MOUSTIER-EN-FAGNE
Un moine primé par l’Académie française pour son travail sur saint Thomas
Le frère Jean-Éric, de Moustier-en-Fagne, recevra, sous la Coupole, jeudi, un Grand Prix de l’Académie française pour sa traduction du latin au français des Commentaires des lettres de saint Paul aux communautés de saint Thomas d’Aquin.
Par Géraldine Beys | Publié le 24/11/2017
Le moine Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy devant la Maison espagnole de Moustier-en-Fagne à deux pas du prieuré.
PHOTO SAMI BELLOUMI - VDNPQR
C’est un homme lumineux qui nous ouvre la porte de la Maison Espagnole (Notre-Dame des-Près). Crâne dégarni, vêtu de la tunique blanche des bénédictins olivétains, le frère Jean-Éric nous fait entrer. Un poêle fort actif des Fonderies de Couvin rajoute à la chaleur de cet accueil monastique. C’est ici, au cœur des Fagnes, à quelques lieues de Chimay, que Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy traduit saint Thomas d’Aquin. « Quand j’ai commencé, peu de personnes s’intéressaient à ce travail et puis petit à petit ça a gagné. Pour que l’Académie ait pris ça en considération c’est un signe. » De Dieu ? Qui sait ? Une certitude : son travail de traduction lui vaudra, jeudi, de recevoir sous la Coupole un Grand Prix de l’Académie française.
« À l’époque, je me suis dit pourquoi lui avait-on interdit de lire du saint Thomas ? »
Saint Thomas, frère prêcheur dominicain du XIIIes, a laissé une œuvre immense. Très connue est sa Somme de théologie. Beaucoup moins le sont ses Commentaires de la Bible. Ou du moins l’étaient. Saint Thomas a commenté des livres entiers de l’Écriture, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Eh bien toute sa vie ou presque, il se sera trouvé un religieux pour s’y plonger. Le frère Jean-Éric. Qui est venu à Thomas d’Aquin par attrait de l’interdit. C’est d’abord le père Emmanuel Latteur qui lui raconte avoir lu saint Thomas en cachette parce que sa lecture avait été interdite par le maître des clercs de son abbaye. « À l’époque, je me suis dit pourquoi lui avait-on interdit de lire du saint Thomas ? », s’interroge le jeune Jean-Éric. Il n’en faudra pas plus pour qu’il s’intéresse... à saint Thomas.
Plus tard, ce sera le père Emmanuel Jacquier, son maître de novices, qui l’incitera à traduire le Commentaire de l’évangile de saint Jean. Frère Jean-Éric est alors en Suisse à l’abbaye bénédictine de Port-Valais. « Puis, les commentaires des 54 premiers psaumes ». Impossible de faire marche arrière tant saint Thomas est intéressant, ouvert à tout, dialoguant avec tous, chrétiens, juifs, arabes et aussi fait montre d’une profonde humilité. Frère Jean-Éric continuera son travail à Moustier d’autant plus qu’il est soutenu par sa communauté. Ainsi, de commentaire en commentaire arrivera le tour des épîtres de saint Paul (les lettres de saint Paul aux communautés). Avec une pépite. L’explication de la prédestination par saint Thomas dans son Commentaire de l’épître aux Romains : « L’homme n’est prédestiné qu’au bonheur ».
Le moine Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy devant la Maison espagnole de Moustier-en-Fagne à deux pas du prieuré. PHOTO SAMI BELLOUMI
Pour son travail de traduction, sept volumes (éditions du Cerf), Frère Jean-Éric a reçu la collaboration de Gilbert Dahan, fin connaisseur de l’exégèse médiévale latine et de Jean Borella, professeur émérite de philosophie antique et médiévale. Sans oublier le philosophe et académicien Jean-Luc Marion qui souhaitait voir ce travail mis en lumière. Il le sera jeudi 30 novembre.
