AVONS-NOUS PERDU LE COMBAT CONTRE L’EUTHANASIE ?
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Si les partisans de l’euthanasie ont accusé le président Hollande de tiédeur à l’annonce de son projet sur la fin de vie, tous les partisans de la vie y ont vu une réelle avancée de l’euthanasie. A la manière de la loi sur l’avortement, le projet avance masqué et surtout auréolé de couleurs miséricordieuses. Et c’est bien là que le bas blesse. Si les tenants de l’euthanasie font tant d’émules, c’est bien parce qu’ils avancent derrière la bannière de la compassion opposant aux défenseurs de la vie leur inhumanité et leur refus de soulager l’ultime souffrance de personnes en détresse. Alors certes, nous pourrons nous cacher derrière notre bon droit et rappeler que les soins palliatifs sont là pour supprimer cette souffrance, que dans la majorité des cas ceux qui demandaient l’euthanasie y renoncent une fois la souffrance endormie, mais aux yeux de l’opinion publique nous avons en grande partie perdu.
Nous avons perdu, car l’immense majorité des opposants est incapable de répondre en profondeur à ce problème qu’est la souffrance. Et quoi de plus normal que d’avoir du mal à y répondre puisqu’il est intimement lié au problème du mal qui hante philosophes et théologiens depuis la nuit des temps.
Certes, d’un point de vue primaire, quelques uns tenteront de rappeler la valeur sanctifiante et expiatoire de la souffrance, mais une telle approche est impossible à quiconque a déjà été confronté à une personne souffrant le « martyr ». Et que l’on n’oppose pas l’argument de la sainteté, puisque sainte Thérèse de l’Enfants Jésus recommandait après l’une de ses périodes de grande souffrance que lui faisait subir la maladie, de ne jamais laisser à porter de main d’un malade des médicaments.
Malheureusement depuis ces saintes et saines recommandations, rien n’a réellement été entrepris. On ne parle pas ici au niveau médical, les progrès dans le domaine des soins palliatifs et dans l’accompagnement des mourants par les personnels de santé sont remarquables. Non l’accusation porte ici sur l’approche de la notion de mal et de souffrance, et de la réponse qu’il faut apporter au monde afin d’éclairer le message du refus de l’euthanasie.
Se replier derrière les bannières de la défense de la vie ne suffira pas cette fois-ci, car face à la souffrance le discours intellectuel est inefficace et même offensant. Une personne souffrant dans sa chair au quotidien, à chaque instant n’entendra pas ce discours, une personne qui a un proche, un être aimé qui souffre au quotidien n’entendra pas non plus ce discours. Et encore une fois, inutile de se cacher derrière la valeur salvatrice de la souffrance, permettez nous de citer directement la vie de sainte Thérèse «…elle conjure que l’on prie pour elle parce que, dit-elle, c’est à en perdre la raison. Elle demande qu’on ne laisse pas à sa portée les médicaments poison pour l’usage externe et conseille qu’on n’en laisse jamais près des malades qui souffriraient les mêmes tortures, toujours pour ce motif que c’est à en perdre la raison et que ne sachant plus ce que l’on fait, on pourrait très bien se donner la mort. Que d’ailleurs, si elle n’avait pas eu la foi, elle n’aurait pas hésité un instant à se donner la mort. »
Il faut donc face à cela, bien sûr atténuer la souffrance, mais comme le signale les médecins, aujourd’hui tout l’arsenal médical disponible est capable de cela. La question va donc se porter sur la manière de répondre à cette question de la souffrance. L’enjeu va être, pour les défenseurs de la vie, de savoir s’ils sont capables de valoriser cette dernière et de changer l’image de ces instants de souffrance.
Une grande campagne, soulager mais pas tuer, a déjà débuté. Si cette dernière tente d’occuper l’espace médiatique et d’apporter une nuance, le message en lui-même manque de clarté. Il manque de clarté car le problème de fond n’a pas été résolu. Quelle réponse apportons-nous à la majorité des français à la question de la souffrance. Si nous restons dans la ligne actuelle, nous pourrons multiplier pétitions et manifestations, cela ne servira à rien car l’opinion publique se laissera convaincre par le discours miséricordieux lancé par les politiques, à l’image de celui tenu par le président Hollande hier. Comme pour un mourant, le temps nous est compté pour apporter une réponse à la question que se posent les hommes, même les plus grands saints depuis l’origine du christianisme, comment expliquer le problème du mal et y apporter une réponse acceptable par tous. Donc ni intellectuelle, ni condescendante, ni moralisatrice…
Nous avons perdu le combat contre l’euthanasie, il reste donc à gagner celui pour la vie.
