Du blog Belgicatho.
Un sujet d'actualité brûlant quand on prend le pouls de l'Eglise.
Cet auteur propose des solutions inspirées pour tenter de sortir du malaise actuel de la manière la plus chrétienne qui soit.
A lire et à méditer...
Peut-on critiquer le pape ?
De Gabriel Privat, sur son blog :
Le style pontifical actuel surprend et désarçonne, c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis le soir de son élection au souverain pontificat, le pape François a pris tout le monde à rebrousse-poil, sans exception, donnant des coups de férule à qui mieux mieux pour secouer non pas seulement les chrétiens, mais l’humanité assoupie dans sa fange.
Il a parlé du Diable et de ses ruses comme peu de pontifes l’avaient fait depuis les cinquante dernières années. Il a condamné les dérèglements de l’économie, l’indifférence face à la misère, la traite humaine, la violence non pas seulement guerrière mais économique et morale, les pêchés qui obscurcissent notre jugement, dans la plus parfaite continuité avec le précédent pontificat, mais en des termes d’une âpreté que jamais Benoît XVI ou Jean-Paul II n’auraient osé employer. Comme Pie XII jadis se rendait dans les quartiers de Rome bombardés par les alliés pour se mêler au peuple souffrant, au mépris des risques pour sa vie ; François a quitté le Vatican pour marcher au milieu des Romains manifestant contre l’avortement, en 2013. Il a multiplié les entretiens à des revues de différents pays pour parler directement aux peuples.
En somme, c’est un lutteur qui est monté sur le ring.
Mais François a aussi des idées bien à lui. Il a fait part de ses conceptions sur la relativité de la notion de mal en fonction de la conscience personnelle dans un entretien accordé au journaliste Eugenio Scalfari. Il a confirmé, dans un entretien au journal argentin la naçion qu’il était favorable à la levée de tous les interdits pesant sur les divorcés-remariés et à la simplification des procédures de déclaration de nullité de mariage. Certes, il a aussi expliqué qu’il se plierait au vote du prochain synode sur la famille et qu’il ne remettait pas en cause l’indissolubilité du mariage (même si la pratique pastorale qu’il veut mettre en pratique s’oppose à la foi qu’il proclame sur ce point.). Mais il se trouve que la tendance majoritaire du dit synode va dans le sens du pontife, que plusieurs cardinaux hostiles à la tendance que voulait imprimer le pape ont été écartés pour divers motifs, et qu’enfin une telle déclaration publique ne pourra qu’influencer les évêques et cardinaux dans leur choix final, soucieux de maintenir une stricte obéissance au pape.
Cependant rien n’est fait. La vie de l’Eglise, depuis deux mille ans, est emplie de rebondissements inattendus. Souvenons-nous de l’encyclique Humanae vitae de 1968, publiée à rebours de l’attente de la majorité des évêques d’Europe et des préconisations des commissions réunies par Paul VI. Souvenons-nous du synode de 1971 qui réaffirma l’exigence du célibat sacerdotal dans l’Eglise latine, au contraire des attentes de l’épiscopat catholique de Hollande, de Suisse et d’Allemagne.
Mais revenons à François. Ces déclarations, auxquelles s’ajoutent un style dépouillé qui passe mal chez certains, ont déclenché, depuis plusieurs mois, un climat de critiques permanentes, venimeuses, voilées ou publiques contre la personne même du pape et son enseignement. Ce climat de critique ne touche pas que les milieux traditionalistes français, mais aussi certains prêtres, quelques évêques et un petit nombre de cardinaux, dans le monde entier.
Il est vrai que l’enjeu est de taille. Autour de cette question des divorcés-remariés, c’est la question du mariage tel que conçu par l’Eglise depuis deux mille ans, sur la base de l’enseignement du Christ lui-même dans les Évangiles qui est en cause. C’est aussi la notion de pureté des corps, celle du sacrilège et du pêché qui peuvent être touchés par cette évolution non pas de pastorale mais de foi !
L’urgence dans laquelle se trouve le monde autorise-t-elle pour autant des chrétiens à cultiver l’aigreur, la critique stérile et permanente, la haine publique contre le pontife ?
