pour l’iniquité humaine en sacrifiant sa précieuse Vie sur un gibet pour enlever les péchés du monde ne peut-il pas au moins espérer que les hommes, reconnaissant un si grand bienfait, vont bannir le péché pour toujours et rester toujours fidèles à Celui qui a tant souffert pour les sauver de la mort éternelle?
Ah, pauvre Jésus, s’il en avait été ainsi! Mais bien loin de là… une image plus horrible que la précédente s’ouvre devant son Esprit. Il voit que même après avoir racheté le genre humain par tant de souffrances et avoir lavé la terre de son Sang, même après avoir infusé l’Esprit Saint dans ses fidèles et fait de la terre un Paradis de grâces par l’Eucharistie. Ah! Même après tant d’excès de charité, Il voit encore le péché ayant l’emprise sur le monde. Il voit sa sainte Loi foulée aux pieds, son Église et ses ministres persécutés, ses grâces négligées, son amour méprisé… et, en pleurant, Il dit: « Quel profit y a-t-il à mon Sang ? Pourquoi faire couler tout mon Sang? Pourquoi mourir entre les agonies d’un gibet si les hommes, sans reconnaissance pour tant de bienfaits, vont ensuite se livrer au pouvoir du démon et à la perdition éternelle? Quand prendra fin l’emprise du péché dans le monde? »
Et le bon Jésus jetant son regard sur tous les âges à venir, voit le péché dans tous les siècles à venir, dans chaque année successive, chaque jour, et à chaque moment! Et le poids de ces péchés l’oppresse lourdement et le fait répéter: « Les méchants ont labouré mon dos; ils ont alourdi leur iniquité! »
Mon âme, vas-tu être encore parmi ceux qui appesantissent cette chaîne de péchés et, repoussant maintes fois leur conversion promise, arrachent au Cœur de Jésus ce cri si plein de juste affliction? Oh, combien horrible est le péché après qu’un Dieu ait versé son Sang pour le détruire! Oh, combien horrible est le péché dans une âme déjà lavée par le Sang Divin!…, dans des âmes unies au Cœur de Jésus par la Sainte Communion! Oh, très affligé Sauveur, avec grande raison tu te lamentes et tu pleures!
Mais si Jésus pleure avec grande raison pour les péchés des rachetés en général, que ne souffre-t-il pas en prévision des péchés de ses fidèles amis, des âmes qui lui sont consacrées? « Oh âmes bien-aimées, » s’exclame-t-il, « âmes de ma paix, qui êtes les amis intimes de mon Cœur, qui vivez dans ma maison, mangez de mon pain et vous nourrissez à ma table, pourquoi percez-vous mon Cœur par le péché? Peuple de mon Cœur, que ne vous ai-je jamais fait? En quoi vous ai-je peiné? J’ai apaisé votre soif avec les eaux célestes de ma grâce, et vous m’avez donné du fiel! Je vous ai rassasiés avec la précieuse manne de ma Chair et vous m’avez donné des coups et le fouet! Oh, mon peuple, que vous ai-je fait? En quoi vous ai-je peiné? Je vous ai préparé un trône au Paradis et vous m’avez présenté un gibet! Chères âmes de ma vigne, bien-aimées de mon Cœur, qu’aurais-je pu faire de plus que je n’aie pas fait? Qu’y a-t-il que je dois faire de plus pour ma vigne que je ne lui aie pas fait? Et pour tant d’amour, vous me rendez des ronces et des épines. (Méditez en silence.)
Offrande: Oh, mon Sauveur affligé, je t’offre mon cœur et les cœurs de tous ces hommes qui brûlent avec le feu de l’amour parfait, pour repayer quelque peu ton propre amour infini. Désespéré de la froideur de mon cœur et de celle des autres, je t’offre, oh bon Jésus, cette sainte ardeur avec laquelle les anciens patriarches ont soupiré pour ta venue, et ce zèle saint par lequel tes Apôtres ont répandu ton Nom à travers le monde entier.
Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Oh, mon Rédempteur souffrant, je t’offre cette parfaite et très tendre compassion avec laquelle ta Mère Immaculée, percée dans son âme par l’épée de l’affliction, t’a offerte à la vue de tes souffrances, et cette très parfaite gratitude avec laquelle, pour l’entière race humaine, elle t’a remercié, loué et béni en reconnaissant les infinis bienfaits de ta Rédemption.
Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Oh, mon Jésus agonisant, moi, une misérable créature, n’étant pas capable de te donner ce réconfort que je voudrais, je t’offre la joie donnée à la Trinité et aux anges du Paradis quand tu as accompli, avec tellement de douleur et tellement d’amour, le grand travail de la Rédemption et, en même temps, t’implorant que tous les justifiés puissent être portés à bien comprendre le mystère de l’amour infini.
Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Troisième Quart – Le Grand Fiat
Contemple, oh, âme rachetée, comment ton Sauveur, son Cœur transpercé par l’ingratitude des hommes, tombe par terre prostré en agonie. Il est seul, abandonné, avec personne pour l’aider, Lui qui n’a pas refusé de tendre sa Main au faible et à l’affligé, et même à faire une place de repos de sa poitrine pour son Apôtre qui, fatigué, posa la tête sur Lui!
Lève-toi, âme fidèle, le moment est venu de faire à Jésus souffrant un retour d’amour. Qu’aurais-tu fait si dans la nuit de la Passion tu t’étais trouvée à Gethsémani, proche de Jésus agonisant? Mon plus cher Seigneur, je souhaite te relever de terre…, t’offrir mon cœur sur lequel reposer ta tête baissée et alors te dire un mot qui va te consoler. Mon plus doux Sauveur, je T’aime, je T’aime, je T’aime! Je désire voir de l’amour pour Toi, obtenir de l’amour pour Toi, faire que tous t’aiment. Je voudrais consommer même la vie pour que tu sois aimé, aimé grandement, aimé toujours, aimé par tous tes rachetés.
Mon doux Jésus, j’ai dit que je voudrais épuiser jusqu’à la vie même pour que tu sois aimé, faire des sacrifices pour cela, peu importe combien grands. Pourtant, quand je rencontre quelque légère contradiction, quelque petite humiliation, un refus, une réprimande, une dureté… est-ce que je le supporte? Est-ce que j’aime réellement le sacrifice?… Est-ce que je me réjouis d’être capable de t’offrir la mortification de la Passion?… Bon Jésus, j’ai honte de répondre… Mais ici, près de Toi, ici à l’école de la souffrance et de l’amour, je souhaite apprendre, mon doux Maitre, à me mortifier et à me sacrifier en toutes choses pour l’amour de Toi.
Pendant ce temps les heures de sa mortelle agonie passent lentement pour Jésus… Lui, le Dieu du Ciel et de la Terre, languit prostré sur le sol, et personne ne se soucie de Lui. Mais que font les disciples? Ils dorment!… Ah! Jésus, dans la nuit de sa Passion, a dû subir même la douleur de la désertion de ses proches, et Il en a senti dans son Cœur l’amertume entière. Cette douleur, il l’a alors acceptée, il l’a même souhaitée. Mais maintenant, il ne la souhaite pas plus longtemps, plutôt, Il veut que ses rachetés veillent autour de Lui, méditant sa Passion. Mais loin de là, la plus grande part dorment du sommeil des ingrats, qui consistent en l’oubli de Celui qui nous aime et nous est bienfaiteur.
Oh! Quel excès d’ingratitude et d’insensibilité de cœur! Oh, bon Jésus, tu n’es pas connu, car si seulement nous te connaissions, nous penserions à Toi sans cesse, et nos cœurs ne battraient pas, sauf pour Toi.
Pendant que Jésus souffre, seul et prostré sur le sol, voici qu’un Ange du Paradis vient le réconforter. Avec l’humilité d’un fils obéissant, Jésus reçoit le messager de son Père, prêt à se soumettre à ses Ordres. L’ange est venu pour le fortifier, mais pas pour le consoler ni pour atténuer ses douleurs ni pour prendre de ses mains la coupe amère. En effet, il encourage Jésus à supporter la bataille qu’Il va mener et à recevoir bravement les coups que le Ciel, le monde et l’enfer vont lui porter: le Ciel, parce que l’éternelle justice du Père était sur le point de punir en Lui toutes les iniquités des hommes; le monde qui, incapable de supporter la sainteté du Fils de Dieu, préparait pour Lui une Croix; et l’enfer qui, de par sa haine du Saint des saints, excite les ennemis de Jésus à une plus grande cruauté et à de plus haineux outrages. C’est pourquoi l’ange l’exhorte à boire jusqu’à la lie même l’abominable coupe de l’iniquité humaine pour devenir, pour ainsi dire, maudit pour nous pour porter le poids entier de la Divine Vengeance.
