Chaque année, le 27 janvier marque l'anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques. À l'occasion de cette Journée de commémoration de l'Holocauste, découvrez l'histoire de Stanislawa Leszczynska, une sage-femme polonaise catholique qui a mis au monde plus de 3 000 bébés dans le camp de concentration.
Samedi 27 janvier 2024 marquait le 79e anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques.
Un anniversaire qui a un écho particulier cette année en raison des événements du 7 octobre dernier, lorsque le Hamas a attaqué Israël. Un massacre qui a entraîné la mort d'au moins 1 400 personnes du côté israélien, principalement des civils. Une tragédie d'une grande violence qui a entraîné un conflit armé entre le Hamas dans la bande de Gaza et Israel.
Un conflit qui a entraîné une recrudescence des actes antisémites aux quatre coins du monde. C'est notamment le cas en France. Selon un rapport du Crif, on assiste à une "explosion" du nombre d'actes antisémites depuis le 7 octobre, avec 1 676 en 2023, contre 436 l'année précédente.
La découverte par l'armée rouge, le 27 janvier 1945, du camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, a marqué un tournant dans la fin de la seconde guerre mondiale et a permis de révéler au grand public les atrocités perpétrées par les nazis.
Parmi les héros qui se sont illustrés au cours de cette sombre période, on peut évoquer Stanislawa Leszczynska, une sage-femme, qui a courageusement mis au monde des milliers des bébés, lors de sa captivité, offrant un éclat d'humanité dans l'obscurité du camp, comme le rapporte le média catholique UCA News.
"Servante de Dieu" : une sage-femme dans l’enfer d’Auschwitz
Stanislawa Leszczynska, est née en 1896 à Lodz, en Pologne, dans une famille catholique. Elle était mariée à un imprimeur de Lodz, Bronislas Leszczynski, avec qui elle a eu quatre enfants. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, sa famille, s'est engagée dans une aide clandestine aux Juifs persécutés. La sage-femme a notamment aidé des familles à échapper à la Gestapo en leur fournissant de faux papiers.
Stanislawa Leszczynska et sa fille Sylwia ont finalement été arrêtées et interrogées par la Gestapo, puis envoyées au camp d'Auschwitz-Birkenau.
Animée par sa foi chrétienne, Stanisława Leszczynska a résisté aux horreurs indicibles du camp de concentration. Elle a également semé l'espoir parmi les détenues. Sage-femme chevronnée, elle a persuadé les autorités du camp de lui permettre d'accoucher les femmes enceintes à l'infirmerie.
Selon ses calculs, elle a aidé à mettre au monde près de 3 000 bébés dans des conditions extrêmement difficiles. Avec de l'eau fétide, l'absence de linge propre, des couvertures infestées de poux… "Il n'y avait ni antiseptique, ni bandages, ni médicaments, à l'exception d'une dose d'aspirine", a-t-elle raconté dans le livre "Défier l'Holocauste : Dix chrétiens courageux qui ont soutenu les juifs", publié en 2020.
"Un jour, le médecin du camp m'a demandé de présenter un rapport sur les infections post-partum et le taux de mortalité des mères et des nouveau-nés. Je lui ai dit que je n'avais eu aucun décès. Il m'a regardé incrédule, affirmant que même les meilleurs hôpitaux allemands ne pouvaient se vanter d'un tel taux de réussite. Dans ses yeux, je pouvais percevoir de la colère et de la haine", relate-t-elle dans son récit.
Elle rapporte également avoir prié avec les jeunes mères et explique que malgré la différence de foi, les mères juives n'ont pas hésité à se joindre à elle.
Jusqu'en 1943, tous les nouveau-nés à Auschwitz-Birkenau étaient tués par noyade, après cette date, seuls les bébés juifs étaient ciblés. Malgré les ordres, elle a toujours refusé de tuer les nourrissons juifs. Pourtant, seulement 30 des 3 000 enfants qu'elle a aidés à mettre au monde ont survécu jusqu'à la fin de la guerre.
Stanislawa Leszczynska, libérée du camp en janvier 1945 par l'Armée Rouge aux côtés de sa fille, a eu la chance de retrouver à Varsovie plusieurs survivants d'Auschwitz qu'elle avait aidés à naître. Elle est décédée en 1974. Dans les années 1990, l'Église catholique a formellement lancé le processus de béatification, reconnaissant la sage-femme en tant que "servante de Dieu". Le Vatican a ensuite initié, en 2010, un processus de canonisation, visant à en faire une "sainte pour l'éternité".