Il y a, dans ces attitudes, une série de risques qu’il faut peser avant de parler :
– Le risque du péché privé. La médisance, la haine, la colère brutale et mauvaise sont des pêchés qui, même si leur cause est légitime, demeurent des maux en eux-mêmes. Ils retirent la grâce à ceux qui s’en rendent coupables. Nous savons où finissent les pêcheurs qui quittent cette terre hors de la grâce…
– Le risque du péché public. En rendant cette haine publique, ses auteurs la diffusent dans le monde, dévalorisent l’image de l’Eglise, des chrétiens et de Dieu lui-même aux yeux d’autres chrétiens, des membres d’autres religions et d’incroyants. Ils sèment le trouble et la confusion, ils entretiennent la division latente ou ouverte. C’est ce que saint Philippe Néri rappelait à sa pénitente médisante, en lui demandant, à sa première confession, en pénitence, de plumer une poule dans les rues de Rome, puis, après la deuxième confession, en pénitence, de retrouver toutes les plumes. C’était une mission impossible. De la même manière, les paroles de médisance publique sont irrattrapables. C’est pourquoi il ne faut parler qu’avec prudence et respect.
– Le risque de l’aveuglement. Il consiste, à force de haine recuite, à ne plus voir tout ce qui peut sortir de bon de la bouche du pape, tout ce qui est conforme à la foi et nous fait grandir en vertu dans son enseignement. Il consiste enfin à se défier de l’Eglise elle-même par haine et par sottise, en somme à ne plus faire confiance aux pasteurs qui ont la charge du troupeau des fidèles. Pourtant, l’expérience personnelle nous montre bien que même un prêtre aux idées étranges en matière de morale ou de dogmatique n’en demeure pas moins souvent un bon confesseur, un accompagnateur spirituel de confiance, un prédicateur capable, en somme un vrai lévite ! Cet aveuglement provient du passage d’un excès à l’autre : bien des fidèles font de leurs prêtres ou du pape des sortes de dieux vivants, infaillibles en toutes choses, des parfaits impeccables. A cause de ce travers, il abdiquent de leur raison, de leur capacité de jugement, et ne savent plus voir telle faiblesse, telle nuance qui les incite à se prendre en main eux-mêmes sur un point, tout en maintenant leur totale confiance à leurs pasteurs. Lorsque leurs yeux se dessillent, comme l’amoureux déçu, ils passent de l’adoration à la haine et au rejet. Avec le même aveuglement ils ne voient plus rien de bon en ceux qu’ils adorèrent jadis. Pourtant la faute est en eux et réside dans l’adoration déraisonnable qu’ils ont porté à des hommes qui n’étaient que les serviteurs du seul Dieu adorable.
– Le risque du schisme. En effet, à cultiver la division et la critique, on prend le risque, au moindre prétexte, à la moindre secousse un peu trop forte, de quitter l’Eglise, de se réfugier dans le groupe des purs, à l’écart des errants. Mais il y a là une très grave erreur de jugement. En effet, seule l’Eglise en tant qu’institution, à en croire l’Évangile, a reçu les promesses de la vie éternelle. Aussi, se réfugier dans un groupe à part, hors de l’Eglise, c’est prendre le risque de ne plus évaluer le monde que par son seul jugement, de s’éloigner toujours un peu plus de Dieu et de dériver doucement du schisme à l’hérésie, de l’hérésie à la secte et de là dans la déchéance commune autant qu’individuelle. A l’exception des églises orientales qui ont bien tenu contre l’injure du temps, il n’est pas d’exemple d’église schismatique ayant tenu dignement dans le temps, éloignée de l’Eglise universelle. Croire que l’Eglise n’est plus dans l’Eglise est une erreur qui peut conduire à augmenter sans cesse le nombre de ses fautes. Même si un pontife, même si un synode ou un concile proclament des erreurs et que celles-ci sont suivies pendant un temps plus ou moins long par des fidèles aveugles, l’Eglises reste toujours dans l’Eglise, c’est une vérité de foi qui ne peut pas être contestée, à moins de réfuter l’Ecriture elle-même.
Ainsi, critiquer ouvertement le pape comme cela se fait chez certains, est une erreur pleine de dangers. Alors que faire quand la foi est en danger ?
