La Bienheureuse Mère Marie-Alphonsine Daniel Ghattas : sa vie et ses miracles
JERUSALEM – Mai 2015. L’Eglise se prépare à célébrer bientôt la canonisation de Mère Marie-Alphonsine Ghattas et de Sœur Marie de Jésus Crucifié (Mariam Baouardi). Elle reconnaît par là l’authenticité de leur expérience spirituelle tout en les présentant comme modèles et intercesseurs pour les fidèles. Comment l’Eglise reconnaît-elle la sainteté de ses fidèles ?
Il y a ici deux « preuves » de la sainteté de ces deux religieuses : d’abord leur vie même (une vie chrétienne vertueuse) et ensuite les grâces particulières que Dieu a répandues aux fidèles vivants, par l’intercession de ces deux filles de Terre Sainte, après leur mort. Ces grâces particulières sont appelés « miracles » par l’Eglise, et sont des cas de guérison subite, non explicables scientifiquement. Retour sur la vie et les miracles de Mère Marie-Alphonsine – un prochain article sera consacré à Mariam de Jésus Crucifié.
Première preuve de la sainteté de Mère Marie-Alphonsine Ghattas : son humilité et son attachement à une vie évangélique.
C’est la première étape dans un procès de canonisation. L’Eglise procède à des investigations sur la vie du candidat, pour savoir s’il a vécu les vertus et les commandements du Seigneur tels qu’ils sont donnés dans l’Evangile, d’une façon héroïque. On examine donc sa vie, et on écoute les témoignages de ceux qui l’ont connu.
Mère Marie-Alphonsine est née à Jérusalem le 4 octobre 1843, au sein d’une famille chrétienne très pieuse. Son père s’appelait Daniel et sa mère Catherine. La famille Ghattas est originaire de Bethléem, mais certains membres avaient quitté Bethléem, et ont vécu dans différentes villes de Palestine : à Bethléem, Beit Jala, Beit Sahour et à Jérusalem même. On ne sait pas exactement quand cette dispersion a eu lieu.
C’est donc à Jérusalem que Marie-Alphonsine a habité avec sa famille. Sa mère assistait à la messe tous le jours. Quant à son père, il aimait accueillir voisins et amis tous les soirs chez lui à la maison pour prier le Chapelet devant une statue de la Vierge Marie. C’était d’ailleurs la tradition dans de nombreuses familles chrétiennes à Jérusalem.
A sa naissance, Marie-Alphonsine reçut le nom de « Sultana » (qui veut dire « reine » en arabe), un prénom déjà lié en quelques sortes à la Vierge Reine. Puis, ses parents ont préféré lui ajouter le nom de Marie lors de son baptême.
Après des années de farouche opposition de la part de son père, Sultana, alors qu’elle avait 17 ans, reçoit au soir du 30 juin 1860 l’habit des religieuses de Saint Joseph de l’Apparition, sur le Mont Golgotha à Jérusalem. Elle reçut ce jour-là aussi son nom en religion : Marie-Alphonsine, quelle gardera pour le reste de sa vie.
Sœur Marie-Alphonsine était enflammée pour la mission, pour l’action apostolique, gardant en même temps une personnalité calme, recueillie, posée et digne. Elle était caractérisée par une humilité étonnante, évitant en toute occasion l’apparition, préférant le travail en silence, pour plaire à Dieu seul et non pas aux hommes.
A Bethléem, elle a commencé à recevoir des apparitions de la Sainte Vierge, qui lui transmet des messages importants concernant la fondation d’une congrégation locale, qui portera le nom des Sœurs du Rosaire, et qui sera réservé aux filles arabes. Ces apparitions ont duré pendant quatre ans, et c’est durant ces apparitions que la Vierge a indiqué à la voyante, le prêtre du Patriarcat Latin, le Père Yousef Tannous, qui deviendra son père spirituel et ensuite le fondateur visible de la congrégation, car l’humble servante de Dieu préférait rester dans l’ombre.
Après beaucoup de complications, de difficultés et de souffrances, Sœur Marie-Alphonsine obtient la permission du Saint Siège pour quitter la congrégation des Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition et joindre enfin la nouvelle congrégation, en 1880. Elle reçoit l’habit de Notre Dame du Rosaire en 1883.