Pendant ce temps, la Justice et la Miséricorde attendent le Fiat de Jésus, dans lequel elles seront réconciliées pour toujours; le Ciel l’attend pour pouvoir être peuplé d’hommes saints; la terre l’attend, languissante de voir la malédiction méritée par son premier péché effacée par le Précieux Sang du Divin Rédempteur; les justes emprisonnés dans le Sein d’Abraham l’attendent, pour qu’ils puissent devenir à nouveau enfants de Dieu et voir les portes du Paradis rouvertes pour eux.
Mais combien grandement ce Fiat coûte à Jésus. Lui, le Très-Innocent, Lui, le Saint et l’Immaculé, doit mettre l’exécrable habit du pécheur, du méchant. Il doit apparaître comme le coupable et faire de nos iniquités les siennes. Immesurable est l’angoisse que cela lui cause et le fait répéter: «Laisse cette coupe passer loin de moi!». Mais, à la fois, Il voit que nous sommes perdus s’Il ne prend pas la culpabilité de nos offenses sur Lui, s’Il ne consent pas aux plaies du punisseur et lave nos iniquités dans son Sang… C’est pourquoi, avec un très généreux élan d’amour héroïque, Jésus prononce son Fiat sublime.
Il dit Fiat: « Que Ta Volonté soit faite », et ainsi Il consent à prendre sur son épaule tous nos méfaits, et comme s’il en était coupable, accepte et même appelle sur Lui ces horribles châtiments. C’est pourquoi Il dit Fiat aux épines pour expier nos pensées mauvaises; Fiat à la flagellation pour punir en Lui-même nos péchés sensuels; Fiat aux insultes, au crachat et aux coups pour expier notre fierté; Fiat au vinaigre et au fiel en satisfaction pour nos péchés sans nombre de paroles et de gloutonnerie; Fiat à la croix et aux clous, en réparation pour notre désobéissance; Fiat à ces trois heures d’agonie en larmes sur la croix pour guérir toutes nos plaies, pour remédier à tous nos maux; Fiat à sa mort pour nous donner la vie éternelle! Oh précieux Fiat qui réjouit le Ciel, sauve le monde et défait l’enfer! Fiat qui brise tant de chaînes, sèche tant de larmes! Que tu sois remercié, oh bon Jésus. Merci pour un Fiat si généreux. Je te bénis et je te remercie au nom de tous les hommes. (Méditez en silence.)
HOMMAGE
Père Saint qui, en réparation de nos rébellions et désobéissances, a voulu être honoré par le généreux Fiat de Jésus a Gethsémani, je t’offre ce même Fiat en expiation pour toutes les offenses que ton adorable Majesté a reçues de la part de ma volonté têtue et rebelle, t’implorant de m’accorder une docilité et une soumission parfaite par les mérites du même Fiat.Notre Père … Je te salue Marie… Gloire au Père…
Père Saint, par la Gloire que le généreux Fiat de Jésus à Gethsémani t’a procurée, je te supplie de me pardonner toutes mes fautes de rébellion et de désobéissance, et de me donner la grâce désormais d’être entièrement soumis à ta sainte Volonté et à la volonté de mes supérieurs pour l’amour de Toi.
Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Père Saint, par le généreux effort et l’angoisse que le Fiat prononcé à Gethsémani a coûté à Jésus, je te supplie d’accorder à moi, à toutes les âmes qui te sont consacrées et à tous les chrétiens, l’Esprit de sainte fortitude et constance, uni à une générosité qui compte comme léger tout sacrifice fait pour ta Gloire. Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Dernier Quart – Le Sang de Jésus et ses fruits
Mon Jésus a maintenant prononcé son grand Fiat! Mais l’effort lui cause de tomber à nouveau sur la terre, écrasé sous l’énorme poids avec lequel Il s’est chargé. Oppressé d’un côté par la Divine Justice, qui le considère comme la victime universelle sur laquelle doit être uni tout le péché et son châtiment, et de l’autre côté par son infini désir d’accomplir sa divine mission comme Rédempteur du monde, lequel prépare pour Lui ce baptême de sang si grandement désiré par Lui.
