vendredi 29 janvier 2016
Un grand bol de confiance plutôt que de l’agacement
Plaidoyer pour faire grandir l’amour envers le successeur de Pierre
Le Seigneur a appelé à lui un homme simple et faible, qui se contentait de pêcher des poissons, pour faire de lui le rocher de son Église. Si l’on prend au sérieux cet appel, il s’agit pour tout observateur lointain de l’Histoire l’Église d’un fait presque insoutenable : combien de fois, semble-t-il, l’Église n’a-t-elle pas failli à cette mission ?
Accepter notre Pape et notre Église malgré leurs imperfections
Notre Église peut se réjouir du fait que le Seigneur, avant de retourner auprès du Père, a donné au monde entier, en la personne de Pierre, une tête visible de sa personne jusqu’à la fin des temps. C’est un homme faible et simple que le Seigneur a choisi. Comme le rappelle Markus Brüning, juriste et théologien catholique, sur le site de nos confrères de kath.net, cet appel se déploie dans toute l’Histoire et jusqu’à l’actuel évêque de Rome, lui aussi héritier de Pierre. Pourtant, il est souvent reproché aux Papes de ne pas toujours avoir été à la hauteur de cet appel.
La charge perpétuelle de Pierre est une grâce infinie donnée par Dieu à son Église, témoin de la confiance immense qu’il place en elle. Dieu sait la nécessité de cette charge qui seule peut garantir l’unité de son Eglise. Et il ne peut mettre au sommet de cette Eglise qu’un pécheur, que seule la grâce de Dieu peut rendre capable d’exercer ce service. Ici encore, Dieu poursuit son œuvre d’incarnation : c’est à travers un homme précisément désigné qu’il souhaite conduire son troupeau de manière sensible et visible.
En tant que catholiques, nous ne pouvons qu’être touchés par cette confiance que Dieu nous fait en nous offrant la personne du Pape. Il nous incombe de faire preuve d’une même confiance en Dieu en acceptant notre pape et notre Eglise malgré toutes ses imperfections.
Makus Brüning poursuit. Je dois maintenant faire une confession personnelle concernant ma propre imperfection : depuis que le Pape François a reçu la charge de saint Pierre, je me suis rendu compte de nombreuses fois qu’il me manquait cette confiance. J’avais sans doute donné trop de poids à des détails superficiels et je n’étais pas prêt à prendre au sérieux la demande spécifique de notre Pape François.
Arrêtons de nous préoccuper de nous-mêmes
Très vite, fort d’une assurance déplacée, j’ai ressenti un sentiment de supériorité à me croire « plus papiste que le pape ». De nombreuses déclarations du Pape me semblaient assez irritantes et je voyais en elles la preuve d’un manque d’amour envers son Eglise. Mais j’ai fini par me dire : « Allez, faisons confiance en Dieu et en celui qu’il a choisi à la tête de son Eglise ! Nous verrons bien comment Dieu se débrouille pour que l’héritier de Pierre continue à le servir encore d’une nouvelle manière ».
Le Pape François veut en effet nous montrer que la vocation de l’Eglise n’est pas d’abord de se préoccuper de son pré-carré mais d’entrer en contact avec les périphéries de la société. Ces dernières décennies, il faut bien reconnaître que nous nous sommes accoutumés à beaucoup nous occuper de nous-mêmes : crise de la liturgie, crise de la confession, crise de l’instruction et de la transmission de la foi, etc. Et la mission de l’Eglise dans le monde ?
Pourquoi le Christ a-t-il voulu qu’une telle Église existe ?
Le rôle des évêques n’est pas de concevoir des plans de pastorale, il ne s’agit pas de se tourner vers l’extérieur comme le ferait une entreprise ou un parti politique. Ce que souhaite le pape François, qui rejoint sur ce point son prédécesseur Benoît XVI, c’est que l’Église apprenne à se distinguer du monde et soit capable de retrouver ses racines évangéliques en allant vers les égarés. Il éprouve plus de joie en voyant le pécheur se convertir qu’en voyant les 99 justes, qui n’ont pas besoin de se convertir.
C’est pour cette raison que le pape François a raison quand il dit qu’il « préfère une Église blessée, une Église pleine de boue parce qu’elle est allée dans la rue, à une Église qui, à cause de sa fermeture, de son confort, de sa sécurité, est devenue malade ». C’est de cette idée que découle sa vision de l’Église comme un hôpital de campagne.