La Sainte a eu le soin de cacher le mystère des apparitions qu’elle a reçues. Personne n’en connaissait l’existence excepté son père spirituel. Elle a préféré le silence durant toute sa vie. Elle préférait vivre une vie d’abnégation, et le secret resta ainsi resté caché pendant 53 ans. C’est grâce à la sagesse de son père spirituel, le Père Tannous, qui lui avait demandé d’écrire ce qu’elle avait vu et entendu durant ses visions, que les sœurs, après la mort de sœur Marie-Alphonsine, on pu connaître la vérité sur la fondation de la Congrégation.
D’un côté, les ordres que donnât la Sainte Vierge durant ces visions à la simple religieuse palestinienne furent affirmés et non négociables. Mais d’un autre côté, il paraissait difficile à la sœur de tourner le dos à la congrégation de Saint Joseph qu’elle avait aimé et où elle avait servi de tout son cœur.
Cependant, sa fidélité à la Vierge fut plus grande que toutes les difficultés et les peurs. Rien ne pouvait la séparer de son amour : ni la mort, ni l’éventualité d’être accusée de trahison.
Car « l’Amour est plus grand que la mort ».
Elle prit alors une décision : « j’ai résolu, par amour pour Marie et pour sa vénération, d’obéir à sa voix et de sacrifier ma vie dans la Congrégation du Rosaire, mettant ma confiance en l’aide que me donnera ma Mère, et croyant qu’elle marchera toujours avec moi et me soutiendra ».
Etant religieuse du Rosaire, Sœur Marie-Alphonsine servit dans plusieurs « missions » (ainsi s’appelaient à l’époque les paroisses du Patriarcat Latin en phase de fondation) : Jaffa de Nazareth (où elle a sauvé d’une façon miraculeuse et avec son Chapelet, une fillette qui était tombée dans un puits encore visible dans la paroisse aujourd’hui) ; Beit Sahour, Salt, Naplouse, Jérusalem, Zababdeh, Bethléem et Ain Karem où elle terminât sa vie, en 1927.
Quelques jours avant sa mort, alors qu’elle pressentait l’approche de sa rencontre avec son Bien-Aimé et Sa Sainte Mère, elle saisit l’occasion d’une rencontre privée avec sa sœur de sang et aussi dans la vie religieuse, Mère Anne, pour lui dire : « Après ma mort, vas là où je t’indique et tu trouveras deux carnets rédigés par mes propres mains. Prends-les et donne-les au Patriarche Barlassina ».
Mère Anne trouva les deux carnets qui contenaient en effet les récits des apparitions, mais scellés avec de la cire rouge. Elle les prit et les présenta à Mgr Marcus, en lui demandant d’en informer le Patriarche. Elle accomplit ainsi soigneusement la volonté de sa sœur défunte.
Ignorant la langue arabe, le Patriarche demanda à la Mère Augustine de lui traduire ces pages, puis il ordonna à la Mère Supérieure Générale de rendre les deux manuscrits originaux. C’est alors que la vérité toute entière sur la fondation de la congrégation fut dévoilée aux sœurs, qui furent saisies de stupeur face à l’ héroïque humilité de leur fondatrice ignorée.
Deuxième preuve de la sainteté de Mère Marie-Alphonsine Ghattas : deux miracles ont eu lieu après sa mort.
Dans l’Eglise catholique, les autorités compétentes exigent que chaque candidat pour la béatification et ensuite pour la canonisation fassent deux miracles après leur mort.
Par l’intercession de Mère Marie-Alphonsine, deux miracles ont effectivement eu lieu, un pour la béatification et l’autre pour la canonisation.
1 Le miracle qui a précédé sa béatification en 2009.
L’histoire a commencé quand deux religieuses ont visité la famille de Nathalie Zananireh, une étudiante dans leur école à Beit Hanina (banlieue nord de Jérusalem), pour prier ensemble le chapelet. C’était durant le mois de Marie, en 2003. Après la prière, les religieuses ont laissé à la famille un livre sur la vie de leur fondatrice, la servante de Dieu Mère Marie-Alphonsine.
