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    TESTAMENTS SPIRITUELS DES SAINTS

    Claire
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    Message par Claire Mer 7 Juil 2021 - 17:33

    Pour commencer :

    Testament du roi Saint Louis

     
    Publiée le 20-03-2018
    TESTAMENTS SPIRITUELS DES SAINTS Crucifix

    Conseils du Roi Louis IX ou Saint Louis  (1214 -1270) à son fils Philippe III le Hardi

    Beau fils,
        La première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans cela nul ne peut être sauvé. Garde-toi de faire rien qui déplaise à Dieu, c’est à savoir le péché mortel ; au contraire, tu devrais souffrir toute sorte de tourments, plutôt que de faire péché mortel. Si Dieu t’envoie l’adversité, alors reçois-la en patience, et rends-en grâce à Notre Seigneur ; et pense que tu l’as méritée qu’Il te tournera tout à profit. S’Il te donne la prospérité, alors remercie l’en humblement, de sorte que tu ne sois pas pire par orgueil ou d’autre manière, pour ce que tu dois mieux valoir ; car on ne doit pas guerroyer contre Dieu avec ses dons. Confesse-toi souvent et choisis un confesseur prud’homme, qui te sache enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder ; et tu te dois maintenir et comporter de telle manière que ton confesseur et tes amis t’osent reprendre de tes méfaits. Écoute le service de la sainte Église dévotement et sans bavarder ; mais prie Dieu et de cœur et de bouche, spécialement à la messe, quand se fait une consécration.

                Aie le cœur doux et compatissant aux pauvres, aux malheureux et aux affligés, et les conforte et aide selon que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et abats les mauvaises. Ne convoite pas contre ton peuple, et ne charge pas ta conscience d’impôts et de tailles, si ce n’est pas grande nécessité. 

                Si tu as quelque peine de cœur, dits-le tantôt à ton confesseur ou à quelque prud’homme qui ne soit pas plein de vaines paroles; alors tu la porteras plus facilement.
                Veille à avoir en ta compagnie des gens prud’hommes et loyaux, soit religieux, soit séculiers, qui ne soient pas pleins de convoitise, et parle souvent avec eux ; et fuis et évite la compagnie des mauvais. Ecoute volontiers la parole de Dieu et la retiens en ton cœur ; et recherche volontiers prières et indulgences. Aime ce qui est profitable et bon. Hais tout ce qui est mal où que ce soit. Que nul ne soit si hardi que de dire devant toi une parole qui attire et excite au péché, ni de médire d’autrui par derrière par des détractions ; ne souffre pas non plus que nulle vilenie soit dite de Dieu ni de ses saints devant toi. Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu’Il t’a faits, de sorte que tu sois digne d’en avoir davantage.
                Pour tendre la justice et faire droit à tes sujets, sois loyal et roide, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours du côté droit, et soutiens la plainte du pauvre jusqu’à tant que la vérité soit déclarée. Et si quelqu’un a une action contre toi, ne crois rien jusqu’à tant que tu en saches la vérité ; car alors tes conseillers jugeront plus hardiment selon la vérité pour toi ou contre toi. Si tu tiens rien qui soit à autrui, ou par toi, ou par tes devanciers, et que la chose soit certaine, rends-le sans tarder ; et si c’est chose douteuse, fais-en faire une enquête, par gens sages, promptement et diligemment.
                Tu dois mettre ton attention à ce que tes gens et tes sujets vivent sous toi en paix et en droiture. Surtout garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et dans la franchise où tes devanciers les ont gardées ; et s’il y a quelque chose à amender, amende-le et redresse-le, et tiens-les en faveur et amour ; car, à cause de la force et des richesses des grandes villes, tes sujets et les étrangers redouteront de rien faire contre toi, spécialement tes pairs et tes barons.
                Honore et aime toutes les personnes de la sainte Eglise, et prends garde qu’on ne leur enlève ni diminue les dons et les aumônes que tes devanciers leur ont donnés. On raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu’une fois un de ses conseillers lui dit que ceux de la sainte Eglise lui faisaient beaucoup de torts et d’excès, en ce qu’ils lui enlevaient ses droits et diminuaient ses justices ; et c’était bien grande merveille qu’il le souffrit. Et le bon roi répondit qu’il le croyait bien ; mais il considérait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites ; alors il aimait mieux laisser aller de son droit que d’avoir contestation avec les gens de la sainte Eglise.
                A ton père et à ta mère porte honneur et respect, et garde leurs commandements.
                Donne les bénéfices de la sainte Église à des personnes de bien et de vie nette; et faites-le par le conseil de prud’hommes et d’honnêtes gens.
                Garde-toi d’entreprendre la guerre sans grande délibération contre un prince chrétien ; et s’il te le faut faire, alors garde la sainte Église et ceux qui ne t’ont fait aucun tort. Si des guerres et des contentions s’élèvent entre tes sujets, apaise-les au plus tôt que tu pourras.
                Sois soigneux d’avoir de bons prévôts et de bons baillis, et enquiers-toi souvent d’eux, de ceux de ton hôtel, comme ils se maintiennent, et s’il y a en eux aucun vice de trop grande convoitise, ou de fausseté, ou de tromperie. Travaille à ôter de ton royaume tout vilain péché ; spécialement fais tomber de tout ton pouvoir les vilains serments et l’hérésie.
                Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables.
                Et enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout ton royaume; et octroie-moi une part spéciale et entière en tout le bien que tu feras.
                Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Et que la bénite Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous les maux ; et que Dieu te donne la grâce de faire toujours Sa volonté, de sorte qu’Il soit honoré par toi, et que toi et moi nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec Lui, et Le louer sans fin. Ainsi soit-il.


