Voici une reproduction de l'homélie dans son ensemble :
Messe à Sainte-Marthe ·
15 décembre 2014
« Je demande au Seigneur la grâce que notre cœur soit simple, lumineux avec la vérité qu’il nous donne, et ainsi nous pouvons être aimables, pardonner, être compréhensifs avec les autres, d’un cœur large avec les personnes, miséricordieux ». Avec cette prière le Pape François a conclu ce matin, lundi 15 décembre, l’homélie de la Messe célébrée à Sainte-Marthe. « Ne jamais – a-t-il ajouté – condamner. Si tu as envie de condamner, condamne-toi toi-même. Mais ne va jamais boiter avec les deux jambes, comme le dit Elie, en essayant de profiter des situations ». Au contraire, il faut demander « au Seigneur la grâce qu’il nous donne cette lumière intérieure, qui nous convainque que lui seul est le roc et non pas tant d’histoires que nous faisons comme des choses importantes ; et que ce soit lui qui nous accompagne sur la route, lui qui élargisse notre cœur, pour que puissent y entrer les problèmes de beaucoup de gens, et que lui nous donne la grâce de nous sentir pécheurs ».
Le point de départ, ce sont encore une fois les lectures du jour, notamment le passage de l’Evangile de Matthieu (21, 23-27).
En, pratique, a souligné François, Jésus « prêche sur la foi. Puis il revient au temple, il guérit beaucoup de gens, beaucoup de malades et il chasse les personnes qui faisaient des affaires, vendaient des choses, changeaient de l’argent ». Et c’est alors qu’assistant à cela « les chefs des prêtres, les docteurs de la loi se sont donnés un peu courage et se sont approchés » pour lui demander : « Avec quelle autorité fais-tu cela ? C’est nous qui commandons dans le temple ». Et voilà la réponse de Jésus, qui se trouve dans le passage de l’Evangile de Matthieu. Une réponse donnée « avec une vivacité intérieure, avec beaucoup d’acuité » parce que – a souligné le Pape – « Jésus dans sa réponse va au cœur de ces gens, à ce qu’ils avaient dans le cœur. C’étaient des gens qui avaient un cœur incertain, un cœur qui s’accommodait un peu des situations, un cœur qui, selon le moment, allait d’un côté ou de l’autre ».
Certains pourraient l’appeler « un cœur diplomatique », mais pour le Pape il s’agit d’une définition erronée, « parce que la diplomatie est un métier très noble, un métier pour rapprocher les peuples, un métier pour faire la paix » ; tandis que « ceux-ci ne faisaient pas cette chose-là », au contraire ils avaient « un cœur hypocrite ». En effet « ils n’étaient pas intéressés par la vérité ; ils étaient intéressés par leur propre intérêt, selon le sens du vent ».
Au contraire, Jésus « nous enseigne que le chrétien doit avoir un cœur fort, ferme, qui grandit sur le roc, qui est le Christ, et puis dans la manière d’avancer, avec prudence ». En effet, a poursuivi le Pape, « on ne négocie pas le cœur, on ne négocie pas le roc. Le roc c’est le Christ, ce n’est pas négociable ! Tel est le drame de l’hypocrisie de ces gens ».
Ici, François a voulu ajouter un souvenir personnel, lié au temps où il était enfant, « quand le Pape Pie XII – a-t-il expliqué – nous libéra de cette croix si lourde qu’était le jeûne eucharistique. On ne pouvait pas même boire une goutte d’eau. Et pour se laver les dents, il fallait faire en sorte de ne pas avaler d’eau ». L’Evêque de Rome a confié : « Moi-même, enfant, je suis allé me confesser d’avoir fait la communion, par ce que je croyais avoir avalé une goutte d’eau ». C’est pourquoi quand le Pape Pacelli «a changé la discipline – “Ah, hérésie! Il a touché la discipline de l’Eglise !” — beaucoup de pharisiens se sont scandalisés. Beaucoup. Parce que Pie XII avait fait comme Jésus : il a vu le besoin des gens : “Mais pauvres gens, avec cette chaleur!”. Ces prêtres qui disaient trois Messes, l’une après l’autre, après midi, à jeun. Et ces pharisiens étaient ainsi – “notre discipline” – rigide à l’intérieur, mais, comme le dit Jésus, “putréfiés dans leur cœur”, faibles jusqu’à la putréfaction . Ténébreux dans leur cœur ».
Voilà « le drame de ces gens » que Jésus dénonce : « Hypocrites, vous allez où va le vent, selon l’opportunité, pour profiter ! ». En effet ils « cherchent toujours à profiter de quelque chose ». Et « notre vie aussi peut devenir ainsi », a dit le Pape qui a révélé : « Quelquefois quand j’ai vu un chrétien, une chrétienne comme cela, avec le cœur faible, et non ferme, pas solide sur le roc et avec tant de rigidité en dehors, j’ai demandé au Seigneur : jette devant lui une belle peau de banane pour qu’il fasse une belle glissade, qu’il ait honte d’être pécheur et qu’ainsi il te rencontre, toi le Sauveur ». Du reste, « si souvent un péché nous fait honte » et nous fait « rencontrer le Seigneur, qui nous pardonne ».
http://www.osservatoreromano.va