D’une part il convient de prendre conseil, de s’instruire et de prier pour s’assurer qu’il y a bien erreur et que le danger est aussi grand qu’on le pense.
D’autre part, dans ce temps de réflexion, la meilleure attitude reste le silence. C’est un silence souffrant peut-être, mais il ne peut être que bénéfique à la vie personnelle et à l’Eglise. Comme disait le père Garrigou-Lagrange (op) « Souffrir pour l’Eglise ou souffrir par l’Eglise, c’est toujours faire la gloire de Dieu. »
Enfin, si les craintes sur l’importance du danger se confirment, il vaut mieux conserver toujours l’attitude apaisée et sereine de celui qui a la certitude de mener le bon combat, il vaut mieux ne jamais perdre de vue que si un point de l’enseignement pontifical est défaillant cela n’invalide en aucune manière tous les autres points, que l’obéissance reste de mise, et que par conséquent il est préférable d’user d’abord tous les recours légaux internes à l’Eglise pour se faire entendre, avant de proclamer hautement son désaccord et, en quelque sorte, de déclarer la guerre à un parti dans l’Eglise.
L’Eglise a déjà connu des guerres internes sans qu’il y ait véritablement de schisme. Ce que l’on a appelé le grand schisme d’Occident à l’époque des papes d’Avignon, en est le plus bel exemple. C’est une série de conciles, à Constance, Florence et Ferrare qui ont mis fin à la guerre interne. Après bien des souffrances, l’Eglise est sortie renforcée et purifiée de cette lutte. Mais combien de haines et de pertes il a fallu engranger avant d’en arriver à la réconciliation ! Cet exemple, à lui seul, montre combien il faut tout tenter dans la paix, avant de se résoudre à une guerre qui ne doit en aucun cas sortir des bornes de l’Eglise. Très concrètement cela veut dire que même dans la lutte, il y a des bornes infranchissables, celles du droit canon.
Dieu fasse que cette extrémité ne soit jamais posée. En attendant, il faut écouter et vivre en cultivant l’esprit des Béatitudes. Le veilleur devant le camp est toujours vigilant, mais il se repose avant la venue du jour.
Un sujet d'actualité brûlant quand on prend le pouls de l'Eglise.
Cet auteur propose des solutions inspirées pour tenter de sortir du malaise actuel de la manière la plus chrétienne qui soit.
A lire et à méditer...
Peut-on critiquer le pape ?
De Gabriel Privat, sur son blog :
Le style pontifical actuel surprend et désarçonne, c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis le soir de son élection au souverain pontificat, le pape François a pris tout le monde à rebrousse-poil, sans exception, donnant des coups de férule à qui mieux mieux pour secouer non pas seulement les chrétiens, mais l’humanité assoupie dans sa fange.
Il a parlé du Diable et de ses ruses comme peu de pontifes l’avaient fait depuis les cinquante dernières années. Il a condamné les dérèglements de l’économie, l’indifférence face à la misère, la traite humaine, la violence non pas seulement guerrière mais économique et morale, les pêchés qui obscurcissent notre jugement, dans la plus parfaite continuité avec le précédent pontificat, mais en des termes d’une âpreté que jamais Benoît XVI ou Jean-Paul II n’auraient osé employer. Comme Pie XII jadis se rendait dans les quartiers de Rome bombardés par les alliés pour se mêler au peuple souffrant, au mépris des risques pour sa vie ; François a quitté le Vatican pour marcher au milieu des Romains manifestant contre l’avortement, en 2013. Il a multiplié les entretiens à des revues de différents pays pour parler directement aux peuples.
En somme, c’est un lutteur qui est monté sur le ring.
Mais François a aussi des idées bien à lui. Il a fait part de ses conceptions sur la relativité de la notion de mal en fonction de la conscience personnelle dans un entretien accordé au journaliste Eugenio Scalfari. Il a confirmé, dans un entretien au journal argentin la naçion qu’il était favorable à la levée de tous les interdits pesant sur les divorcés-remariés et à la simplification des procédures de déclaration de nullité de mariage. Certes, il a aussi expliqué qu’il se plierait au vote du prochain synode sur la famille et qu’il ne remettait pas en cause l’indissolubilité du mariage (même si la pratique pastorale qu’il veut mettre en pratique s’oppose à la foi qu’il proclame sur ce point.). Mais il se trouve que la tendance majoritaire du dit synode va dans le sens du pontife, que plusieurs cardinaux hostiles à la tendance que voulait imprimer le pape ont été écartés pour divers motifs, et qu’enfin une telle déclaration publique ne pourra qu’influencer les évêques et cardinaux dans leur choix final, soucieux de maintenir une stricte obéissance au pape.
