GARDONS LE SILENCE !
La Federation of Diocesan Liturgical Commissions s’en prend à l’Adoration eucharistique perpétuelle. Cette attaque n’est toutefois pas uniquement le fait des théologiens et des liturgistes. Bien des catholiques sincères qui ont oublié qu’il faut garder le silence à l’église manquent également à la révérence due envers la Présence réelle de Notre-Seigneur dans l’Eucharistie.
Il existe en effet aujourd’hui un état d’esprit qui tend à encourager la conversation à l’intérieur de l’église. Mais la plupart de ceux qui n’observent pas un silence révérenciel devant le Saint Sacrement n’ont pas lu les traités des liturgistes qui ont une conception émoussée des choses sacrées, et tout spécialement de l’Eucharistie. La vérité est que bien des braves gens oublient simplement où ils sont lorsqu’ils entrent dans une église. Le résultat est que beaucoup de nos églises partout dans le monde (car le phénomène est mondial) sont devenues des cafés géants où l’on converse avant, pendant et après le Saint Sacrifice de la Messe.
Les gens qui parlent dans une église appartiennent à tous les niveaux de croyance et de pratique religieuse. Ceux qui communient tous les jours sont souvent les pires contrevenants, démontrant ainsi qu’ils sont incapables de rester tranquilles. Ils parlent, et parlent, et parlent sans arrêt. Certains se considèrent même terriblement offensés si la personne qui essaye de faire une prière mentale devant le Saint Sacrement leur en fait la remarque. Il est temps de se rappeler qu’une église n’est pas un endroit où l’on cause. On peut parler à l’extérieur de l’église, à table au cours d’un repas ou dans n’importe quel restaurant. Dans une église, il est distrayant, pour ne pas dire irrévérencieux, de bavarder sans arrêt de façon audible lorsque d’autres tentent de se mettre en présence du Seigneur par une prière mentale ou une profonde contemplation. Une telle attitude mine le respect envers la Présence réelle, fait de l’église une salle de réunion et dérange inutilement ceux qui tentent d’utiliser le temps dont ils disposent pour prier en silence et en paix.
La culture dans laquelle nous vivons est bruyante et encombrée de toutes sortes de vains bavardages. Les gens ont de la difficulté à observer le silence où qu’ils soient. Cela est aussi vrai dans les stades de base-ball (où beaucoup de gens continuent à parler alors qu’on joue l’hymne national) que dans les cinémas (où ils jacassent continuellement sans se préoccuper de leurs voisins). Il est scandaleux que même des fidèles catholiques se laissent aller à parler dans les églises et contribuent ainsi à faire perdre tout respect pour le Saint Sacrement.
Le problème est plus profond encore. La plupart des catholiques ne sont pas bien catéchisés concernant le respect dû au Saint Sacrement. Il ne garde pas le silence à l’église et ne s’agenouillent pas devant le tabernacle parce qu’ils sont ignorants. Certains restent même debout devant le tabernacle et poursuivent des conversations animées. Ils ne se doutent pas à quel point un tel comportement peut être choquant et irrespectueux.
À la différence des catholiques qui devraient le savoir (mais qui ont pris cette regrettable habitude), ceux de nos coreligionnaires qui n’ont pas été catéchisés suivent, dans bien des cas, l’exemple des prêtres qui ne vénèrent plus comme il se doit le Saint Sacrement. J’ai pu constater dans le monde entier un grand irrespect de la part des prêtres envers la Présence réelle de Notre-Seigneur. Comment les jeunes peuvent-ils acquérir un sens de dévotion et de révérence lorsque leurs modèles de rôle, particulièrement les prêtres et les religieux, encouragent véritablement une tel comportement dans l’église ? C’est pour cette raison que Sœur Angelica a deux frères de ses Missionaries of the Eternal Word qui se prosternent chaque matin devant l’autel au moment de la consécration à la Messe célébrée dans la chapelle Notre-Dame des Anges, à Irondale (Alabama). Elle sait que des actes de réparation doivent être accomplis pour les nombreux sacrilèges envers la Présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie.
Le manque de foi dans la Présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, ou une mauvaise compréhension de sa nature, est un des principaux problèmes de l’Église actuelle. Il ne peut pas y avoir de respect véritable pour le prochain si l’on n’accorde pas au Dieu tout-puissant la révérence et l’adoration auxquelles il a droit. Le désordre que nous voyons dans les églises du monde entier se répand dans toutes les communautés. Les gens qui traitent le sacré à la légère n’agiront pas autrement dans leurs activités ordinaires. Et les activités ordinaires qui perdent leur dimension sacrée (nous vivons chaque instant dans la Présence divine ; nous vivons pour glorifier Dieu dans tous les aspects de notre vie) deviennent bientôt des fins en elles-mêmes. C’est pourquoi tant de gens – catholiques y compris – trouvent aujourd’hui très difficile de voir un rapport direct entre l’ordre dans l’âme et l’ordre dans le monde. S’il n’y a pas d’ordre dans l’âme, lequel repose sur une juste ordonnance de sa relation avec le Christ et sa sainte Église, il ne peut y avoir dans le monde que désordre, confusion et haine.
La promotion du silence à l’église est essentielle pour la paix et l’harmonie de l’âme. J’invite les lecteurs à faire des photocopies de cet article. Donnez-les à vos amis et – avec la permission du curé – laissez-en à l’arrière de l’église (où, je m’en rends compte, elles pourraient rapidement se perdre parmi les prospectus). Peut-être quelqu’un pourra-t-il en profiter et en venir à comprendre qu’il existe des gens qui prennent au sérieux leur vie intérieure et qui veulent réellement pouvoir prier en silence et en paix. Ils ont droit à ce temps d’intimité avec le Christ, notre Grand Prêtre, sans être dérangé par les conversations de ceux qui ont adopté des habitudes irrespectueuses et irréfléchies devant le Saint Sacrement.
Quoi que puisse vous dire tel prêtre ou tel liturgiste, soyez bien certains que la discipline traditionnelle de l’Église en cette matière est toujours en vigueur. Le Saint-Père lui-même a fréquemment parlé du besoin de tranquillité dans la prière, de la nécessité du silence et de la révérence devant le Saint-Sacrement. Les révolutionnaires liturgiques veulent abandonner tout sens du sacré au nom de la « communauté ». Mais toute communauté qui ne repose pas sur une profonde révérence envers le Saint Sacrement se dissoudra bientôt en une impiété dénuée de sens.
Gardons le silence devant notre Seigneur et notre Roi. Taisons-nous lorsque nous sommes en face de sa Présence réelle. Et que Marie, Mère de l’Eucharistie, nous aide à entrer dans les profondeurs des trésors sacrés de ce très auguste sacrement d’Amour incarné par notre désir de prier ici avec ferveur en préparation pour l’éternité que vous vivrons au Ciel avec son divin Fils.
Thomas Droleskey