    https://www.evangelium-vitae.org/veillees/179/testament-du-roi-saint-louis/



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    Message par Claire Ven 9 Juil 2021 - 22:19

    Testament spirituel de Saint Jean Paul II



    Publiée le 20-03-2018
    Le testament du 6.3.1979
     (et les ajouts successifs)
    Totus Tuus ego sum
    TESTAMENTS SPIRITUELS DES SAINTS Jean-Paul-II-image-Beatification
    Au Nom de la Très Sainte Trinité. Amen.
    "Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître" (cf. Mt 24, 42) - ces paroles me rappellent le dernier appel, qui aura lieu au moment où le Seigneur le voudra. Je désire Le suivre et je désire que tout ce qui fait partie de ma vie terrestre me prépare à ce moment. Je ne sais pas quand celui-ci viendra, mais, comme tout, je dépose également ce moment entre les mains de la Mère de mon Maître:  Totus Tuus. Entre ces mêmes mains maternelles je laisse tout et Tous ceux avec qui ma vie et ma vocation m'ont mis en relation. Entre ces Mains je laisse en particulier l'Eglise, et également ma Nation et toute l'humanité. Je remercie chacun. A tous, je demande pardon. Je demande également une prière, afin que la Miséricorde de Dieu se montre plus grande que ma faiblesse et mon indignité.
    Au cours des exercices spirituels, j'ai relu le Testament du Saint-Père Paul VI. Cette lecture m'a poussé à écrire le présent Testament.
    Je ne laisse derrière moi aucune propriété pour lesquelles il serait nécessaire de prendre des dispositions. Quant aux objets d'usage quotidien qui me servaient, je demande qu'ils soient distribués comme il semblera opportun. Que mes notes personnelles soient brûlées. Je demande que Dom Stanislaw y veille, tandis que je le remercie pour sa collaboration et son aide aussi constante au cours des années, ainsi que pour avoir été aussi compréhensif. Je laisse, en revanche, tous les autres remerciements contenus dans mon coeur devant Dieu lui-même, car il est difficile de les exprimer.
    En ce qui concerne les funérailles, je réitère les dispositions qui ont été données par le Saint-Père Paul VI. (ici note en marge:  le cercueil dans la terre, pas dans un sarcophage, 13.3.92). A propos du lieu, que décident le Collège cardinalice et mes compatriotes.
    "apud Dominum misericordia
    et copiosa apud Eum redemptio"


    Jean-Paul pp. II


    Roma, 6.III.1979
    Après ma mort je demande des Messes et des prières.
    5.III.1990

    * * *

    [Feuillet sans date: ]
    J'exprime la plus profonde confiance dans le fait que, malgré toute ma faiblesse, le Seigneur m'accordera chaque grâce nécessaire pour affronter selon Sa volonté toute tâche, épreuve ou souffrance qu'il voudra demander à Son serviteur, au cours de sa vie. Je suis également confiant dans le fait qu'il ne permettra jamais que, à travers aucune de mes attitudes:  paroles, oeuvres ou omissions, je puisse trahir mes obligations sur ce saint Siège pétrinien.



