« Sous peine d’innocence », le parcours d’un condamné idéal
Marie Soyeux, le 01/03/2017 à 15h15
Ce documentaire qui sort en salles le 1er mars, raconte l’amitié indéfectible d’un détenu américain emprisonné à tort et d’un aumônier français. Une histoire vraie et des personnes fortes, mais desservies par une réalisation outrancière.
ZOOM
Sous peine d'innocence. / Pierre Barnérias
Documentaire français – 1 h 34
Pierre Barnérias, ancien grand reporter, consacre son nouveau documentaire à une rencontre qui marqua sa carrière et sa vie. Celle de Severino Diaz, un New-Yorkais d’origine cubaine accusé du meurtre d’un homme, qui – au terme d’un procès bâclé où il ne cessa de clamer son innocence – fut condamné à quinze ans de prison en 1983. Une fois sa peine purgée, refusant toujours de se dire coupable, ses demandes de libération sont rejetées les unes après les autres. Il passera au total 25 années incarcéré, jusqu’à l’intervention d’un avocat en vue.
Lorsque Pierre Barnérias le rencontre, Severino Diaz est toujours derrière les barreaux et puise sa force dans le soutien et l’amitié de Pierre Raphaël, aumônier français du centre pénitencier de Rikers Island. Le documentariste retrace leur compagnonnage, depuis la création d’une maison de réhabilitation pour personnes en fin de peine par l’aumônier et une religieuse (la Maison d’Abraham, dans le Bronx), jusqu’à la libération de Severino Diaz.
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Ce documentaire s’inscrit dans la lignée des films dénonçant les dysfonctionnements du système judiciaire américain. L’histoire est forte, les personnes concernées ne le sont pas moins. Mais plusieurs faiblesses minent considérablement le documentaire lui-même.
Une émotion inutilement surlignée
Il manque d’abord parfois de pédagogie : les rouages du système du « plaider coupable », spécifiquement américain, n’y sont pas toujours clairement expliqués. Surtout, la réalisation dramatise à l’excès un parcours de vie dont le drame et la dignité auraient été suffisamment éloquents sans y ajouter ces notes de piano plaintives, cette musique épique, et autres procédés crispants, plus télévisuels que cinématographiques, qui excitent sans nécessité l’émotion.
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Autre centre de gravité du film, la question des structures alternatives à l’incarcération est intéressante – d’autant que la Maison d’Abraham semble présenter des résultats satisfaisants en termes de lutte contre la récidive. Mais là encore, trop d’éléments manquent. Comment fonctionne-t-elle exactement ? Les témoignages d’anciens détenus, pour positifs qu’ils soient, éclairent peu le spectateur.
Marie Soyeux
http://www.la-croix.com/Culture/Cinema/Sous-peine-dinnocence-parcours-condamne-ideal-2017-03-01-1200828551