La Mère de Nathalie a lu le livre durant quatre jours successifs, et elle a senti en elle-même quelques chose d’étonnant, surtout après à la lecture des miracles qui ont eu lieu durant la vie de Mère Marie-Alphonsine, et des apparitions de la Sainte Vierge.
La même semaine, exactement le 30 mai 2003, la mère de Nathalie était à la maison, en train de travailler et de réfléchir sur ce qu’elle avait lu, quand soudainement elle sentit en elle une peur étrange, comme l’imminence d’une catastrophe. Elle était souvent absente de chez elle le soir et jusqu’à une heure tardive car elle travaillait dans le journalisme. Elle a donc demandé à la Vierge Marie de protéger ses enfants, surtout durant son absence, et lui a demandé en particulier de faire avec elle ce qu’elle faisait autrefois avec Mère Marie-Alphonsine.
Une après-midi, après une grande hésitation, madame Zananireh décida de partir travailler. Et alors qu’elle était au travail elle reçut un appel de son mari qui lui demanda si leur fille, Nathalie, était vaccinée contre le tétanos. Leur fille avait une une blessure qui, selon son mari, n’était pas très grave. La Mère inquiète, rappelle une demi-heure après, et son fils lui répond. « Où est ton père ? », demanda-t-elle. Le fils répondu : « il est parti pour nettoyer la maison car voici ce qui est arrivé… ».
Ce jour-là les voisins célébraient l’anniversaire de leur fille dans un jardin. Nathalie était invitée. Et après avoir chanté, Nathalie dit : « je sens que la terre se casse sous nos pieds ». Ils se sont tous moqués d’elle et commencèrent à sauter sur la terre.
Soudainement, la terre fut ouverte sous leurs pieds découvrant un fossé très profond de 4 mètres de profondeur, 4 mètres de largeur et 5 mètres de longueur.
Onze filles tombèrent dans ce fossé, quasiment rempli par l’eau des égouts. Sa fille fut l’une des deux dernières à être sauvées après avoir passé 5 à 7 minutes sous l’eau des égouts!
« Je crois fermement que ce qui s’est passé fut un miracle », exprima la mère à son arrivée à la maison, et après avoir vu le lieu de l’accident et le fossé. Puis elle raconta à sa famille ce qu’elle avait demandé à la Vierge le matin par l’intercession de Mère Marie-Alphonsine. Elle faisait aussi le lien entre ce miracle et celui que la Sainte a fait durant sa vie à Jaffa de Nazareth, sauvant une fillette tombée dans un puits. N’a-t-elle pas demandé à la Vierge, justement, de faire avec elle ce qu’elle faisait autrefois avec Sœur Marie-Alphonsine ?!
2 Le miracle qui précéda sa canonisation en 2015.
Le deuxième miracle a eu lieu à Kufr Cana, deux jours avant la célébration de la béatification de Mère Marie-Alphonsine à Nazareth en 2009.
Ce miracle est arrivé cette fois à un monsieur du nom d’Emile Elias, un arabe chrétien de Galilée, né le 27 mai 1977. M. Elias est un ingénieur, qui travaillait dans la confection de cartes routières. Un jour, il voulut enlever un objet qu’il utilisait sur un chantier et qui, à son insu, était connecté à un courant d’électricité. Il fut frappé par une force de 30 à 40 milles Volt.
Le choc fut bien sûr trop fort et mortel et Emile tomba à terre, immobile. Selon le rapport des médecins, son cœur était déjà arrêté lorsqu’il arriva à l’hôpital, et son corps tout entier était presque bleu, en signe de mort. Il resta deux jours dans une sorte de coma.
Elias ne connaissait rien de la vie de Marie-Alphonsine, mais il apprit à son réveil deux jours plus tard, que beaucoup d’amis avaient prié pour lui en demandant l’intercession de celle qui venait d’être béatifiée ! Il échappa à une mort certaine, et il réalisa combien sa guérison fut un miracle, car son cas était désespéré.
Mère Marie-Alphonsine, priez pour nous !
Firas Abedrabbo
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