    * * *

    24.II - 1.III.1980
    Egalement au cours de ces exercices spirituels j'ai réfléchi sur la vérité du sacerdoce du Christ dans la perspective de ce Passage qu'est pour chacun de nous le moment de sa propre mort. Du congé de ce monde - pour naître à l'autre, au monde futur, la Résurrection du Christ est pour nous un signe éloquent (ajouté au-dessus:  décisif).
    J'ai ensuite lu la rédaction de mon testament de l'année dernière, écrite elle aussi au cours des exercices spirituels - je l'ai comparée avec le testament de mon grand prédécesseur et Père Paul VI, avec ce sublime témoignage sur la mort d'un chrétien et d'un pape - et j'ai renouvelé en moi la conscience des questions auxquelles se réfère la rédaction du 6.III.1979 que j'ai préparée (de façon plutôt provisoire).
    Aujourd'hui, je ne désire y ajouter que cela, que chacun doit garder à l'esprit la perspective de la mort. Et doit être prêt à se présenter devant le Seigneur et le Juge - et dans le même temps Rédempteur et Père. Je prends  donc moi aussi, sans cesse, cela en considération, confiant ce moment décisif à la Mère du Christ et de l'Eglise - à la Mère de mon espérance.
    Les temps dans lesquels nous vivons sont indiciblement difficiles et tourmentés. Le chemin de l'Eglise est lui aussi devenu tendu et difficile, épreuve caractéristique de cette époque - tant pour les Fidèles que pour les Pasteurs. Dans certains pays (comme par exemple celui à propos duquel j'ai lu quelque chose durant les exercices spirituels), l'Eglise traverse une telle période de persécution qu'elle ne peut pas être jugée moindre que celle des premiers siècles, elle les dépasse même par son niveau de cruauté et de haine. Sanguis martyrum - semen christianorum. De plus - de nombreuses personnes disparaissent également de façon innocente dans ce pays où nous vivons...
    Je désire encore une fois m'en remettre totalement à la grâce du Seigneur. Il décidera lui-même quand et comment je dois finir ma vie terrestre et mon ministère pastoral. Dans la vie et dans la mort Totus Tuus à travers l'Immaculée. Acceptant dès à présent cette mort, j'espère que le Christ me donnera la grâce pour l'ultime passage, c'est-à-dire la (ma) Pâque. J'espère également qu'il la rendra utile pour cette cause plus importante que je cherche à servir:  le salut des hommes, la sauvegarde de la famille humaine, et en celle-ci de toutes les nations et des peuples (parmi eux mon coeur se tourne en particulier vers ma Patrie terrestre), utile pour les personnes que, de façon particulière, il m'a confiées,  pour  la  question de l'Eglise, pour la gloire de Dieu lui-même.
    Je ne désire rien ajouter d'autre à ce que j'ai écrit il y a un an - seulement exprimer cette disponibilité et dans le même temps cette confiance, à laquelle les présents exercices spirituels m'ont à nouveau disposé.


    Jean-Paul II

    * * *

    5.III.1982
    Au cours des exercices spirituels de cette année j'ai lu (plusieurs fois) le texte du testament du 6.III.1979. Bien que je le considère encore comme provisoire (non définitif), je le laisse dans la forme sous laquelle il existe. Je ne change (pour le moment) rien, et je n'ajoute rien non plus, en ce qui concerne les dispositions qui y sont contenues.
    L'attentat contre ma vie le 13.V.1981 a, d'une certaine façon, confirmé l'exactitude des paroles écrites au cours de la période des exercices spirituels de 1980 (24.II-1.III).
    Je ressens d'autant plus profondément que je me trouve totalement entre les Mains de Dieu - et je reste continuellement à la disposition de mon Seigneur, me remettant à Lui à travers Sa Mère Immaculée (Totus Tuus)


    Jean-Paul pp. II
    * * *

    5.III.82
    P.S. En lien avec la dernière phrase de mon testament du 6.III 1979 (:  "A propos du lieu /c'est-à-dire le lieu des funérailles/ que décident le Collège cardinalice et mes compatriotes") - je formule clairement ce que j'ai à l'esprit:  l'Archevêque métropolitain de Cracovie ou le Conseil général de l'épiscopat de la Pologne - je demande, enfin, au Collège cardinalice de satisfaire autant que possible les demandes éventuelles des personnes susmentionnées.


    * * *

    1.III.1985 (au cours des exercices spirituels).
    Je désire ajouter - en ce qui concerne l'expression "Collège cardinalice et mes compatriotes":  le "Collège cardinalice" n'a aucune obligation de consulter sur ce thème "mes compatriotes"; il peut toutefois le faire, s'il le considère juste pour une raison ou une autre.


