Un prêtre s'est servi de ce sondage pour son homélie du 2 Novembre (en bas de page):
Sondage exclusif : les (surprenantes) croyances des Français sur ce qui se passe après la mort
A l'occasion de la fête des morts, l'IFOP a réalisé un sondage exclusif pour Atlantico sur les croyances et les représentations de l'au-delà pour les Français.
Avec Ifop, Jérôme Fourquet, Chantal Delsol
Atlantico.fr : L'IFOP a réalisé un sondage pour Atlantico, à l'occasion de la fête des morts, sur les représentations de l'au-delà pour les Français.
Ce sondage est particulièrement surprenant. En quoi montre-t-il notamment une déchristianisation massive et une disparition du dogme, qui touche aussi, paradoxalement, les catholiques pratiquants ?
Jérôme Fourquet : Pour cette enquête réalisée à l’occasion de la Toussaint, nous avons repris les résultats et les libellés d’une enquête précédente réalisée il y a vingt ans. Cette comparaison nous a permis de nous rendre compte de l’évolution de la perception des Français sur l’au-delà et sur une éventuelle forme de vie après la mort.
A partir de cette comparaison, nous avons fait plusieurs constats.
Premièrement, l’idée -déjà majoritaire il y a vingt ans- selon laquelle l’homme disparaîtrait totalement après sa mort a nettement progressé.
Aujourd’hui 49% des Français y adhèrent, ce qui représente une progression de 7 points par rapport au précédent sondage.
Deuxièmement, si 14% des Français -le chiffre reste stable- estiment toujours que l’âme humaine est immortelle ; on note également une baisse de 4 points sur la question des corps et de l’âme (de 11% à 7%). Ainsi, les Français estimant que l’âme humaine est en attente de la résurrection des corps sont de moins en moins nombreux. Il en va de même au sujet de la réincarnation (baisse de 3 points, de 13% à 10%).
Nous avons donc bien la confirmation et l’amplification d’une croyance ou d’une représentation qui était déjà présente il y a vingt et qui se renforce ici : une majorité des Français estiment que la mort est finale.
Cependant, il faut également noter ici que dans ce sondage comme dans celui de 1999, 1 Français sur 5 déclare ne pas vouloir se prononcer sur la question de la vie ou de l’absence de vie après la mort. Cela montre donc que les choses ne sont pas encore clairement établies, et qu’une grande incertitude demeure auprès d'une partie de la population.
Lorsque l’on rentre dans le détail, on s'aperçoit donc que la croyance héritée du catholicisme selon laquelle l’âme humaine devient immortelle ou est en attente de résurrection des corps reste minoritaire. Ce qui est d’autant plus intéressant puisque les scores demeurent assez faibles chez les individus qui se définissent comme étant catholiques et pratiquants. Seuls 47% des catholiques pratiquants disent croire à l’existence de l’âme (26% croient en l’immortalité de l’âme humaine, 21% estiment que l’âme humaine est en attente de résurrection des corps).
Ces chiffres nous montrent donc que l’empreinte du catholicisme continue de régresser dans notre société (53% des non catholiques pensent que la mort est finale).
Chantal Delsol : Ce n’est pas inattendu. La disparition de la croyance aux dogmes est déjà ancienne, dans le christianisme français en tout cas. Nous sortons d’un siècle entier (le XX° siècle) inspiré par le maurrassisme, c’est à dire par une pensée machiavélienne dans laquelle on pratique sans croire, la croyance étant réservée aux simples d’esprit (les femmes, les enfants, les incultes).
Pendant tout le siècle qui nous précède, la religion chrétienne est sociologique : on ne pratique pas parce qu’on croit, mais parce que la religion tient le lien social et la morale commune. Je ne crois pas qu’il y ait à cet égard une chute dans la croyance. La présence dans les églises a beaucoup diminué, mais ceux qui y vont sont de vrais croyants. Naturellement il y a une déchristianisation massive. Mais chez les chrétiens eux-mêmes, il n’y a pas de chute dans la croyance aux dogmes.
Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.
Chantal Delsol, née à Paris en 1947, est journaliste, philosophe, écrivain, et historienne des idées politiques.