Pourquoi ne pas lui faire confiance ?
Le Pape perçoit avec force à quel point des personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Eglise, sont aujourd’hui puissamment blessées. L’Église est là pour soigner les plaies et non pour les aggraver. Le Pape renouvelle l’image même du Christ qui est venu pour soigner par priorité ceux qui sont malades. Il souhaite que les hommes qui sont tombés, qui souffrent de leurs péchés, puissent trouver une porte ouverte qu’ils avaient crue fermée. Et cela n’est pas possible en les montrant du doigt : seul l’amour du père peut faire ce travail, l’amour du père qui le pousse à embrasser son fils égaré et à le prendre dans ses bras sans y mettre de condition.
Pourquoi avoir peur que le pape édulcore l’enseignement moral de l’Église ? Il n’a cessé de dire qu’il était un fils de l’Église. Pourquoi ne pas lui faire confiance ? Le cœur de la morale n’est-il pas justement d’avoir le cœur tout prêt à exercer sa miséricorde ? C’est pour cette raison que François a mis la miséricorde au cœur de son enseignement. La lecture de son livre Le Nom de Dieu est miséricorde montre qu’il parle en tant que grand connaisseur de la vie concrète et qu’il ne reste pas simplement dans le domaine de la théorie et de la pure morale. Ce livre laisse paraître le modèle d’un évêque qui ose aller à la rencontre de tout le monde, notamment des prostituées, tel le Christ qui allait, pour le plus grand scandale de beaucoup, manger avec les pécheurs.
« Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable »
Il faut revenir aux premières paroles prononcées par le Pape après son entrée en fonction pour comprendre ses actes et leur sens : « Nous pouvons aller aussi loin que nous voulons, bâtir tout ce que nous pouvons, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne sert à rien. Nous serons une belle ONG très efficace, mais pas l’Eglise, l’Épouse du Christ ». Si l’on ne bâtit pas sur la pierre, que se passe-t-il ? Il se passe la même chose que lorsque les enfants construisent des châteaux dans le sable. Cela n’a aucune solidité. Tout finit par s’écrouler. Si l’on ne confesse pas le Christ, alors viennent les mots de Léon Bloy : « Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable».
Celui qui ne prie pas le Seigneur Jésus Christ prie le Diable ! Quelle phrase décapante ! François a l’art de dire la vérité sans fard. Avec cette phrase d’introduction de son pontificat, on ne peut pas lui reprocher de faire du syncrétisme ou de l’humanisme sans Dieu : le pape sait parfaitement sur quel fondement il repose. Et il sait aussi qui est le véritable adversaire de l’Église : Satan. Mais il n’oublie jamais que toutes les femmes et tous les hommes sont des créatures de Dieu, des créatures que Dieu aime infiniment.
Voir en François l’homme de prière
Enfin un dernier mot, écrit Markus Brüning : « Je comprends les débats autour des chaussures noires du pape, de sa manière de se vêtir quand il donne la bénédiction Urbi et Orbi, mais ils ne mènent nulle part. Ne voyez-vous pas la si profonde piété de notre Pape ?
Que celui qui a encore des doutes sur sa personne le regarde attentivement : c’est un homme de prière. Il passe chaque jour du temps devant le tabernacle. Il vénère la Mère du Seigneur avec un amour très profond, presque comme un enfant. Ses homélies sont comme des prières à haute voix qui laissent entrevoir une vie spirituelle extrêmement riche. Sur ce point, nous avons tous à apprendre du Pape. Quand je le vois, je me dis toujours que je ne prie pas assez, que c’est la prière qui me donnera la joie et la sérénité et me disposera à aimer mon prochain comme le Seigneur me le demande. »
« Jésus, j’ai confiance en toi ! » : voilà ce qu’on peut lire sur chaque image du Christ miséricordieux que sainte Faustine nous a offerte. Je te remercie Seigneur de nous avoir donné notre très Saint-Père le pape François, qui, par son exemple et son enseignement, nous montre que le Nom de Dieu est Miséricorde. Fais en sorte que nous tâchions de ne pas nous énerver lorsque l’on ne comprend pas notre Pape. Donne-nous plutôt une grande sérénité et un amour sincère envers ton représentant visible sur Terre.
par Jules Germain
Un grand bol de confiance plutôt que de l’agacement
Plaidoyer pour faire grandir l’amour envers le successeur de Pierre
Le Seigneur a appelé à lui un homme simple et faible, qui se contentait de pêcher des poissons, pour faire de lui le rocher de son Église. Si l’on prend au sérieux cet appel, il s’agit pour tout observateur lointain de l’Histoire l’Église d’un fait presque insoutenable : combien de fois, semble-t-il, l’Église n’a-t-elle pas failli à cette mission ?