    JPII

    Les exercices spirituels de l'année jubilaire 2000
    (12-18.III)
    [pour le testament]

    1. Lorsque le jour du 16 octobre 1978 le conclave des cardinaux choisit Jean-Paul II, le Primat de la Pologne, le Card. Stefan Wyszynski me dit:  "Le devoir du nouveau Pape sera d'introduire l'Eglise dans le Troisième Millénaire". Je ne sais pas si je répète exactement la phrase, mais tel est au moins le sens de ce que j'entendis alors. C'est l'Homme qui est passé à l'histoire comme le Primat du Millénaire qui l'a dit. Un grand Primat. J'ai été le témoin de Sa mission, de Son don total. De Ses luttes:  de Sa victoire. "La victoire, lorsqu'elle aura lieu, sera une victoire à travers Marie" - le Primat du Millénaire avait l'habitude de répéter ces paroles de son Prédécesseur, le Card. August Hlond.
    De cette façon, j'ai été d'une certaine manière préparé à la tâche qui, le 16 octobre 1978, s'est présentée à moi. Au moment où j'écris ces paroles, l'Année jubilaire de l'An 2000 est déjà une réalité en cours. La nuit du 24 décembre 1999, la Porte symbolique du grand Jubilé dans la Basilique Saint-Pierre a été ouverte, ensuite celle de Saint-Jean-de-Latran, puis de Sainte-Marie-Majeure - le jour de l'an, et la Porte de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs le 19 janvier. Ce dernier événement, en raison de son caractère oecuménique, est resté imprimé de manière particulière dans ma mémoire.
    2. A mesure que l'Année jubilaire 2000 se déroule, le vingtième siècle se clôt jour après jour derrière nous et le vingt-et-unième siècle s'ouvre. Selon les desseins de la Providence, il m'a été donné de vivre en ce siècle difficile qui est en train de se transformer en passé, et à présent, en l'année où ma vie parvient à l'âge de quatre-vingts ans ("octogesima adveniens"), il faut se demander si le temps n'est pas venu de répéter avec le Syméon de la Bible: "Nunc dimittis".
    Le jour du 13 mai 1981, le jour de l'attentat contre le Pape au cours de l'Audience générale sur la Place Saint-Pierre, la Divine Providence m'a sauvé de façon miraculeuse de la mort. Celui qui est l'unique Seigneur de la vie et de la mort Lui-même a prolongé cette vie, d'une certaine façon il me l'a donnée à nouveau. Depuis ce moment, elle appartient encore davantage à Lui. J'espère qu'Il m'aidera à reconnaître jusqu'à quand je dois continuer ce service, auquel il m'a appelé le 16 octobre 1978. Je lui demande de vouloir me rappeler lorsqu'Il le voudra. "Dans la vie comme dans la mort nous appartenons au Seigneur... nous sommes au Seigneur" (cf. Rm 14, 8). J'espère également que tant qu'il me sera donné d'accomplir le service Pétrinien dans l'Eglise, la Miséricorde de Dieu voudra me prêter les forces nécessaires pour ce service.
    3. Comme chaque année, au cours des exercices spirituels j'ai lu mon testament du 6.III.1979. Je continue à maintenir les dispositions qui y sont contenues. Ce qui à l'époque a été ajouté, et également au cours des exercices spirituels successifs, constitue un reflet de la situation générale difficile et tendue qui a marqué les années quatre-vingts. Depuis l'automne de l'année 1989 cette situation a changé. La dernière décennie du siècle passé a été libérée des tensions précédentes; cela ne signifie pas qu'elle n'a pas apporté avec elle de nouveaux problèmes et difficultés. Rendons gloire de manière particulière à la Providence Divine pour cela, pour le fait que la période de ce que l'on a appelé la "guerre froide" se soit terminée sans un violent conflit nucléaire, dont le danger pesait sur le monde au cours de la période précédente.
    4. Me trouvant au seuil du troisième millénaire "in medio Ecclesiae", je désire encore une fois exprimer ma gratitude à l'Esprit Saint pour le grand don du Concile Vatican II, envers lequel je me sens débiteur avec l'Eglise tout entière - et surtout avec l'épiscopat tout entier -. Je suis convaincu qu'il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile du XX siècle nous a offertes. En tant qu'évêque qui a participé à l'événement conciliaire du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et qui seront appelés à le réaliser à l'avenir. Pour ma part, je rends grâce au Pasteur éternel qui m'a permis de servir cette très grande cause au cours de toutes les années de mon pontificat.
    "In medio Ecclesiae"... depuis les premières années de mon service épiscopal - précisément grâce au Concile - il m'a été donné de faire l'expérience de la communion fraternelle de l'Episcopat. En tant que prêtre de l'archidiocèse de Cracovie, j'avais fait l'expérience de ce que signifiait la communion fraternelle du presbyterium - le Concile a ouvert une nouvelle dimension de cette expérience.
    5. Combien de personnes devrais-je ici nommer! Le Seigneur a probablement rappelé à Lui la plupart d'entre elles - quant à celles qui se trouvent encore de ce côté, que les paroles de ce testament les rappellent, toutes et partout, où qu'elles se trouvent.
    Depuis plus de vingt ans que j'exerce mon service Pétrinien "in medio Ecclesiae" j'ai fait l'expérience de la collaboration bienveillante et plus que jamais féconde de tant de Cardinaux, Archevêques et Evêques, de tant de prêtres, de tant de personnes consacrées - Frères et Soeurs -, et enfin d'un très grand nombre de personnes laïques, dans le milieu de la curie, au Vicariat du diocèse de Rome, ainsi qu'en dehors de ces milieux.
    Comment ne pas embrasser avec une mémoire reconnaissante tous les Episcopats du monde, que j'ai rencontrés au cours des visites "ad limina Apostolorum"! Comment ne pas rappeler également les nombreux Frères chrétiens - non catholiques! Et le Rabbin de Rome, ainsi que de nombreux représentants des religions non chrétiennes! Et combien de représentants du monde de la culture, de la science, de la politique, des moyens de communication sociale!
    6. A mesure que se rapproche le terme de ma vie terrestre, je reviens en mémoire au commencement, à mes parents, à mon frère et à ma soeur (que je n'ai pas connue, car elle mourut avant ma naissance), à la paroisse de Wadowice, où j'ai été baptisé, à cette ville de ma jeunesse, à ceux de mon âge, compagnes et compagnons de l'école primaire, du lycée, de l'université jusqu'à l'époque de l'occupation, lorsque je travaillais comme ouvrier, et ensuite  à  la paroisse de Niegowic, à  celle  de  Cracovie de "Saint-Florian", à la pastorale des universitaires, au milieu... à tous les milieux... à Cracovie et à Rome... aux personnes qui, d'une façon particulière, m'ont été confiées par le Seigneur.
    Je désire dire une seule chose à tous:  "Que Dieu vous récompense"
    "In manus Tuas, Domine, commendo spiritum meum"
    A.D.
    17.III.2000