VOICI L’HOMÉLIE EN QUESTION :
+ 32 ème dimanche ordinaire, année C, dimanche 10 novembre 2019 (2 M 7, 1-2. 9-14 ; 2 Th 2, 16-3, 5 ; Lc 20, 27-38)
La foi en la résurrection est au cœur de l’Évangile. Elle en est même l’élément central. C’est le thème de cette controverse entre les Sadducéens et Notre-Seigneur.
Dans les Évangiles, on dénombre trente controverses. À chacune d’elles, c’est un problème bien précis qui est posé ; Jésus y répond d’une telle manière qu’il clôt la discussion et renvoie ses interlocuteurs à leurs contradictions. Ces questions, à caractère théologique, sont souvent des questions pièges qui visent à enfermer Jésus dans une alternative embarrassante. Nous allons voir ici comment Jésus retourne le problème.
1/ Membres des grandes familles sacerdotales, les Sadducéens forment un parti redoutable. Bien qu’ils soient aussi les adversaires de Jésus, ils ne s’entendent pas avec les Pharisiens sur la résurrection des morts, l’existence des anges ou des démons ; ils s’en tiennent au Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible, qui effectivement ne parlent pas de la résurrection des morts.
Celle-ci, et même l’idée de vie avec Dieu après la mort, sont des notions qui n’émergeront que peu à peu dans la foi d’Israël. Elles ne s’exprimeront clairement qu’à l’époque du Livre des Martyrs d’Israël, un des derniers de l’Ancien Testament. Puisque nous mourons par fidélité à ses lois, déclare l’un des sept frères, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle.
Les Sadducéens ne cherchent pas à connaître la vérité au sujet de la résurrection. Ils veulent plutôt confondre les pharisiens, qui, eux, en font un dogme. Ils veulent surtout embarrasser Jésus, dont l’autorité devient passablement menaçante. Ils Lui font passer un examen théologique dans l’espoir de Le “coincer” comme impie, avec cette histoire de sept frères qui, en vertu de la loi du lévirat, ont eu successivement la même femme ; ce qui paraît, dans la perspective d’une résurrection corporelle, la placer dans une situation inextricable.
C’est tellement tordu et absurde que Jésus ne veut surtout pas entrer dans l’histoire pour répondre... Il répond en deux temps, avec tout d’abord, une mise au point sur la vie des ressuscités.
« Vous n’avez rien compris ! leur dit-il. La vie des ressuscités ne peut pas se représenter sur le mode de la vie d’ici-bas ! Le monde à venir est autre, nous ne pouvons pas l’imaginer à partir de celui-ci. Il faut se placer sur un autre plan. »
En comparant les ressuscités aux anges, Jésus nous fait regarder la vie à partir de Dieu et non à partir des hommes. Il n’exprime pas un mépris du corps, Il en souligne l’immortalité. Ne plus prendre femme ou mari, signifie que les ressuscités ne sont plus des êtres de besoin mais de plénitude.
De plus, Jésus nous enseigne que le terme de notre vie, c’est l’amour du Père. C’est de vivre éternellement la filiation que nous avons avec le Père. Notre vie de ressuscité se déroulera face au Père, comme des fils bien-aimés.
Cette mise au point est toujours d’actualité. En effet, certaines religions s’arrêtent à une conception matérialiste de la vie après la mort. Elle serait exactement la même que celle que nous vivons ici-bas, mis à part le fait que les plaisirs y seraient
surabondants, même les plaisirs sexuels. Une telle idée est pauvre et indigne de la vie d’union avec Dieu que nous connaîtrons après la résurrection.
2/ Après cette première mise au point, Notre-Seigneur affirme clairement le fait de la résurrection ; son argument de base, pour réfuter le scepticisme de ses interlocuteurs, est d’autant plus percutant, qu’Il s’appuie sur un texte que tous les juifs reconnaissent comme venant de Dieu Lui même : c’est le passage de l’Exode, où Moïse, devant le buisson ardent, entend Dieu lui dire qu’Il est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob (Ex 3, 6).