Accepter notre Pape et notre Église malgré leurs imperfections
Notre Église peut se réjouir du fait que le Seigneur, avant de retourner auprès du Père, a donné au monde entier, en la personne de Pierre, une tête visible de sa personne jusqu’à la fin des temps. C’est un homme faible et simple que le Seigneur a choisi. Comme le rappelle Markus Brüning, juriste et théologien catholique, sur le site de nos confrères de kath.net, cet appel se déploie dans toute l’Histoire et jusqu’à l’actuel évêque de Rome, lui aussi héritier de Pierre. Pourtant, il est souvent reproché aux Papes de ne pas toujours avoir été à la hauteur de cet appel.
La charge perpétuelle de Pierre est une grâce infinie donnée par Dieu à son Église, témoin de la confiance immense qu’il place en elle. Dieu sait la nécessité de cette charge qui seule peut garantir l’unité de son Eglise. Et il ne peut mettre au sommet de cette Eglise qu’un pécheur, que seule la grâce de Dieu peut rendre capable d’exercer ce service. Ici encore, Dieu poursuit son œuvre d’incarnation : c’est à travers un homme précisément désigné qu’il souhaite conduire son troupeau de manière sensible et visible.
En tant que catholiques, nous ne pouvons qu’être touchés par cette confiance que Dieu nous fait en nous offrant la personne du Pape. Il nous incombe de faire preuve d’une même confiance en Dieu en acceptant notre pape et notre Eglise malgré toutes ses imperfections.
Makus Brüning poursuit. Je dois maintenant faire une confession personnelle concernant ma propre imperfection : depuis que le Pape François a reçu la charge de saint Pierre, je me suis rendu compte de nombreuses fois qu’il me manquait cette confiance. J’avais sans doute donné trop de poids à des détails superficiels et je n’étais pas prêt à prendre au sérieux la demande spécifique de notre Pape François.
Arrêtons de nous préoccuper de nous-mêmes
Très vite, fort d’une assurance déplacée, j’ai ressenti un sentiment de supériorité à me croire « plus papiste que le pape ». De nombreuses déclarations du Pape me semblaient assez irritantes et je voyais en elles la preuve d’un manque d’amour envers son Eglise. Mais j’ai fini par me dire : « Allez, faisons confiance en Dieu et en celui qu’il a choisi à la tête de son Eglise ! Nous verrons bien comment Dieu se débrouille pour que l’héritier de Pierre continue à le servir encore d’une nouvelle manière ».
Le Pape François veut en effet nous montrer que la vocation de l’Eglise n’est pas d’abord de se préoccuper de son pré-carré mais d’entrer en contact avec les périphéries de la société. Ces dernières décennies, il faut bien reconnaître que nous nous sommes accoutumés à beaucoup nous occuper de nous-mêmes : crise de la liturgie, crise de la confession, crise de l’instruction et de la transmission de la foi, etc. Et la mission de l’Eglise dans le monde ?
Pourquoi le Christ a-t-il voulu qu’une telle Église existe ?
Le rôle des évêques n’est pas de concevoir des plans de pastorale, il ne s’agit pas de se tourner vers l’extérieur comme le ferait une entreprise ou un parti politique. Ce que souhaite le pape François, qui rejoint sur ce point son prédécesseur Benoît XVI, c’est que l’Église apprenne à se distinguer du monde et soit capable de retrouver ses racines évangéliques en allant vers les égarés. Il éprouve plus de joie en voyant le pécheur se convertir qu’en voyant les 99 justes, qui n’ont pas besoin de se convertir.
C’est pour cette raison que le pape François a raison quand il dit qu’il « préfère une Église blessée, une Église pleine de boue parce qu’elle est allée dans la rue, à une Église qui, à cause de sa fermeture, de son confort, de sa sécurité, est devenue malade ». C’est de cette idée que découle sa vision de l’Église comme un hôpital de campagne.