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    Message par BENEDICTE Sam 10 Juil 2021 - 5:19

    C'est  bien  de  relire  tout  cela
    Nous  de  passage  sur  terre pour  préparer  notre  Eternité ...............

    Claire et Gilles aiment ce message

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    Message par Claire Lun 12 Juil 2021 - 21:44

    Testament spirituel du Bienheureux Pape Paul VI

     
    Publiée le 20-03-2018
    TESTAMENTS SPIRITUELS DES SAINTS Paul-VI---12

    Que l'Église veuille bien écouter quelques-unes de nos paroles que pour Elle nous prononçons avec gravité et avec amour.
    Au cours de la réunion de la Congrégation générale des Cardinaux qui s'est déroulée le jeudi 10 août, le texte des dernières volontés de Paul VI a été lu ; avant d'être publié, sa famille en avait eu connaissance. Le testament comprend un texte écrit le 30 juin 1965 auquel on été ajoutés deux compléments, l'un de 1972 et l'autre de 1973. L'ensemble comprend quatorze pages manuscrites. Le premier texte ajouté fut écrit à Castel Gandolfo et outre la date : 16 septembre 1972, est aussi indiquée l'heure : 7h30 avec l'indication : "Notes complémentaires au testament". Le second texte ajouté est intitulé : "supplément à mes dispositions testamentaires", il comprend quelques lignes écrites sur une unique feuille le 14 juillet 1973.