Ah! En vérité, le bon Jésus peut maintenant être considéré comme du blé de choix broyé entre deux pierres de meule, et comme des raisins sucrés foulés dans le pressoir! En effet, telle est l’agonie intense qui oppresse son Cœur qu’il commence à suer du sang de tous ses membres, et cela si copieusement qu’il s’en écoule jusqu’à terre! Oh, combien beaucoup ce grand fiat a coûté à Jésus! Oh, combien grandement Il a eu à souffrir pour pouvoir devenir débiteur de nos péchés! Et quelle honte pour moi qui refuse de faire même le plus petit sacrifice pendant que je vois mon Dieu librement devenir victime pour l’amour de moi. « Il a été offert, car c’était sa propre Volonté. »
Mais pourquoi, doux Jésus, pourquoi te torturer ainsi avec une douleur infinie, Toi qui avec une seule prière, avec un soupir, avec un battement de ton cœur, aurait pu sauver le monde? Mais un prophète a déjà dit que la rédemption de Jésus serait une copieuse rédemption. Et vraiment c’est une copieuse rédemption qu’Il a forgée, car par elle nous sommes de plus rétablis dans l’honneur dont jouissent les innocents, les justes et les saints! Seul un Dieu pouvait accomplir un si excellent travail! Mais Jésus n’est pas encore satisfait. Dans son incompréhensible amour, Il souhaite que, par le moyen de ses souffrances, soient placés entre nos mains comme quelque chose d’absolument nôtre les riches trésors de ses mérites, et que par eux nous puissions obtenir toute bonne chose du Plus Haut.
Qu’est-ce qui pourrait être désiré de plus? Cependant, il y a des dons si grands que l’homme n’aurait pas pu oser les demander ni même penser être capable de les acquérir. Mais l’infinie charité de notre Sauveur Béni y pense et, avec la voix de son Sang et les soupirs de son Cœur affligé, il obtient pour nous de son Père la grâce suprême d’être élevés même à l’étreinte de la Divinité, au moyen de l’Eucharistie qu’il a cette même nuit instituée. Et comme si cela ne suffit pas à satisfaire une charité qui ne connait pas de limites, il souhaite que son Esprit, le Divin Paraclet, soit infusé et demeure en permanence dans nos âmes. « Je vais demander au Père, » a-t-il dit cette même nuit à ses Apôtres, « Je vais demander au Père et Il va vous envoyer le Saint-Esprit. » Et maintenant ici à Gethsémani, souffrant et ruisselant de Sang, il accomplit une telle promesse nous méritant l’infusion du Divin Paraclet et, ainsi, élevant l’homme au plus haut degré du bonheur, de la grâce et de la gloire.
Jésus ne peut maintenant faire plus pour nous. Pourtant, il lui reste un désir de plus. Il se rappelle que son Père lui a dit: « Demande-moi-le et Je vais te donner les nations en héritage. » Et levant sa Figure ensanglantée au Ciel, Il demande que parmi ces nations qui Lui sont promises comme son héritage, Il puisse choisir des groupes d’âmes épousées qui seront les bien-aimées de son Cœur, disciples fidèles suivant son exemple, et sur lesquelles verser plus avant l’abondance de ces grâces méritées par Lui avec tant de douleur: « Donne-moi des âmes, donne-moi des âmes, oh, Père, et tout le reste je vais te le donner, même ma vie qui sera consommée sur la croix pour eux. Accorde-moi des âmes. »
Et parmi toutes ces âmes, Jésus choisit aussi la tienne. Il la désire, il la veut, il la demande à son Père avec des larmes et, pour elle en particulier, renouvelle l’offre de lui-même et toutes ses souffrances sans limites. Mon âme, mon âme, combien grandement es-tu aimée par ce Dieu qui, suant le sang, t’as choisie, t’as désirée, t’as embrassée comme son épouse!