Pourquoi ne pas lui faire confiance ?
Le Pape perçoit avec force à quel point des personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Eglise, sont aujourd’hui puissamment blessées. L’Église est là pour soigner les plaies et non pour les aggraver. Le Pape renouvelle l’image même du Christ qui est venu pour soigner par priorité ceux qui sont malades. Il souhaite que les hommes qui sont tombés, qui souffrent de leurs péchés, puissent trouver une porte ouverte qu’ils avaient crue fermée. Et cela n’est pas possible en les montrant du doigt : seul l’amour du père peut faire ce travail, l’amour du père qui le pousse à embrasser son fils égaré et à le prendre dans ses bras sans y mettre de condition.
Pourquoi avoir peur que le pape édulcore l’enseignement moral de l’Église ? Il n’a cessé de dire qu’il était un fils de l’Église. Pourquoi ne pas lui faire confiance ? Le cœur de la morale n’est-il pas justement d’avoir le cœur tout prêt à exercer sa miséricorde ? C’est pour cette raison que François a mis la miséricorde au cœur de son enseignement. La lecture de son livre Le Nom de Dieu est miséricorde montre qu’il parle en tant que grand connaisseur de la vie concrète et qu’il ne reste pas simplement dans le domaine de la théorie et de la pure morale. Ce livre laisse paraître le modèle d’un évêque qui ose aller à la rencontre de tout le monde, notamment des prostituées, tel le Christ qui allait, pour le plus grand scandale de beaucoup, manger avec les pécheurs.
« Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable »
Il faut revenir aux premières paroles prononcées par le Pape après son entrée en fonction pour comprendre ses actes et leur sens : « Nous pouvons aller aussi loin que nous voulons, bâtir tout ce que nous pouvons, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne sert à rien. Nous serons une belle ONG très efficace, mais pas l’Eglise, l’Épouse du Christ ». Si l’on ne bâtit pas sur la pierre, que se passe-t-il ? Il se passe la même chose que lorsque les enfants construisent des châteaux dans le sable. Cela n’a aucune solidité. Tout finit par s’écrouler. Si l’on ne confesse pas le Christ, alors viennent les mots de Léon Bloy : « Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable».
Celui qui ne prie pas le Seigneur Jésus Christ prie le Diable ! Quelle phrase décapante ! François a l’art de dire la vérité sans fard. Avec cette phrase d’introduction de son pontificat, on ne peut pas lui reprocher de faire du syncrétisme ou de l’humanisme sans Dieu : le pape sait parfaitement sur quel fondement il repose. Et il sait aussi qui est le véritable adversaire de l’Église : Satan. Mais il n’oublie jamais que toutes les femmes et tous les hommes sont des créatures de Dieu, des créatures que Dieu aime infiniment.
Voir en François l’homme de prière
Enfin un dernier mot, écrit Markus Brüning : « Je comprends les débats autour des chaussures noires du pape, de sa manière de se vêtir quand il donne la bénédiction Urbi et Orbi, mais ils ne mènent nulle part. Ne voyez-vous pas la si profonde piété de notre Pape ?
Que celui qui a encore des doutes sur sa personne le regarde attentivement : c’est un homme de prière. Il passe chaque jour du temps devant le tabernacle. Il vénère la Mère du Seigneur avec un amour très profond, presque comme un enfant. Ses homélies sont comme des prières à haute voix qui laissent entrevoir une vie spirituelle extrêmement riche. Sur ce point, nous avons tous à apprendre du Pape. Quand je le vois, je me dis toujours que je ne prie pas assez, que c’est la prière qui me donnera la joie et la sérénité et me disposera à aimer mon prochain comme le Seigneur me le demande. »
« Jésus, j’ai confiance en toi ! » : voilà ce qu’on peut lire sur chaque image du Christ miséricordieux que sainte Faustine nous a offerte. Je te remercie Seigneur de nous avoir donné notre très Saint-Père le pape François, qui, par son exemple et son enseignement, nous montre que le Nom de Dieu est Miséricorde. Fais en sorte que nous tâchions de ne pas nous énerver lorsque l’on ne comprend pas notre Pape. Donne-nous plutôt une grande sérénité et un amour sincère envers ton représentant visible sur Terre.
par Jules Germain