Orgelet, 1770. La "procession de feu"
Le 21 novembre 1770, vers 7 heures du matin, un incendie se déclare dans une maison d'Orgelet (France, Jura), au bas de la Grand-Rue. Les flammes dévorent tout sur leur passage et atteignent rapidement la place de l'Hôtel-de-Ville. La plupart des maisons sont construites en bois. Dehors, c'est la panique.
Le collège est alors occupé par les religieuses Bernardines qui sont à la messe du matin lorsque l'incendie débute. La supérieure, Mère Babet, ordonne à ses sœurs de prier avec confiance devant le tabernacle de la chapelle. Elle-même se précipite dehors, ouvre la porte de la clôture et appelle au secours.
Plusieurs habitants prêtent rapidement secours. Des hommes grimpent sur le toit pour tenter d'éteindre les flammes ; d'autres mettent les sœurs à l'abri. Les prières de celles-ci ont été entendues. Leur monastère est sauvé de justesse.
A l'autre bout d'Orgelet, les Capucins du couvent local assistent eux aussi à la catastrophe. Voyant que l'incendie engloutit maison après maison, un d'eux court à l'église, s'empare du Saint-Sacrement dans le tabernacle et sort dans la rue, à un jet de pierre des flammes. Les gens présents, au lieu de s'enfuir, entourent le Capucin et le suivent lorsque celui-ci se met à chanter le Parce Domine. Parvenue à la hauteur de la maison Ménard, cette procession improvisée s'arrête. Le prêtre demande qu'on dresse une table. Une fois le meuble prêt, il pose l'hostie dessus et s'agenouille. Chacun l'imite. Le bruit du brasier, encore horrible à la minute précédente, diminue en intensité. Les flammes tombent. l'incendie est éteint par une puissance invisible.
Chaque année, le 21 novembre, Orgelet a coutume de célébrer la « procession du feu ». Le curé de la paroisse porte le Saint-Sacrement à travers la rue principale et fait une halte devant l'ancienne maison Ménard, où s'était arrêté l'incendie dévastateur.
Jean-Marie Mathiot, Miracles, signes et prodiges eucharistiques, du début du christianisme à nos jours, Hauteville, Le Parvis, 2018, p. 224-225