    In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen.
    1. Je fixe mon regard avec une humble et sereine confiance vers le mystère de la mort et de ce qui l'accompagne dans la lumière du Christ qui seul l'illumine. Je ressens la vérité de ce mystère, qui pour moi s'est toujours réfléchi sur ma vie présente, et je bénis le vainqueur de la mort qui en a chassé les ténèbres et révélé la lumière.
    Donc en face de la mort et du total et définitif détachement de la vie présente, j'éprouve le devoir de célébrer le don, le bonheur, la beauté, la destinée de cette fugace existence elle-même : Seigneur, je Te remercie de m'avoir appelé à la vie, et encore plus de ce que, en me faisant chrétien, Tu m'as régénéré et destiné à la plénitude de la vie.
    Je ressens également le devoir de remercier et de bénir ceux qui de Toi ô Seigneur m'ont transmis les dons de la vie : qui m'ont introduit dans la vie (oh! que soient bénis mes très dignes Parents !), ceux qui m'ont donné l'éducation, qui m'ont aimé, aidé, obligé, entouré de bons exemples, de soins, d'affection, de confiance, de bonté, de courtoisie, d'amitié, de fidélité, de respect.
    Je considère avec reconnaissance les rapports naturels et spirituels qui ont donné naissance, soins, réconfort, sens à mon humble existence : que de dons, que de choses belles et élevées, combien d'espérances j'ai reçu en ce monde ! Maintenant que la journée est à son déclin, et que tout finit et se dissipe de cette merveilleuse et dramatique scène temporelle et terrestre, après le don de la vie naturelle, comment Te remercier encore ô Seigneur, de la faveur supérieure de la foi et de la grâce, en laquelle à la fin se réfugie uniquement ce qui de mon être survit ? Comment célébrer dignement ta bonté ô Seigneur, d'avoir dès mon entrée en ce monde été introduit dans la vie ineffable de l'Église ? d'avoir été appelé et invité au sacerdoce du Christ ? d'avoir eu la joie et la mission de servir les âmes, les frères, les jeunes, les pauvres, le peuple de Dieu, et d'avoir eu l'honneur immérité d'être ministre de la Sainte Église, à Rome spécialement, près du Pape, puis à Milan comme archevêque, sur la chaire, trop haute pour moi et très vénérable des Saints Ambroise et Charles, et enfin sur celle de Saint Pierre, suprême, formidable et très sainte ? In aeternum Domini misericordias cantabo.
    Que soient salués et bénis tous ceux que j'ai rencontrés au long de mon pèlerinage terrestre ; ceux qui furent mes collaborateurs, conseillers et amis, et ils furent nombreux, et si bons et généreux et chers ! bénis ceux qui accueillirent mon ministère et furent pour moi des fils et frères dans le Seigneur !
    À vous, Lodovico et Francesco, frères de sang et d'esprit, et à vous tous très chers de ma maison, qui ne m'avez rien demandé, qui n'avez eu de moi aucune faveur terrestre, et qui m'avez toujours donné l'exemple des vertus humaines et chrétiennes, qui m'avez compris avec tant de discrétion et de cordialité et qui surtout m'avez aidé à chercher dans la vie présente, le chemin vers la vie future, à vous ma paix et ma bénédiction.
    Ma pensée se tourne vers le passé et s'élargit aux alentours ; je sais très bien que cet adieu ne serait pas heureux si je ne me souvenais du pardon à demander à tous ceux que j'aurais offensé, que je n'aurais pas servis, pas assez aimés ; et du pardon également que certains pourraient désirer de moi. Que la paix du Seigneur soit avec nous.
    Et je sens que l'Église m'entoure : ô sainte Église, une, catholique et apostolique, avec mon salut qui te bénit, reçois mon suprême acte d'amour.
    À toi, Rome, diocèse de Saint Pierre et du Vicaire du Christ, très chère à ce dernier serviteur des serviteurs de Dieu, ma bénédiction la plus paternelle et plus pleine, afin que Toi, Ville Éternelle, tu te souviennes toujours de ta vocation mystérieuse et qu'avec humaine vertu et foi chrétienne tu saches répondre, tant que durera l'histoire du monde, à ta spirituelle et universelle mission.
    Et à Vous tous, Frères vénérés dans l'Épiscopat, mon salut cordial et respectueux. Je suis avec vous dans l'unique foi, dans la même charité, dans le commun engagement apostolique, dans le solidaire service de l'Évangile pour l'édification de l'Église du Christ et pour le salut de l'humanité entière. À tous les prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux élèves de nos Séminaires, aux catholiques fidèles et militants, aux jeunes, aux malades, aux pauvres, à ceux qui cherchent la vérité et la justice, à tous la bénédiction du Pape qui meurt.
    Et ainsi, avec une spéciale considération et reconnaissance à Messieurs les Cardinaux et à toute la Curie romaine : devant vous qui m'avez entouré de plus près, je professe solennellement notre Foi, je proclame notre Espérance, je célèbre la Charité qui ne meurt pas, j'accepte humblement de la divine volonté, la mort qui m'est destinée, j'invoque la grande miséricorde du Seigneur, j'implore la clémente intercession de la très Sainte Vierge Marie, des Anges et des Saints, et je recommande mon âme aux prières des bons.

