Syrie : les jihadistes envoient des renforts à Kobané
AFP
Les jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI), appelée également Daech, ont envoyé dimanche des renforts vers Kobané, où les forces kurdes leur opposent une résistance farouche. Cette ville syrienne toute proche de la frontière turque est devenue aux yeux du monde le symbole de la lutte contre l'EI. Ce dimanche,les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ont progressé d'une cinquantaine de mètres en direction de leur QG d'où ils ont été délogés vendredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Mais la situation reste à l'avantage des jihadistes. L'EI a tiré 11 roquettes sur le centre-ville, a précisé cette ONG.
Daech a fait venir des renforts à Kobané. Délogés vendredi de leur QG, les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ont depuis repoussé des assauts de l'EI sur plusieurs fronts de la troisième ville kurde de Syrie, où la bataille a tourné à la guérilla urbaine. La situation reste toutefois à l'avantage des jihadistes, plus nombreux, mieux armés et qui contrôlent environ 40% de la ville. Néanmoins, Daech a fait venir des renforts. «Ils envoient même des hommes qui n'ont pas beaucoup d'expérience du combat», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. L'EI a tiré 11 roquettes sur le centre-ville.
Ankara souhaite une «troisième force». Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a confirmé dimanche que son pays allait renforcer les capacités militaires de l'opposition modérée» syrienne. «Nous avons besoin maintenant d'une force de sécurité qui protège le peuple syrien à la fois contre l'EI et contre le régime» de Bachar al-Assad , a-t-il déclaré dans un entretien accordé au quotidien «Milliyet». Les États-Unis avaient indiqué vendredi qu'Ankara avait accepté, sur leur pression, de former et d'équiper les rebelles de l'opposition syrienne modérée. Malgré le feu vert de son Parlement, le gouvernement turc refuse d'intervenir militairement contre les jihadistes à Kobané. Elle continue d'exiger la création dans le nord de la Syrie d'une zone-tampon destinée à protéger les réfugiés et les quelques secteurs du territoire syrien tenus par l'opposition modérée, aujourd'hui moribonde. Hormis la France, les alliés de la Turquie ont accueilli cette idée avec une extrême réserve.
Une élue kurde demande l'envoi de missiles antichars. Si Kobané semblait relativement calme dimanche, Feyza Abdi, une élue locale de Kobané réfugiée en Turquie mais toujours en contact avec des combattants, a souligné que cette accalmie ne devait pas durer. «La tactique des jihadistes est connue : ils regroupent leurs forces et attendent des renforts, puis ils avancent d'un seul coup pour essayer de faire tomber nos bastions», a-t-elle expliqué. Cette élue appelle la communauté internationale à envoyer «des armes et des munitions» mais aussi «des missiles antichars car ce sont les blindés qui nous font le plus de mal».
Ban Ki-moon redoute un «massacre». Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé dimanche «toutes les parties à se lever pour empêcher un massacre de civils à Kobané». Il réitère sa «profonde inquiétude sur la situation dans et autour de la ville syrienne de Kobané. Avec les attaques toujours en cours de l'EI, des milliers de vies sont en danger», a-t-il ajouté. L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan De Mistura avait indiqué vendredi que que «700 civils se trouvaient encore dans le centre-ville, et de 10.000 à 13.000 sont rassemblés tout près de la frontière». Il a appelé Ankara, qui interdit aux Kurdes syriens réfugiés en Turquie de repasser la frontière, à «autoriser le flot de volontaires à entrer dans la ville pour soutenir son action d'autodéfense».