Cependant rien n’est fait. La vie de l’Eglise, depuis deux mille ans, est emplie de rebondissements inattendus. Souvenons-nous de l’encyclique Humanae vitae de 1968, publiée à rebours de l’attente de la majorité des évêques d’Europe et des préconisations des commissions réunies par Paul VI. Souvenons-nous du synode de 1971 qui réaffirma l’exigence du célibat sacerdotal dans l’Eglise latine, au contraire des attentes de l’épiscopat catholique de Hollande, de Suisse et d’Allemagne.
Mais revenons à François. Ces déclarations, auxquelles s’ajoutent un style dépouillé qui passe mal chez certains, ont déclenché, depuis plusieurs mois, un climat de critiques permanentes, venimeuses, voilées ou publiques contre la personne même du pape et son enseignement. Ce climat de critique ne touche pas que les milieux traditionalistes français, mais aussi certains prêtres, quelques évêques et un petit nombre de cardinaux, dans le monde entier.
Il est vrai que l’enjeu est de taille. Autour de cette question des divorcés-remariés, c’est la question du mariage tel que conçu par l’Eglise depuis deux mille ans, sur la base de l’enseignement du Christ lui-même dans les Évangiles qui est en cause. C’est aussi la notion de pureté des corps, celle du sacrilège et du pêché qui peuvent être touchés par cette évolution non pas de pastorale mais de foi !
L’urgence dans laquelle se trouve le monde autorise-t-elle pour autant des chrétiens à cultiver l’aigreur, la critique stérile et permanente, la haine publique contre le pontife ?
Il y a, dans ces attitudes, une série de risques qu’il faut peser avant de parler :
– Le risque du péché privé. La médisance, la haine, la colère brutale et mauvaise sont des pêchés qui, même si leur cause est légitime, demeurent des maux en eux-mêmes. Ils retirent la grâce à ceux qui s’en rendent coupables. Nous savons où finissent les pêcheurs qui quittent cette terre hors de la grâce…
– Le risque du péché public. En rendant cette haine publique, ses auteurs la diffusent dans le monde, dévalorisent l’image de l’Eglise, des chrétiens et de Dieu lui-même aux yeux d’autres chrétiens, des membres d’autres religions et d’incroyants. Ils sèment le trouble et la confusion, ils entretiennent la division latente ou ouverte. C’est ce que saint Philippe Néri rappelait à sa pénitente médisante, en lui demandant, à sa première confession, en pénitence, de plumer une poule dans les rues de Rome, puis, après la deuxième confession, en pénitence, de retrouver toutes les plumes. C’était une mission impossible. De la même manière, les paroles de médisance publique sont irrattrapables. C’est pourquoi il ne faut parler qu’avec prudence et respect.
– Le risque de l’aveuglement. Il consiste, à force de haine recuite, à ne plus voir tout ce qui peut sortir de bon de la bouche du pape, tout ce qui est conforme à la foi et nous fait grandir en vertu dans son enseignement. Il consiste enfin à se défier de l’Eglise elle-même par haine et par sottise, en somme à ne plus faire confiance aux pasteurs qui ont la charge du troupeau des fidèles. Pourtant, l’expérience personnelle nous montre bien que même un prêtre aux idées étranges en matière de morale ou de dogmatique n’en demeure pas moins souvent un bon confesseur, un accompagnateur spirituel de confiance, un prédicateur capable, en somme un vrai lévite ! Cet aveuglement provient du passage d’un excès à l’autre : bien des fidèles font de leurs prêtres ou du pape des sortes de dieux vivants, infaillibles en toutes choses, des parfaits impeccables. A cause de ce travers, il abdiquent de leur raison, de leur capacité de jugement, et ne savent plus voir telle faiblesse, telle nuance qui les incite à se prendre en main eux-mêmes sur un point, tout en maintenant leur totale confiance à leurs pasteurs. Lorsque leurs yeux se dessillent, comme l’amoureux déçu, ils passent de l’adoration à la haine et au rejet. Avec le même aveuglement ils ne voient plus rien de bon en ceux qu’ils adorèrent jadis. Pourtant la faute est en eux et réside dans l’adoration déraisonnable qu’ils ont porté à des hommes qui n’étaient que les serviteurs du seul Dieu adorable.