    2. Je nomme le Saint-Siège mon héritier universel ; la gratitude et l'amour m'obligent à ce devoir. Sauf les dispositions ci-dessous indiquées.

    3. (Je désire) que mon Secrétaire privé soit l'exécuteur testamentaire. Il voudra bien se concerter avec la Secrétairerie d'État et se conformer aux normes juridiques en vigueur et aux bons usages ecclésiastiques.

    4. En ce qui concerne les biens de ce monde : je me propose de mourir pauvre et de simplifier ainsi toute question à cet égard.
    Quant aux biens mobiliers et immobiliers de ma propriété personnelle qui me seraient restés de provenance familiale, que mes frères Lodovico et Francesco en disposent librement : je les prie de faire célébrer quelques messes de Requiem pour mon âme et pour celles de nos Défunts. Qu'ils veuillent distribuer quelqu'aumône à des personnes dans le besoin et à de bonnes œuvres. Qu'ils conservent pour eux, et donnent à qui le mérite et désire quelque souvenir, des choses ou des objets religieux ou des livres m'appartenant, qu'ils détruisent mes notes, cahiers, correspondance et écrits personnels.
    Pour les choses que l'on peut dire m'appartenant : qu'en dispose, comme exécuteur testamentaire, mon Secrétaire privé, gardant quelque souvenir pour lui-même et donnant aux personnes les plus amies quelque petit objet en souvenir. J'aimerais que soient détruits les manuscrits et les notes écrites de ma main ; et que, dans la correspondance reçue, de caractère spirituel et réservé, soit brûlé tout ce qui n'était pas destiné à la connaissance d'autrui.
    Dans le cas où l'exécuteur testamentaire ne pourrait pourvoir à ceci, que la Secrétairerie d'État veuille bien assumer cette charge.

    5. Je recommande vivement de disposer de tout ce qui est possible pour un nombre convenable de messes et de généreuses aumônes.
    En ce qui concerne les funérailles : qu'elles soient pieuses et simples (qu'on supprime le catafalque qui a servi jusqu'ici pour les obsèques pontificales, pour y substituer un décor humble et digne).
    La tombe : j'aimerais qu'elle soit dans de la vraie terre, avec une humble indication qui signale l'emplacement et invite à la piété chrétienne.

    6. Et à propos de ce qui compte le plus, en prenant congé de la scène de ce monde, et allant au-devant du jugement et de la miséricorde de Dieu : j'aurais tant et tant de choses à dire. Sur l'état de l'Église : qu'elle donne quelqu'écoute aux paroles que, pour elle, nous avons prononcées avec gravité et avec amour. Sur le Concile : qu'on veille à le mener à bon terme et qu'on pourvoie à en exécuter fidèlement les prescriptions. Sur l'œcuménisme : que l'on poursuive l'œuvre de rapprochement avec les Frères séparés, avec beaucoup de compréhension, beaucoup de patience ; avec un grand amour ; mais sans dévier de la vraie doctrine catholique. Sur le monde : que l'on ne pense pas lui être utile en assumant ses pensées, ses mœurs, ses goûts, mais bien en l'étudiant, en l'aimant, en le servant.

    Je ferme les yeux sur cette terre douloureuse, dramatique et magnifique, en appelant encore une fois sur elle la Bonté divine. Et je donne à tous ma bénédiction, spécialement à Rome, à Milan et à Brescia. À la Terre Sainte, la Terre de Jésus où je fus pèlerin de foi et de paix, un salut particulier avec ma bénédiction.

    Et à l'Église, à l'Église catholique bien-aimée, à l'humanité toute entière, ma bénédiction apostolique.
    Puis : in manus Tuas, Domine, commando spiritum meum. Ego: Paulus PP. VI.
    Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 30 juin 1965, an III de notre Pontificat.
    ***

    Notes complémentaires à mon testament

    Magnificat anima mea Dominum. Maria ! Je crois. J'espère. J'aime. In Christo je remercie tous ceux qui m'ont fait du bien.
    Je demande pardon à tous ceux auxquels j'aurais manqué de faire du bien. À tous, je donne la paix dans le Seigneur.
    Je salue mon cher frère Lodovico, et toute ma famille, parents et amis, et tous ceux qui ont accueilli mon ministère. À tous mes collaborateurs, merci. Particulièrement à la Secrétairerie d'État.
    Je bénis avec un amour spécial Brescia, Milan, Rome, l'Église entière. Quam dilecta tabernacula tua, Domine !
    Que tout ce qui m'appartient soit du Saint-Siège.
    Que mon Secrétaire particulier, le cher Don Pasquale Macchi, pourvoie à prendre des dispositions pour quelques messes de suffrage et quelque bienfaisance, et à assigner à lui-même et à des personnes chères quelque souvenir parmi les livres et objets qui m'ont appartenu.
    Je ne désire aucune tombe spéciale.
    Quelques prières afin que Dieu soit miséricordieux à mon égard.
    In Te, Domine, speravi. Amen, alléluia.
    À tous ma bénédiction, in nomine Domini.
    PAULUS PP. VI
    Castel Gandolfo, 16 septembre 1972, heure: 7h30.