Pour aller plus loin
http://www.lavoixdunord.fr/272071/article/2017-11-24/un-moine-prime-par-l-academie-francaise-pour-son-travail-sur-saint-thomas
Un moine primé par l’Académie française pour son travail sur saint Thomas
Le frère Jean-Éric, de Moustier-en-Fagne, recevra, sous la Coupole, jeudi, un Grand Prix de l’Académie française pour sa traduction du latin au français des Commentaires des lettres de saint Paul aux communautés de saint Thomas d’Aquin.
Par Géraldine Beys | Publié le 24/11/2017
Le moine Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy devant la Maison espagnole de Moustier-en-Fagne à deux pas du prieuré.
PHOTO SAMI BELLOUMI - VDNPQR
C’est un homme lumineux qui nous ouvre la porte de la Maison Espagnole (Notre-Dame des-Près). Crâne dégarni, vêtu de la tunique blanche des bénédictins olivétains, le frère Jean-Éric nous fait entrer. Un poêle fort actif des Fonderies de Couvin rajoute à la chaleur de cet accueil monastique. C’est ici, au cœur des Fagnes, à quelques lieues de Chimay, que Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy traduit saint Thomas d’Aquin. « Quand j’ai commencé, peu de personnes s’intéressaient à ce travail et puis petit à petit ça a gagné. Pour que l’Académie ait pris ça en considération c’est un signe. » De Dieu ? Qui sait ? Une certitude : son travail de traduction lui vaudra, jeudi, de recevoir sous la Coupole un Grand Prix de l’Académie française.
« À l’époque, je me suis dit pourquoi lui avait-on interdit de lire du saint Thomas ? »
Saint Thomas, frère prêcheur dominicain du XIIIes, a laissé une œuvre immense. Très connue est sa Somme de théologie. Beaucoup moins le sont ses Commentaires de la Bible. Ou du moins l’étaient. Saint Thomas a commenté des livres entiers de l’Écriture, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Eh bien toute sa vie ou presque, il se sera trouvé un religieux pour s’y plonger. Le frère Jean-Éric. Qui est venu à Thomas d’Aquin par attrait de l’interdit. C’est d’abord le père Emmanuel Latteur qui lui raconte avoir lu saint Thomas en cachette parce que sa lecture avait été interdite par le maître des clercs de son abbaye. « À l’époque, je me suis dit pourquoi lui avait-on interdit de lire du saint Thomas ? », s’interroge le jeune Jean-Éric. Il n’en faudra pas plus pour qu’il s’intéresse... à saint Thomas.
Une pépite
Plus tard, ce sera le père Emmanuel Jacquier, son maître de novices, qui l’incitera à traduire le Commentaire de l’évangile de saint Jean. Frère Jean-Éric est alors en Suisse à l’abbaye bénédictine de Port-Valais. « Puis, les commentaires des 54 premiers psaumes ». Impossible de faire marche arrière tant saint Thomas est intéressant, ouvert à tout, dialoguant avec tous, chrétiens, juifs, arabes et aussi fait montre d’une profonde humilité. Frère Jean-Éric continuera son travail à Moustier d’autant plus qu’il est soutenu par sa communauté. Ainsi, de commentaire en commentaire arrivera le tour des épîtres de saint Paul (les lettres de saint Paul aux communautés). Avec une pépite. L’explication de la prédestination par saint Thomas dans son Commentaire de l’épître aux Romains : « L’homme n’est prédestiné qu’au bonheur ».
Le moine Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy devant la Maison espagnole de Moustier-en-Fagne à deux pas du prieuré. PHOTO SAMI BELLOUMI
Pour son travail de traduction, sept volumes (éditions du Cerf), Frère Jean-Éric a reçu la collaboration de Gilbert Dahan, fin connaisseur de l’exégèse médiévale latine et de Jean Borella, professeur émérite de philosophie antique et médiévale. Sans oublier le philosophe et académicien Jean-Luc Marion qui souhaitait voir ce travail mis en lumière. Il le sera jeudi 30 novembre.
Pour aller plus loin
http://www.lavoixdunord.fr/272071/article/2017-11-24/un-moine-prime-par-l-academie-francaise-pour-son-travail-sur-saint-thomas