Quelles ressemblances y a-t-il entre nous et un immeuble locatif? Tous deux sont habités par des locataires. Certains, agréables, qui sont accueillants et font peu de bruit. D'autres, tellement désagréable qu'on aimerait bien mettre à la porte, mais, impossible de les avoir dehors! On a beau être chez soi mais on n'est plus chez nous. Ce sont eux qui nous possèdent et qui nous tiennent: la Lopès du dessus, la Jacqueline d'en face, le voisin d'en dessous. Alors, comme ce possédé, on explose, on s'énerve, on crie, on se plaint… ça arrive quand on ne se sent plus chez nous !
Qui sont ces locataires indésirables, qui nous divisent en nous-mêmes et entre nous?
En un mot, ce sont les pensées négatives qui nous habitent et nous assaillent, dont nous ne sommes plus du tout maître, et qui créent un boucan pas possible au-dedans de nos appartements: dans l'imagination, dans le cœur, dans les rêves, dans les paroles, dans la vie spirituelle, et même dans tout notre corps. Les Pères du désert les appelaient d'un mot: les démons! Parce que le démon ou le diable, veut dire en grec le diviseur, celui qui nous divise en nous-mêmes et nous enlève notre liberté. Les Pères avaient tous classés par degré de gravité.
Par exemple: tout en dessous, à la cave, les démons du péché, qui faisaient dire à St Paul: "le mal que je ne voudrais pas faire, je le fais, et le bien que je voudrais, je n'arrive pas à le faire, homme divisé que je suis… Qui m'en libérera ?"
Vous avez les démons de nos pulsions qui viennent de notre sensibilité et de notre regard, telle l'odeur alléchante du palier d'en face: en général ces démons nous présentent des plats toujours bien gratinés mais qui cachent des lendemains… au thé noir !
A chacun ces démons… de midi ! Les démons des paroles blessantes qui nous tourmentent longtemps. Les paroles obsédantes de nos soucis, angoisses, et de nos peurs…
Et à un moment donné, c'en est trop, et c'est la révolte, on n'en peut plus: "Que nous veux-tu Jésus de Nazareth, es-tu venu pour nous perdre…?". Cri étonnant qui pourrait signifier: surtout ne me libère pas! Combien de personnes ne se complaisent-elles pas dans leur souffrance comme un moyen d'exister et de rechercher l'intérêt des autres: "regardez comme je souffre, alors aimez-moi, occupez-vous de moi!"
Mais nous le sentons, c'est un cercle vicieux. La personne a toujours besoin de se battre avec ses locataires pour exister.
Ce cri est aussi celui d'un profond désespoir, car, n'est-ce pas le rôle du démon que nous plonger dans le désespoir en nous faisant croire que Dieu ne peut rien pour nous, et que nous restons désespérément seul !
C'est comme si nous disions: "moi, e suis croyant, je sais que Dieu existe mais, de toute façon, il ne peut rien pour moi, ça sert à rien de prier, d'aller à l'église. Dieu existe mais il n'a rien à voir avec ma vie !"
Pourtant Jésus agit: "sors de cet homme"…
A partir de là il y a un appartement de disponible, si nous voulons bien que Dieu habite notre immeuble. Ce sera un locataire paisible. Il ne fera pas de bruit. Je dirais même plus, nous pouvons lui donner la clef de toutes nos pièces, il saura bien s'en occuper… Il sera notre bon esprit. Et surtout, il sait comment fabriquer une quantité de pensées positives !
Homélie du Père Joël Pralong