par Invité Mar 2 Sep 2014 - 23:18
Rome précise le sens du geste de paix de la messe
La Croix ( 1er août )
Alors que son déplacement à un autre moment de la messe était évoqué, la Congrégation pour le culte divin le maintien avant la communion mais entend en corriger les « abus ».
Le geste de paix de la messe restera donc après le Notre Père et avant la fraction du pain. L’idée de le déplacer avait été évoquée lors du Synode des évêques sur l’eucharistie, en octobre 2005 à Rome, à la suite du cardinal Joseph Ratzinger qui, dans son livre de 2001 L’esprit de la liturgie (Ad Solem), regrettait que « l’échange du signe de paix génère une certaine agitation parmi les fidèles ».
Souhaitant « modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion », Benoît XVI avait donc demandé dans l’exhortation apostolique Sacramentum caritatis « d’étudier la possibilité de placer le geste de paix à un autre moment, par exemple avant la présentation des dons à l’autel ».
La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a consulté les conférences épiscopales du monde entier sur le sujet qui, à une large majorité, ont souhaité que le geste de paix ne soit pas déplacé un autre moment de la messe.
LE GESTE DE PAIX N’EST PAS « MÉCANIQUE »
Le dicastère chargé de la liturgie a donc décidé « de conserver dans la liturgie romaine le rite de la paix à son moment traditionnel et de ne pas introduire de changements structurels dans le Missel Romain ».
Néanmoins, dans une circulaire signée le 8 juin dernier par le cardinal Antonio Canizares Llovera, son préfet, et Mgr Arthur Roche, son secrétaire, et approuvée la veille par le pape François, la Congrégation pour le culte a pris quelques dispositions en vue « d’une meilleure expression du signe de la paix et pour en modérer les excès ».
La congrégation rappelle d’abord que le geste de paix n’est pas « mécanique » et que le célébrant peut tout à fait se dispenser d’inviter les fidèles à échanger la paix.
CORRIGER « QUELQUES ABUS »
Plus profondément, la Congrégation pour le culte divin insiste sur le sens profond du geste de paix par lequel l’Église « implore la paix et l’unité pour elle-même et toute la famille humaine et par lequel les fidèles expriment leur communion ecclésiale et leur charité mutuelle ». En clair : il ne s’agit pas de se dire bonjour mais de manifester que « Christ est notre paix, la paix divine ».
Aussi les conférences épiscopales pourront-elles, lors de la publication de la troisième édition typique du Missel romain sur leur territoire, modifier le mode d’échange de la paix, pour « y substituer d’autres gestes » que « les gestes familiers et profanes du salut ».
Surtout, la Congrégation pour le culte divin en profite pour corriger « quelques abus », mettant ainsi en garde contre « l’introduction d’un "chant pour la paix", inexistant pour le rite Romain », le chant étant celui de la fraction (Agnus Dei) qui vient après l’échange du geste de paix.
ORIGINE DANS LA TRADITION APOSTOLIQUE
Autre abus : le déplacement des fidèles pour s’échanger la paix, la Présentation générale du Missel romain soulignant « que chacun souhaite la paix de manière sobre et uniquement à ceux qui l’entourent ». De la même manière, il ne convient pas que le prêtre descende de l’autel pour donner la paix aux fidèles ou que, à certaines occasions (mariages, premières communions, obsèques…), l’échange de la paix devienne le moment des félicitations ou des condoléances.
Le geste de paix trouve son origine dans la tradition apostolique (« Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix », saint Paul aux Romains, 16, 16). Aux premiers siècles, ce baiser de paix se donnait avant l’offertoire, en souvenir du commandement du Christ, « Devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Matthieu 5, 24), moment qui a été conservé dans les liturgies orientales.
Dans le rite romain, il est placé avant la communion au IVe siècle, puis après l’Agnus au VIIIe siècle, et finalement réservé aux clercs à partir du XIIIe siècle. La réforme liturgique consécutive à Vatican II en a rétabli l’usage pour tous, le plaçant avant la fraction.
Nicolas Senèze