VIDÉO. Quand le pape François demande à un prêtre "martyr" de le bénir
Regardez le geste du Pape François, bouleversé par le témoignage poignant d'un prêtre durement éprouvé durant le conflit des Balkans
ARY WALDIR RAMOS DÍAZ (23) 16.06.2015
Aleteia
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Bouleversé par le témoignage poignant du père Zvonimir Matijević, durement éprouvé durant le conflit des Balkans, le Saint-Père, dans un geste hautement symbolique, incline la tête et demande au prêtre de le bénir.
Et soudain, le 266e successeur de Pierre demande à un prêtre, torturé durant la guerre des Balkans, de le bénir. C'était samedi 6 juin 2015, dans la cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), dans le cadre du huitième voyage apostolique du Pape dans un pays où cohabitent dans un équilibre fragile Croates, Serbes et Bosniaques musulmans. Cette visite de François était placée sous le signe de la paix.
Le serment de ne pas haïr ses bourreaux
La voix brisée, le père Zvonimir Matijević a raconté au pape François les tortures et violences qu'il avait endurées durant la guerre des Balkans. Malgré une transfusion de six litres de sang et une "sclérose multiple" due à ses blessures, il avait fait le serment devant Dieu de ne pas haïr ses bourreaux et demandé, au contraire, au Seigneur de leur pardonner pour tout le mal qu'ils avaient fait : "Moi, Père Zvonimir, je pardonne de tout cœur à ceux qui m'ont fait du mal et prie pour que Dieu Miséricordieux leur pardonne et qu'ils se convertissent en trouvant le chemin du bien".
À la fin de ce témoignage poignant, le pape François visiblement ému, dans un geste hautement symbolique, s'est incliné et a demandé la bénédiction du prêtre de 60 ans, qui a lâché ses béquilles pour imposer les mains sur le chef spirituel de 1,2 milliard de catholiques à travers le monde.
Le prêtre du diocèse de Banja Luka, ordonné en 1987, a raconté à François que le conflit, qui avait débuté en Croatie, s'était étendu à toute la Bosnie-Herzégovine, tuant de nombreuses personnes innocentes, comme son ami et paroissien Alojz Kelava, pédiatre. "Tout le monde me disait de partir, mais je n'ai pas voulu abandonner mes paroissiens face à de tels dangers."
Ne pas oublier les martyrs d'hier et d'aujourd'hui
Après avoir entendu ces paroles de miséricorde, ainsi que les témoignages de Sœur Ljubic et du père Jozo, une religieuse et un prêtre franciscain qui avaient été torturés, menacés et maltraités, François a laissé de côté son discours préparé et exigé de l'Église qu'elle n'oublie pas les martyrs de la foi d'aujourd'hui et d'hier. "Voici trois martyrs", a-t-il lancé en désignant les témoins devant lui et, citant la lettre de saint Paul aux Hébreux, le pape François a ajouté qu'il ne fallait pas oublier "nos ancêtres de la foi".
"Dans votre sang, dans votre vocation, coule le sang de ces trois martyrs. Et aussi le sang de tant de religieux, tant de prêtres, tant de séminaristes. L'auteur de la lettre aux Hébreux nous dit : 'S'il vous plaît, n'oubliez pas vos ancêtres, ceux qui nous ont transmis la foi'. Eux [désignant les témoins] leur ont transmis la foi ; ils ont transmis comment se vit la foi. Le même Paul nous dit : 'N'oubliez pas Jésus-Christ, le premier martyr'. Et ils ont suivi les pas de Jésus", s'est ému le Pape.
Dans la cathédrale de Sarajevo, le Souverain Pontife a rencontré les prêtres et religieuses qui ont survécu aux atrocités de la guerre, les invitant à continuer à prier et à espérer revoir fleurir les familles, les vocations et l'Église dans le pays.
Adapté de l'espagnol par Élisabeth de Lavigne