Archéologie : Les amants de Pompéi étaient deux hommes
On a cru à un couple marié, pris au piège des cendres du Vésuve. Puis on a pensé que, peut-être, il s’agissait de deux femmes, une mère et sa fille. Mais l’ADN a parlé : les deux êtres unis dans une étreinte éternelle par l’éruption du Vésuve, à Pompéi, étaient en fait deux jeunes hommes.
Ces deux corps pétrifiés, unis dans une ultime étreinte, ont longtemps suscité la curiosité. Qui étaient ces deux êtres dont l’un pose la tête sur le buste de l’autre, comme pour se rassurer ? Pendant des siècles, on a spéculé sur leur histoire, sur leurs derniers instants de vie, leurs sentiments à cette minute aussi…
1938 ans après leur fin tragique, l’ADN a parlé : le couple fossilisé par les cendres du Vésuve est en fait composé de deux hommes ! Découverts en 1922, enlacés, près de deux siècles après avoir été « pétrifiés » par les cendres du Vésuve en l'an 79, les « amants de Pompéi » sont deux individus de sexe masculin, âgés de 18 et 20 ans, selon Massimo Osanna, le directeur des fouilles sur le site archéologique, cité par la presse italienne.
C’est grâce à des relevés ADN, effectués à travers les moulages de plâtre emprisonnant les restes organiques des corps, que ces indices concernant l’identité des membres de ce couple uni dans la mort ont pu être révélés. « On ne peut pas affirmer que les deux personnages étaient amants, mais compte tenu de leur position, on peut le supposer. Cependant, il est difficile de le déterminer avec certitude », explique encore le directeur des fouilles. Car les analyses sont formelles, les deux hommes n’avaient pas de patrimoine génétique en commun. Il ne peut donc d’agir de deux garçons de la même famille.
Un mystère impossible à creuser, dans l'Italie de Mussolini
En l’an 79, l’éruption du Vésuve déverse sur Pompéi des torrents de lave et de cendres, recouvrant toute la ville. Mais plutôt que de détruire les corps et les lieux, les cendres et la lave ont figé les corps et les ont pétrifiés. Au 19ème siècle, un archéologue italien, Giusepe Fiorelli a l’idée géniale de déverser du plâtre dans les cavités laissées sous la cendre par les corps pétrifiés des habitants de Pompéi.
Ainsi naissent les moulages de plâtre figeant pour l’éternité la fin terrible des Pompéiens. Lorsque ce duo émouvant, dont la position fusionnelle révèle tout autant la tragédie de leurs derniers instants que le lien affectif qui les unit, est découvert, en 1922, Mussolini vient de prendre le pouvoir, en Italie. Impossible, donc, d’évoquer la possibilité d’un couple autre qu’hétérosexuel.
Pourtant, l’archéologue à l’origine de la découverte, Vittorio Spinazzola, n’y croit pas. Il penche pour deux corps de même sexe, mais son hypothèse, deux femmes, éventuellement une mère et sa fille, est fausse. En 1923, Spinazzola, qui ne cache pas sa désapprobation de Mussolini, doit quitter Pompéi. Ses recherches et ses notes sur ses découvertes ne furent publiées que dans les années 50, dans une Italie post-fasciste, par son gendre.