Que veut dire Jésus ? « Si votre Dieu est le Dieu de Moïse, qui est bien vivant sur la terre à l’époque du buisson ardent, et aussi le Dieu d’Abraham, qui a pourtant vécu plusieurs siècles avant Moïse, c’est qu’Abraham continue de vivre après sa mort : autrement le Seigneur serait le Dieu d’un mort, de quelqu’un qui n’existe plus !
Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour Lui. Dieu, c’est Celui pour qui on vit. Alors, si le Seigneur est le Dieu de Moïse, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, c’est que ceux-ci vivent encore pour Lui ».
Notre époque a aussi ses sadducéens. Beaucoup de nos contemporains, même parmi les chrétiens, ne croient pas à la résurrection. D’après un sondage très récent, 49 % des français pensent que la vie s’arrêterait au moment de la mort, d’où leur hantise de celle-ci et leur désir de prolonger la vie par des techniques scientifiques1. Parmi les catholiques pratiquants, toujours d’après le même sondage, seulement 21% estiment que l’âme humaine est en attente de la résurrection des corps.
2/ Après cette première mise au point, Notre-Seigneur affirme clairement le fait de la résurrection ; son argument de base, pour réfuter le scepticisme de ses interlocuteurs, est d’autant plus percutant, qu’Il s’appuie sur un texte que tous les juifs reconnaissent comme venant de Dieu Lui même : c’est le passage de l’Exode, où Moïse, devant le buisson ardent, entend Dieu lui dire qu’Il est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob (Ex 3, 6).
Que veut dire Jésus ? « Si votre Dieu est le Dieu de Moïse, qui est bien vivant sur la terre à l’époque du buisson ardent, et aussi le Dieu d’Abraham, qui a pourtant vécu plusieurs siècles avant Moïse, c’est qu’Abraham continue de vivre après sa mort : autrement le Seigneur serait le Dieu d’un mort, de quelqu’un qui n’existe plus !
Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour Lui. Dieu, c’est Celui pour qui on vit. Alors, si le Seigneur est le Dieu de Moïse, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, c’est que ceux-ci vivent encore pour Lui ».
Notre époque a aussi ses sadducéens. Beaucoup de nos contemporains, même parmi les chrétiens, ne croient pas à la résurrection. D’après un sondage très récent, 49 % des français pensent que la vie s’arrêterait au moment de la mort, d’où leur hantise de celle-ci et leur désir de prolonger la vie par des techniques scientifiques1. Parmi les catholiques pratiquants, toujours d’après le même sondage, seulement 21% estiment que l’âme humaine est en attente de la résurrection des corps.
3/ Ce trésor de la résurrection, nous ne pouvons pas le garder pour nous. Il nous faut le transmettre, l’annoncer au monde entier. Nous avons la certitude que, dès le moment de la mort, il y a déjà une certaine forme de participation à la résurrection. Pourquoi j’affirme cela ? Parce que, comme chrétien, je fais confiance à Celui qui a dit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra éternellement (Jn 11, 25). C’est cette foi en Jésus qui devrait orienter toute ma vie, de même qu’elle devrait m’aider à accepter la mort. Croire en la résurrection, c’est recevoir l’assurance de la victoire sur la mort.
La profession de foi des martyrs d’Israël est d’autant plus admirable qu’ils n’ont pas connu Notre-Seigneur. C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi, je les méprise, et c’est par Lui que j’espère les retrouver. La résurrection de la chair, c’est peut-être difficile à croire, mais c’est essentiel pour la foi chrétienne, car conséquence de la résurrection du Christ, et révélation de l’amour du Père pour chacun de nous, unique et précieux y compris dans son corps.
Enfin, pour nous, quand l’heure de notre mort viendra, si cette grâce nous est accordée de la voir venir, puissent notre foi et notre espérance nous faire dire ? : « Je me prépare à vivre le plus beau jour de ma vie, celui de la rencontre du Seigneur, pour vivre avec Lui, dans un face à face éternel. »
Ainsi-soit-il.
1 Sondage réalisé par L’IFOP, à l’occasion du 2 novembre 2019 : « L’idée - déjà majoritaire il y a vingt ans - selon laquelle l’homme disparaîtrait totalement après sa mort a nettement progressé. Aujourd’hui 49% des Français y adhèrent, ce qui représente une progression de 7 points par rapport au précédent sondage ».