Le moine gastronome
Au cœur des Cévennes, des moines atypiques réconcilient la religion et les plaisirs de la gourmandise.
Dans les Cévennes, à Saint-Julien-des-Points, deux moines passent leur temps entre la prière, la cuisine et le jardin. Dans leur monastère orthodoxe de Skite Sainte Foy, ils accueillent des hôtes et pèlerins. La comédienne et réalisatrice Anne Le Ny, leur rend visite le temps d’un week-end.
Au skite ("monastère" en russe) Sainte Foy, monastère orthodoxe au cœur des Cévennes, les hôtes des frères Jean et Joseph, pas nécessairement croyants, viennent rechercher le silence, le calme et la paix de l'esprit, le temps de quelques jours.
"Réveiller les gens à l’esprit et la spiritualité transcendante", telle est la devise du frère Jean, comme il l’explique lui-même à la comédienne et réalisatrice Anne le Ny en visite au monastère.
Extrait du documentaire
Le frère jean, est un moine gastronome, artiste et poète.
Natif d’Alès dans le Gard, il consacre sa première vie à la photographie de presse. Une vie heureuse et bien remplie.
Un jour, un des célèbres magazines pour lequel il travaille, le missionne pour un reportage au Mont Athos en Grèce, au cœur de l’orthodoxie. Et là, c’est la révélation. Frappé par la foi, notre photographe solde sa vie parisienne pour s’engager dans une nouvelle voie : celle de la prière. Il repart au Mont Athos et poursuit sa conversion à Mar Saba dans le désert de Judée, où il rencontre son maître, avant de revenir quelques années plus tard, à ses racines cévenoles.
En 1996, il restaure avec le frère Joseph, un ancien prieuré bénédictin du Moyen-Âge construit dans la roche et fortifié en pierre de schiste. Le lieu, surplombant la Vallée Longue au cœur de la Lozère, devient un endroit de prière, de silence et de spiritualité. Mais aussi un lieu de goût, de beauté et de créativité : paysages et nature cévenole, art et gastronomie, tant d’ingrédients qui ramènent au sacré. Un émerveillement perpétuel pour les hôtes et habitants de ces lieux.
Ici, tous les fruits et légumes de l’assiette, proviennent du jardin du prieuré. Le frère Joseph, ancien informaticien dans un grand groupe pétrolier, s’y consacre avec attention et à la manière des anciens cévenols. "La nature est un livre écrit par la main de Dieu. Elle a beaucoup de choses à nous apprendre. Mais il faut l’écouter. Et avec un regard de poète" précise le frère Jean à la comédienne et réalisatrice.
De retour au réfectoire, le moine Joseph met le couvert sur la grande table de bois installée sous une fresque colorée de la Cène.
Tandis qu'en cuisine, tout en épluchant les légumes, le frère Jean raconte : "C’est une cuisine modeste, de saison et du lieu (…) Et la recette est en fonction des produits et des personnes (…) Tous les jours, j’invente". Poisson aux épices et pommes de terre, soupe de fanes de radis, épinards d’orties, ici, chaque plat est une fête.
La table du moine est prisée. Pour lui, la cuisine est aussi essentielle que la prière. Ami des cuisiniers, artisans, paysans et artistes, le chef étoilé Gérald Passedat s’y rend chaque année, mais aussi la vigneronne Dominique Hauvette, le chef d’orchestre William Christie et tant d’autres encore.
"Ces petits plaisirs rendent heureux. Car ce qui rend heureux, c’est le partage. Et c’est une nourriture qui fait du bien jusqu’à l’âme, pas simplement au palais" précise le frère Jean.
Un discours de spiritualité qui ne laisse pas insensible notre comédienne Anne le Ny : "même si je ne suis ni catholique, ni croyante, ce discours est très fort (…) et ce rapport à la nature nous parle très fort dans les temps que l’on vit".
Suivons la caméra du réalisateur Léo Brézin et partons à la découverte de ces religieux atypiques, artistes, poètes, jardiniers et fins gastronomes…
Voir le documentaire complet
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