Un noël avec le Padre PioÀ tout instant de l’année, si on demandait par surprise dans combien de temps arriverait la fête de noël, le Père Pio répondait en précisant le nombre de jours et d’heures…
– Aucune fête ne m’émeut comme celle-là, disait-il, la résurrection est l’éclatement de la gloire, mais noël est la divine tendresse qui prend l’esprit et le cœur.
Le premier noël à San Giovanni Rotondo constitua un souvenir ineffaçable pour le publicain. À minuit, le Père Pio descendit du chœur, revêtu d’une chape ancienne, brodée d’or fin, portant dans ses bras le Bambino, et sortit sur l’esplanade. Le ciel était étoilé, l’air limpide, le couvent et la montagne étaient recouverts de neige. Radieux et concentré, comme s’il portait vivant dans ses bras le sauveur du monde, le Père Pio passa au milieu de la foule qui faisait la haie à l’entrée de l’église. Les gens chantaient au son des fifres et des cornemuses, les pétards et les feux de Bengale faisaient éclater sur la neige la lumière de mille et mille pierreries.
Après avoir déposé le Bambino dans la crèche, le père vint avec ses acolytes à l’autel célébrer la messe solennelle. Quand il rentra à la sacristie, son visage était très pâle et d’une beauté surnaturelle. Il ôta la chasuble et resta debout, tout blanc dans sa légère aube de dentelles, pour recevoir la foule qui se pressait à la porte de la sacristie. Avec un sourire très doux et le geste d’une grande dignité, il donnait sa main à baiser et avait un mot pour chacun. Le défilé se terminait quand il se tourna vers une personne qui venait d’entrer et lui dit à-brûle-pourpoint :
– Te voilà docteur, je t’attendais pour te confesser…
– Mais mon père, je n’en ai nulle intention.
– Allons, mon cher, c’est le moment…
L’homme – le docteur de Giacomo de Naples – obéit. Il ne se confessait plus depuis plusieurs années. C’était le « poisson de noël » du Père Pio. Son pénitent congédié, il revint à l’autel, assisté du publicain pour célébrer les deux autres messes en présence d’un petit groupe de fidèles. Quand le Père Pio, après la troisième messe, eut terminé son action de grâces, il faisait jour.
– Et maintenant, dit-il au publicain, on va chercher à la cuisine de quoi réveillonner.
Ils trouvèrent du café chaud et des petits pains blancs… Ce fut la seule fois en cinq ans que le publicain vit le Père Pio prendre un café le matin.
Extrait du livre Padre Pio mon Père spirituel, d’Emanuele Brunatto