L’éloge de la Sainte Vierge par saint Luc est bien court : C’est de Marie qu’est né Jésus. Celui de saint Joseph par saint Mathieu l’est encore davantage. Trois mots suffisent et disent tout : Joseph était juste. Par ces trois mots, le Saint-Esprit fait l’éloge le plus complet de ce grand saint. En effet, les docteurs de l’Eglise affirment que cette qualité de juste signifie que Joseph était un homme accompli dans la perfection, qu’il possédait toutes les vertus dans un degré éminent, qu’il était, avec Marie, la première et la vivante copie de Jésus. Ainsi, il était juste envers Dieu, profondément pénétré de foi, de soumission, de confiance et d’amour envers sa divine Majesté. Il était juste envers le prochain, car il pratiquait toutes les œuvres de charité, spirituelle et corporelle. Enfin, il était juste envers lui-même. Il ne négligeait rien pour préserver son âme du mal et l’unir à l’Être infini. C’est donc par une vie irréprochable, par la pratique de toutes les vertus, par une éminente sainteté que notre glorieux patron a mérité le titre de juste. Aussi, l’Eglise lui donne-t-elle la qualité de très saint, qu’elle ne donne à aucun bienheureux. Saint François de Sales écrivait : « Quel saint est l’illustre saint Joseph, c’est à bon titre qu’il est comparé à la palme, le roi des arbres. Il semblait presque qu’il fût parfait ou qu’il eût les vertus en un si haut degré que les avait la Bienheureuse Vierge. »
Âme chrétienne, rentrez en vous-même et adressez-vous cette importante question : suis-je juste de la justice qui convient à mon état, à ma vocation : de cette justice que Dieu a bien droit de me demander après toutes les lumières et toutes les grâces que j’ai reçues de Lui ? N’y a-t-il pas quelque devoir que je néglige presque entièrement, soit envers Dieu, soit à l’égard du prochain, soit pour mon âme ? Suis-je au moins dans la disposition de recourir à saint Joseph pour obtenir la faim et la soif de cette justice qu’il a si bien pratiquée ?
2. Il était de la famille de David
Joseph était de la famille de David, c’est à dire de la famille élue et consacrée pour la royauté. Il comptait parmi ses ancêtres des patriarches, des princes et des rois. Le trône avait été promis comme une éternelle bénédiction, à la race dont il était le rejeton. Mais en ce qui fait principalement la gloire et la grandeur de saint Joseph, c’est qu’il appartient à la famille bénie qui doit donner le Messie au monde. Il est du même sang que la Vierge Marie et Jésus, son fils. Déjà les temps sont accomplis, et voilà que la tige de Jessé va reverdir en Lui. De sa race royale naîtra le Père et le protecteur. Quel honneur ! Quelle dignité !
Et nous qui appartenons à ce royal sacerdoce inauguré par le fils adoptif de Joseph, nous qui avons vu aussi refleurir en nos mains le sceptre de nos pères, c’est à dire, Jésus-Christ, en comprenons-nous la sublime élévation ? Les Sacrements, et surtout l’Eucharistie, nous identifient avec le doux Sauveur. En profitons-nous ?
Âme chrétienne, reconnaissez votre dignité et examinez sérieusement si vous correspondez, par la sainteté de votre vie, à la sublimité de votre vocation. saint Joseph, obtenez-nous la grâce de profiter des bénédictions dont vous avez été comblé et auxquelles nous participons comme chrétiens.
Exemple : C’était au milieu d’une épidémie qui dévorait toute une contrée, mais qui sévissait plus particulièrement sur les pauvres. Un prêtre charitable entre dans une écurie basse et humide, où souffrait une victime de la contagion. Que voit-il ? un vieillard moribond étendu sur des haillons dégoûtants. Il était seul. Une botte de foin lui servait de lit. Pas un meuble, pas une chaise : il avait tout vendu les premiers jours de sa maladie, pour se procurer quelques gouttes de bouillon. Aux murs noirs et dépouillés pendaient une bâche et deux scies, c’était là toute sa fortune avec ses deux bras, quand il pouvait les mouvoir. Mais, alors, il n’avait pas la force de les soulever. « Prenez courage, mon ami, lui dit le confesseur, c’est une grande grâce que le Seigneur vous fait aujourd’hui ; vous allez bientôt sortir de ce monde où vous n’avez que des peines. – Que des peines ? reprit le moribond d’une voix éteinte, vous vous trompez, j’ai pris saint Joseph pour mon patron et mon modèle, et, comme lui, je ne me suis jamais plaint de mon sort. Je n’ai connu ni la haine, ni l’envie. Mon sommeil était tranquille, je me fatiguais le jour, mais je me reposais la nuit. Les outils que vous voyez me procuraient du pain que je mangeais avec délices. J’étais pauvre, à la vérité, mais saint Joseph l’était autant que moi et je me suis assez bien porté jusqu’à ce jour. Si je reprends de la santé, ce que je ne crois pas, j’irai au chantier et je continuerai de bénir la main de Dieu, qui jusqu’à présent a pris soin de moi. » Le prêtre étonné, ne savait trop que répondre à un tel malade. Il se remit cependant, et lui dit : « Mon ami, puisque la vie ne vous a pas été fâcheuse, vous ne devez pas moins vous résoudre à la quitter, car il faut se soumettre à la volonté de Dieu.– J’ai su vivre, reprit le moribond d’une voix ferme, je saurai mourir. Je rends grâce à Dieu de m’avoir donné la vie et de me faire passer par la mort pour arriver à Lui. Je sens le moment, le voici. Adieu, mon père !...
C’est ainsi que vécut et mourut, plein de calme, ce pieux ouvrier, cet homme juste, qui avait pris saint Joseph pour son patron et son modèle. Soyons aussi, durant ce mois et toujours, les imitateurs de ce grand saint.
Prière : Bienheureux saint Joseph ! Chaste époux de la très Sainte-Vierge Marie, une voix dit à mon cœur : « Allez à Joseph ! » et depuis ce moment, c’est pour moi un bonheur de vous aimer et de vous servir. Attiré par votre bonté paternelle, je me prosterne à vos pieds pour vous offrir les prémices de ce mois béni. Je redoublerai de zèle et de dévouement. Je voudrais avoir pour vous la dévotion de sainte Thérèse d’Avila. Je prie instamment cette grande sainte de vous présenter tous les jours mes hommages durant ce mois de bénédictions. Ainsi soit-il.
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