P. JM. Robinne
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Si les partisans de l’euthanasie ont accusé le président Hollande de tiédeur à l’annonce de son projet sur la fin de vie, tous les partisans de la vie y ont vu une réelle avancée de l’euthanasie. A la manière de la loi sur l’avortement, le projet avance masqué et surtout auréolé de couleurs miséricordieuses. Et c’est bien là que le bas blesse. Si les tenants de l’euthanasie font tant d’émules, c’est bien parce qu’ils avancent derrière la bannière de la compassion opposant aux défenseurs de la vie leur inhumanité et leur refus de soulager l’ultime souffrance de personnes en détresse. Alors certes, nous pourrons nous cacher derrière notre bon droit et rappeler que les soins palliatifs sont là pour supprimer cette souffrance, que dans la majorité des cas ceux qui demandaient l’euthanasie y renoncent une fois la souffrance endormie, mais aux yeux de l’opinion publique nous avons en grande partie perdu.
Nous avons perdu, car l’immense majorité des opposants est incapable de répondre en profondeur à ce problème qu’est la souffrance. Et quoi de plus normal que d’avoir du mal à y répondre puisqu’il est intimement lié au problème du mal qui hante philosophes et théologiens depuis la nuit des temps.
Certes, d’un point de vue primaire, quelques uns tenteront de rappeler la valeur sanctifiante et expiatoire de la souffrance, mais une telle approche est impossible à quiconque a déjà été confronté à une personne souffrant le « martyr ». Et que l’on n’oppose pas l’argument de la sainteté, puisque sainte Thérèse de l’Enfants Jésus recommandait après l’une de ses périodes de grande souffrance que lui faisait subir la maladie, de ne jamais laisser à porter de main d’un malade des médicaments.
Malheureusement depuis ces saintes et saines recommandations, rien n’a réellement été entrepris. On ne parle pas ici au niveau médical, les progrès dans le domaine des soins palliatifs et dans l’accompagnement des mourants par les personnels de santé sont remarquables. Non l’accusation porte ici sur l’approche de la notion de mal et de souffrance, et de la réponse qu’il faut apporter au monde afin d’éclairer le message du refus de l’euthanasie.
Se replier derrière les bannières de la défense de la vie ne suffira pas cette fois-ci, car face à la souffrance le discours intellectuel est inefficace et même offensant. Une personne souffrant dans sa chair au quotidien, à chaque instant n’entendra pas ce discours, une personne qui a un proche, un être aimé qui souffre au quotidien n’entendra pas non plus ce discours. Et encore une fois, inutile de se cacher derrière la valeur salvatrice de la souffrance, permettez nous de citer directement la vie de sainte Thérèse «…elle conjure que l’on prie pour elle parce que, dit-elle, c’est à en perdre la raison. Elle demande qu’on ne laisse pas à sa portée les médicaments poison pour l’usage externe et conseille qu’on n’en laisse jamais près des malades qui souffriraient les mêmes tortures, toujours pour ce motif que c’est à en perdre la raison et que ne sachant plus ce que l’on fait, on pourrait très bien se donner la mort. Que d’ailleurs, si elle n’avait pas eu la foi, elle n’aurait pas hésité un instant à se donner la mort. »
Il faut donc face à cela, bien sûr atténuer la souffrance, mais comme le signale les médecins, aujourd’hui tout l’arsenal médical disponible est capable de cela. La question va donc se porter sur la manière de répondre à cette question de la souffrance. L’enjeu va être, pour les défenseurs de la vie, de savoir s’ils sont capables de valoriser cette dernière et de changer l’image de ces instants de souffrance.
Une grande campagne, soulager mais pas tuer, a déjà débuté. Si cette dernière tente d’occuper l’espace médiatique et d’apporter une nuance, le message en lui-même manque de clarté. Il manque de clarté car le problème de fond n’a pas été résolu. Quelle réponse apportons-nous à la majorité des français à la question de la souffrance. Si nous restons dans la ligne actuelle, nous pourrons multiplier pétitions et manifestations, cela ne servira à rien car l’opinion publique se laissera convaincre par le discours miséricordieux lancé par les politiques, à l’image de celui tenu par le président Hollande hier. Comme pour un mourant, le temps nous est compté pour apporter une réponse à la question que se posent les hommes, même les plus grands saints depuis l’origine du christianisme, comment expliquer le problème du mal et y apporter une réponse acceptable par tous. Donc ni intellectuelle, ni condescendante, ni moralisatrice…
Nous avons perdu le combat contre l’euthanasie, il reste donc à gagner celui pour la vie.
P. JM. Robinne