– Le risque du schisme. En effet, à cultiver la division et la critique, on prend le risque, au moindre prétexte, à la moindre secousse un peu trop forte, de quitter l’Eglise, de se réfugier dans le groupe des purs, à l’écart des errants. Mais il y a là une très grave erreur de jugement. En effet, seule l’Eglise en tant qu’institution, à en croire l’Évangile, a reçu les promesses de la vie éternelle. Aussi, se réfugier dans un groupe à part, hors de l’Eglise, c’est prendre le risque de ne plus évaluer le monde que par son seul jugement, de s’éloigner toujours un peu plus de Dieu et de dériver doucement du schisme à l’hérésie, de l’hérésie à la secte et de là dans la déchéance commune autant qu’individuelle. A l’exception des églises orientales qui ont bien tenu contre l’injure du temps, il n’est pas d’exemple d’église schismatique ayant tenu dignement dans le temps, éloignée de l’Eglise universelle. Croire que l’Eglise n’est plus dans l’Eglise est une erreur qui peut conduire à augmenter sans cesse le nombre de ses fautes. Même si un pontife, même si un synode ou un concile proclament des erreurs et que celles-ci sont suivies pendant un temps plus ou moins long par des fidèles aveugles, l’Eglises reste toujours dans l’Eglise, c’est une vérité de foi qui ne peut pas être contestée, à moins de réfuter l’Ecriture elle-même.
Ainsi, critiquer ouvertement le pape comme cela se fait chez certains, est une erreur pleine de dangers. Alors que faire quand la foi est en danger ?
D’une part il convient de prendre conseil, de s’instruire et de prier pour s’assurer qu’il y a bien erreur et que le danger est aussi grand qu’on le pense.
D’autre part, dans ce temps de réflexion, la meilleure attitude reste le silence. C’est un silence souffrant peut-être, mais il ne peut être que bénéfique à la vie personnelle et à l’Eglise. Comme disait le père Garrigou-Lagrange (op) « Souffrir pour l’Eglise ou souffrir par l’Eglise, c’est toujours faire la gloire de Dieu. »
Enfin, si les craintes sur l’importance du danger se confirment, il vaut mieux conserver toujours l’attitude apaisée et sereine de celui qui a la certitude de mener le bon combat, il vaut mieux ne jamais perdre de vue que si un point de l’enseignement pontifical est défaillant cela n’invalide en aucune manière tous les autres points, que l’obéissance reste de mise, et que par conséquent il est préférable d’user d’abord tous les recours légaux internes à l’Eglise pour se faire entendre, avant de proclamer hautement son désaccord et, en quelque sorte, de déclarer la guerre à un parti dans l’Eglise.
L’Eglise a déjà connu des guerres internes sans qu’il y ait véritablement de schisme. Ce que l’on a appelé le grand schisme d’Occident à l’époque des papes d’Avignon, en est le plus bel exemple. C’est une série de conciles, à Constance, Florence et Ferrare qui ont mis fin à la guerre interne. Après bien des souffrances, l’Eglise est sortie renforcée et purifiée de cette lutte. Mais combien de haines et de pertes il a fallu engranger avant d’en arriver à la réconciliation ! Cet exemple, à lui seul, montre combien il faut tout tenter dans la paix, avant de se résoudre à une guerre qui ne doit en aucun cas sortir des bornes de l’Eglise. Très concrètement cela veut dire que même dans la lutte, il y a des bornes infranchissables, celles du droit canon.
Dieu fasse que cette extrémité ne soit jamais posée. En attendant, il faut écouter et vivre en cultivant l’esprit des Béatitudes. Le veilleur devant le camp est toujours vigilant, mais il se repose avant la venue du jour.