par Gilles Jeu 15 Juil 2021 - 18:27
En été, Dieu ne prend pas de vacances !
Le sens spirituel de l’été évoque le repos, la joie, la chaleur des amours estivales. La rudesse du climat aussi, et la torpeur paresseuse. Dieu, lui, ne prend pas de vacances : l’été, c’est une promesse de résurrection.
Certains mots se suffisent à eux-mêmes pour faire naître un sourire et pour réchauffer le cœur. L’été en est un. Bien sûr, parce qu’il annonce les vacances, devenues souvent le moment le plus sacré de l’année, mais aussi parce qu’il donne à la nature tout son élan et lui permet de fleurir et de porter du fruit. Notre relation avec cette saison révèle aussi notre rapport à Dieu et ce qui nourrit notre vie intérieure. En France, nous sommes d’ailleurs privilégiés car bien des pays du monde, sur d’autres continents, ne bénéficient point de cette césure ciselée entre quatre saisons parfaitement autonomes et possédant chacune des caractéristiques qui n’appartiennent qu’à elle. L’été est comme la reine de ce quatuor.
Les peintres ont su faire chanter leurs pinceaux pour planter ces saisons qui nous gouvernent : les enlumineurs médiévaux mettant en valeur les travaux des hommes, Brueghel l’Ancien et tous les Flamands avec lui, les saisons-paysages des Bassano, Poussin inspiré par les épopées bibliques érigeant toute chose en ce monde, ou Arcimboldo laissant libre cours à son imaginaire de fruits et de fleurs d’où surgissent de grotesques visages. Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Paul Claudel , plus espiègle, laisse éclater sa joie lorsque le mois de juin annonce le changement de saison dans L’Aube de juin :
Juin pendant que je dormais
S’est mis à la place de mai.
C’est lui qui vient de m’octroyer
Cette rose de pleurs noyée.
La terre a reçu le baptême.
Bonjour, mon beau soleil, je t’aime !
Un peu mouillé mais tout neuf,
Le voici qui sort de son œuf,
Rouge comme un coquelicot.
Cocorico !
Promesse de résurrection
Quoi qu’il en soit, l’été réveille l’enthousiasme de tous. Peut-être existent-ils quelques grincheux pour le bouder car ils craignent le soleil et la chaleur des soirées sous les étoiles, mais ils sont rares et ils ne se pavanent pas car ils savent que leur bouderie ne serait guère de mise. Ceux qui croquent l’été à pleines dents ont, en revanche, souvent oubliés quel est le poids spirituel de cette saison chantée par la Révélation et les Saintes Écritures. Lorsque Notre Seigneur essaie d’expliquer à ses disciples ce que sera la [size=24]Parousie , son retour en gloire, Il emprunte une figure agricole, Lui qui, peu de jours auparavant, avait maudit et desséché un figuier sans fruit car ce n’était point la saison mais qu’Il avait faim :[/size]
« Apprenez la parabole prisse du figuier. Quand ses rameaux sont encore tendres et ses feuilles naissantes, vous savez que l’été est proche » (Mt 24, 32 ).
La restauration de tout l’univers sera comme un nouvel été. Adviendra-t-elle durant cette saison ? Le Christ ne le dit point mais il est sûr que l’été est un temps où, même croyants, nos sens spirituels ne sont guère en alerte et où nous nous laissons souvent aller dans ce domaine. Comme nous y sommes oisifs, profitant de la vie et « nous faisant plaisir » (selon l’horrible expression devenue courante), nous ne sommes plus guère en éveil, à l’opposé de l’automne qui annonce notre propre mort avec celle de la nature, ou, pire, de l’hiver, où tout est prisonnier d’un carcan de froidure et de glace qui gèle les sangs et le cœur. En été, nous nous croyons presque invincibles, hors d’atteinte du temps et de ses flèches. D’ailleurs, l’état dépressif qui accompagne souvent le retour de vacances montre bien que nous avons essayé de nous griser en vain et que la réalité nous rattrape et nous assomme. Il serait donc plus judicieux de vivre cet été en contemplant la nature revigorée comme une promesse de résurrection qui nécessite d’être toujours prêts, de continuer à nourrir son âme et son esprit et pas seulement de bronzer et de muscler, de satisfaire et de chérir son corps.Lire la suite : En été, Dieu ne prend pas de vacances