par "Oui aux symboles de Pâques, non au folklore !"
PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE COMBE
CRÉÉ LE 14/04/2014 / MODIFIÉ LE 15/04/2014 À 16H54
© Virginia CASTRO/CIRIC
Avec son délicieux accent chantant, Marie Rouanet bouscule les traditions populaires qui entoure la fête de Pâques. Cette femme de lettres et anthropologue, bientôt octogénaire, les remet à leur place. Elle rappelle que la Résurrection est au cœur de la foi en Dieu. Revue de détail, sans concession.
« La religion populaire est charmante, intéressante à mes yeux d'anthropologue, mais dénuée de fondement chrétien. J'y vois même un glissement des fêtes chrétiennes. Certains symboles, plus ou moins christianisés, sont aujourd'hui devenus des objets de commercialisation. Ils échappent à l'Eglise catholique, qui essaie toujours de faire des concessions, de suivre l'évolution de la société. Pour moi, il existe un véritable hiatus entre l'imaginaire et la foi. »
Les cloches
« Elles rythment le temps et la vie chrétienne. Pendant des siècles, elles ont offert un repère temporel et donné l'heure à ceux qui ne possédaient pas de montre. De plus, le temple protestant en était dénué, c'était donc d'autant plus intéressant pour l'Eglise catholique de pouvoir carillonner ! Elles préviennent de la messe, par trois séries de trois coups. Elles sonnent aussi l'angélus, trois fois par jour : à 7h, à midi, à 19h. Le glas prévient tout le village d'un décès. Silencieuses depuis la mort du Christ, commémorée vendredi saint, les cloches ne retentissent pas de toute la journée de samedi. Elles sonnent à toute volée, à l'aube de Pâques, pour annoncer la Résurrection.
Il existe une légende des cloches de Pâques qui déposeraient sur leur passage des friandises dans les jardins. Elles sont mignonnes, ces clochettes, mais enfin ! A côté de la résurrection du Christ, avouez qu'elles font pâle figure, avec leur prétendue villégiature à Rome... »
Le poisson
« Certes, le poisson était la marque des chrétiens. Il est très présent dans la représentation iconographique. Il est aussi le plat par excellence que le Christ a partagé avec ses disciples. Ils le consommaient grillé, avec du pain. Quel exemple, pour nous : pas d'extravagance, que du nécessaire. Mais le poisson en chocolat vendu à Pâques n'y fait aucunement référence. »
Les oeufs
« L'oeuf est bien le symbole de la résurrection. Des coquilles d'oeufs ont d'ailleurs été retrouvées dans des urnes funéraires, à l'époque romaine. Pour autant, être chrétien n'implique pas d'acheter des œufs en chocolat... Cette joie de la résurrection du Christ devrait être pure de toute espèce de profit ! »
Les fleurs blanches de Pâques
« C'est un argument commercial d'avancer que les jonquilles et les lys sont les fleurs de Pâques ! En réalité, les premières éclosent plus précocement, et les seconds n'ont pas encore fleuri dans les jardins. Dans la mythologie grecque, beaucoup de plantes sont sorties de semences divines. En ce qui concerne le lys, il aurait fleuri d'une goutte de lait du sein d'Héra, déesse de la fécondité. L'Eglise catholique, qui a voulu christianisé les mythes grecs, aurait lancé la légende qu'il se serait formé par les larmes qu'Eve a versées, repentante, en quittant le Jardin d'Eden. Ou encore qu'il se serait incliné pour la première fois lorsqu'il vit Jésus crucifié. C'est certes édifiant, mais est-ce vraiment nécessaire ? Pour qui le fait-on, pour les enfants ? Mais eux aussi, ont besoin de réaliser cette irruption phénoménale de Dieu dans l'histoire.
La pâquerette, la pasquette, elle, est bien la fleur de Pâques, comme son nom l'indique. On l'admire couvrir les jardins, les champs... Dans sa simplicité, elle manifeste la beauté de la création, et témoigne combien chacun y a sa place. Mais dimanche de Pâques, on fleurit plutôt les églises de campagne de branchages aux fleurs blanches : poiriers, aubépines sauvages ou prunelliers. »
« On ne peut empêcher la religion populaire, mais elle n'a rien à voir avec la foi en Jésus-Christ. Pour nous chrétiens, la joie de sa Résurrection ne suffit-elle pas ? L'Eglise essaie de s'approprier ce folklore. Il faut le dénoncer, moi ça me dérange beaucoup. Il affadit la Bonne nouvelle de la résurrection. Il détourne les hommes du message chrétien. L'enseignement du Christ nous invite à aimer Dieu et notre prochain. Aimer Dieu, c'est facile, puisqu'il est aimable. Mais aimer son prochain... Là, je peux vous dire que ce n'est pas chose aisée. En cela, le christianisme n'a rien de « cool », ni de « zen », comme certains voudraient le présenter. On est loin des fariboles de la Légende dorée ! Je ne comprends pas ce besoin de merveilleux, quand notre foi chrétienne est tellement plus extraordinaire ! »
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/oui-aux-symboles-de-paques-non-au-folklore-14-04-2014-52000_16.php
PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE COMBE
CRÉÉ LE 14/04/2014 / MODIFIÉ LE 15/04/2014 À 16H54
© Virginia CASTRO/CIRIC
Avec son délicieux accent chantant, Marie Rouanet bouscule les traditions populaires qui entoure la fête de Pâques. Cette femme de lettres et anthropologue, bientôt octogénaire, les remet à leur place. Elle rappelle que la Résurrection est au cœur de la foi en Dieu. Revue de détail, sans concession.