Et de même que dans peu de temps, Jésus, du haut de la croix, dira à sa Mère, « Voici ton fils » et en la personne de Jean va lui confier tous les rachetés, ainsi a Gethsémani Il se tourne vers Son Père et dit: « Voici tes enfants. Moi, ton Fils par nature, prends la place de l’homme pécheur, pour que le pécheur puisse prendre ma place et devenir ton enfant par la grâce. Pour moi, oh, Père, la souffrance; pour les pécheurs, le pardon et la paix; pour moi la mort, pour lui la vie; pour moi, l’abandon, pour lui une parfaite, bénie, et éternelle union avec Toi… Voici, voici tes enfants… embrasse-les. Mon sang les rend purs, beaux, et dignes de Toi. Père, je souhaite (Jésus n’avait jamais auparavant dit « Je souhaite », mais maintenant Il le dit). Je souhaite que les âmes que tu m’as données puissent être un avec nous, unies à nous, comme Moi avec Toi. Rappelle-toi, oh, Père, que Je me suis abaissé pour devenir homme, pour que l’homme puisse être élevé même à Dieu régnant dans ta propre gloire pour toute l’éternité. »
Vois l’incompréhensible mystère d’amour qui opère dans le Cœur d’un Dieu qui sue le sang pour les hommes! Vois les admirables fruits du Sang de Jésus! Silence, admiration et amour généreux; c’est là, oh Âme justifiée, Âme épousée à un Dieu devenu homme, le seul retour que tu peux faire à l’Excellent, Saint, et Infini Amour, qui s’immole Lui-même pour toi! (Méditez en silence.)
HOMMAGE
Père, avec un cœur pénétré de la plus vive gratitude, je te remercie au nom de tous les hommes, de nous avoir fait don d’un Rédempteur si bon et si généreux, par lequel, avec des avantages infinis, nous avec récupéré les bénédictions perdues par le péché originel. Je T’offre pour le salut de tous les justifiés, le Sang qu’Il a répandu, t’implorant d’accorder que ces fruits de la rédemption soient aussi copieux que la rédemption elle-même et que le bon Jésus soit connu, aimé et béni par tous les enfants d’Adam pour toute l’éternité.Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Saint Père, je T’offre le Précieux Sang de Jésus pour obtenir de ta miséricorde l’accroissement de l’Église Catholique, la conversion de tous les infidèles, les hérétiques, et les pécheurs, la persévérance des justes et la libération des âmes du Purgatoire. Je te L’offre pour le plus grand bien de mes supérieurs et de ceux qui me sont chers. De plus, je te L’offre pour la sanctification de mon âme et pour obtenir … (ici une demande pour toutes les grâces désirées.) Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
Saint Père, qui a tant aimé le monde au point de même sacrifier ton Fils unique dans de grands tourments pour lui, accorde que le monde maintenant aime extrêmement Jésus, lui montre une gratitude sans réserve, le bénisse et l’exalte; et que les âmes soient nombreuses à être parfaitement unies et constamment fidèles à lui, et que parmi ce nombre puisse aussi se trouver ma pauvre âme. Saint Père, je t’offre les soupirs, les prières, et l’agonie de Jésus a Gethsémani, ensemble avec le Sang qu’Il a répandu, pour que tu puisses faire renaître très vivement dans les cœurs de tous les chrétiens la dévotion aux mystères admirables de la Rédemption; et avec elle ce vrai et généreux esprit de sacrifice, qui rend l’âme si semblable à Jésus. Notre Père… Je te salue Marie… Gloire au Père…
CONCLUSION
Un regard de plus à ton Jésus, oh mon âme, oh âme de son amour et de sa douleur. Les longues heures d’Agonie à Gethsémani ont déjà passé pour laisser place à un jour d’outrages et aux trois heures finales de torture sur la croix.
Vois Judas vient le trahir… Et Jésus comme un humble agneau, va à sa rencontre! Ah, mon Jésus, vais-je te voir dans les bras d’un traître? Ah, non! Viens plutôt dans mon étreinte; même jusque dans mon cœur, oh bon Jésus, car je ne souhaite pas plus longtemps t’offenser, mais toujours de t’aimer.
FRUITS A RECUEILLIR DE L’HEURE SAINTE
1) Imprimer dans son cœur les souffrances de Jésus et souvent méditer sur elles.
2) S’exciter à un généreux amour pour Jésus et ne Lui refuser aucun sacrifice.
3) Se dire que Jésus n’est pas plus longtemps en train de souffrir sur la Terre, et n’ayant plus besoin d’affectueux services, nous a laissés, nous les affligés, en sa place; ce pourquoi Il souhaite que nous donnions à notre prochain cette sympathie et aide à laquelle Lui pour souffrir davantage a renoncé durant Sa Passion, étant certains qu’Il considèrera comme fait à Lui-même, cela que nous faisons à nos frères, « car quoi que tu fasses aux autres, tu me le fais à Moi ». Que cette réflexion fasse augmenter la charité à l’intérieur de nous.
FICHIER WORD :Heure Sainte avec Sainte Gemma Galgani
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