« La religion populaire est charmante, intéressante à mes yeux d'anthropologue, mais dénuée de fondement chrétien. J'y vois même un glissement des fêtes chrétiennes. Certains symboles, plus ou moins christianisés, sont aujourd'hui devenus des objets de commercialisation. Ils échappent à l'Eglise catholique, qui essaie toujours de faire des concessions, de suivre l'évolution de la société. Pour moi, il existe un véritable hiatus entre l'imaginaire et la foi. »
Les cloches
« Elles rythment le temps et la vie chrétienne. Pendant des siècles, elles ont offert un repère temporel et donné l'heure à ceux qui ne possédaient pas de montre. De plus, le temple protestant en était dénué, c'était donc d'autant plus intéressant pour l'Eglise catholique de pouvoir carillonner ! Elles préviennent de la messe, par trois séries de trois coups. Elles sonnent aussi l'angélus, trois fois par jour : à 7h, à midi, à 19h. Le glas prévient tout le village d'un décès. Silencieuses depuis la mort du Christ, commémorée vendredi saint, les cloches ne retentissent pas de toute la journée de samedi. Elles sonnent à toute volée, à l'aube de Pâques, pour annoncer la Résurrection.
Il existe une légende des cloches de Pâques qui déposeraient sur leur passage des friandises dans les jardins. Elles sont mignonnes, ces clochettes, mais enfin ! A côté de la résurrection du Christ, avouez qu'elles font pâle figure, avec leur prétendue villégiature à Rome... »
Le poisson
« Certes, le poisson était la marque des chrétiens. Il est très présent dans la représentation iconographique. Il est aussi le plat par excellence que le Christ a partagé avec ses disciples. Ils le consommaient grillé, avec du pain. Quel exemple, pour nous : pas d'extravagance, que du nécessaire. Mais le poisson en chocolat vendu à Pâques n'y fait aucunement référence. »
Les oeufs
« L'oeuf est bien le symbole de la résurrection. Des coquilles d'oeufs ont d'ailleurs été retrouvées dans des urnes funéraires, à l'époque romaine. Pour autant, être chrétien n'implique pas d'acheter des œufs en chocolat... Cette joie de la résurrection du Christ devrait être pure de toute espèce de profit ! »
Les fleurs blanches de Pâques
« C'est un argument commercial d'avancer que les jonquilles et les lys sont les fleurs de Pâques ! En réalité, les premières éclosent plus précocement, et les seconds n'ont pas encore fleuri dans les jardins. Dans la mythologie grecque, beaucoup de plantes sont sorties de semences divines. En ce qui concerne le lys, il aurait fleuri d'une goutte de lait du sein d'Héra, déesse de la fécondité. L'Eglise catholique, qui a voulu christianisé les mythes grecs, aurait lancé la légende qu'il se serait formé par les larmes qu'Eve a versées, repentante, en quittant le Jardin d'Eden. Ou encore qu'il se serait incliné pour la première fois lorsqu'il vit Jésus crucifié. C'est certes édifiant, mais est-ce vraiment nécessaire ? Pour qui le fait-on, pour les enfants ? Mais eux aussi, ont besoin de réaliser cette irruption phénoménale de Dieu dans l'histoire.
La pâquerette, la pasquette, elle, est bien la fleur de Pâques, comme son nom l'indique. On l'admire couvrir les jardins, les champs... Dans sa simplicité, elle manifeste la beauté de la création, et témoigne combien chacun y a sa place. Mais dimanche de Pâques, on fleurit plutôt les églises de campagne de branchages aux fleurs blanches : poiriers, aubépines sauvages ou prunelliers. »
« On ne peut empêcher la religion populaire, mais elle n'a rien à voir avec la foi en Jésus-Christ. Pour nous chrétiens, la joie de sa Résurrection ne suffit-elle pas ? L'Eglise essaie de s'approprier ce folklore. Il faut le dénoncer, moi ça me dérange beaucoup. Il affadit la Bonne nouvelle de la résurrection. Il détourne les hommes du message chrétien. L'enseignement du Christ nous invite à aimer Dieu et notre prochain. Aimer Dieu, c'est facile, puisqu'il est aimable. Mais aimer son prochain... Là, je peux vous dire que ce n'est pas chose aisée. En cela, le christianisme n'a rien de « cool », ni de « zen », comme certains voudraient le présenter. On est loin des fariboles de la Légende dorée ! Je ne comprends pas ce besoin de merveilleux, quand notre foi chrétienne est tellement plus extraordinaire ! »
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/oui-aux-symboles-de-paques-non-au-folklore-14-04-2014-52000_16.php