    Supplément à mes dispositions testamentaires
    Je désire que mes funérailles soient très simples et ne désire ni tombe spéciale ni aucun monument. Quelques intentions (bienfaisance et prières).
    PAULUS PP. VI 14 juillet 1973

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    Message par Claire Lun 26 Juil 2021 - 20:24

    Testament spirituel du Cardinal Caffarra (+2017)

     
    Publiée le 20-03-2018
    TESTAMENTS SPIRITUELS DES SAINTS Caffarra---4

    Je développerai ma réflexion en deux parties. Dans la première, j’analyserai ce qui constitue la destruction de l’humain et quelques facteurs principaux de cette destruction. Dans la deuxième partie, je répondrai à la question : qui reconstruit l’humain ?

    La destruction de l’humain
    Nous partons d’une page dramatique de l’Évangile : la trahison de Pierre. Nous la lisons dans la version de Marc (cf. Mc 14, 66-72).
    En quoi consiste le reniement de Pierre ? La question de la servante le place face à un choix, un choix qui le concerne, lui et son identité dans sa relation avec Jésus. Deux possibilités s’ouvrent à la liberté de Pierre : affirmer ou nier la vérité sur lui-même. Pierre choisit de nier la vérité : « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles » (v. 69). Pierre trahit la vérité.
    Trahit-il uniquement la vérité ou se trahit-il lui-même ? Ne nie-t-il pas ce qu’il est lui-même ? En trahissant le Christ, il se trahit lui-même. Il ne se préserverait qu’en affirmant la vérité ; en témoignant de la vérité. Mais il est complètement terrorisé, et d’une peur telle qu’elle le pousse au parjure : « Il se livra alors à des imprécations ». En affirmant la vérité, il se serait sauvé lui-même, parce qu’il se serait élevé vers la vérité, lui qui est terrorisé.
    Ce récit évangélique est le paradigme de toute autodestruction de l’humain. La question de la servante n’est que l’occasion donnée à Pierre de redécouvrir son identité, la vérité sur lui-même. Cette redécouverte est un acte de l’intelligence de Pierre : à ce moment, il prend conscience qu’il est disciple de Jésus. Et en ­même temps cette conscience provoque, interpelle sa liberté dans le témoignage de la vérité. C’est une vérité qui fait naître un impératif qui concerne Pierre, et ne concerne que lui. Pierre n’est pas en discussion sur la nature du disciple, du fait de suivre Jésus. Il se retrouve comme emprisonné dans la vérité connue, la vérité sur lui-même.
    Nous savons que Pierre a trahi, et pleure. Il a été l’auteur, la victime et le témoin de la prévarication contre la vérité. Dans une situation similaire, Judas estima qu’il n’était plus digne de vivre et se pendit. « L’homme est lui-même à travers la vérité. Sa relation à la vérité décide de son humanité et constitue la dignité de sa personne », nous dit Karol Wojtyla (dans Le signe de contradiction). Nous pouvons donc dire que la destruction de l’humain réside dans la négation, par l’usage de notre liberté, de ce que notre raison a reconnu comme étant le vrai bien de la personne. En termes théologiques, il s’agit du péché. Ovide n’avait-il pas écrit : « Video meliora proboque deteriora sequor » ? (« Je vois le bien, je l’approuve et je fais le mal ».)
    La destruction de l’humain a donc le caractère de la lacération de sa propre subjectivité. Et elle a également celui du mensonge : elle construit un humain falsifié, tant sur le plan personnel que social. Nul sans doute n’a mieux décrit que Pirandello, avec tant de profondeur et de sens tragique, la vie et la société humaine ainsi édifiées, comme une mascarade.
    L’homme ne peut vivre dans une maison sans portes ni fenêtres ; il vit au sein d’une culture et respire un « esprit des temps » qui, soutenus de nos jours par de puissants moyens d’obtention de consensus, en viennent à favoriser très souvent des facteurs destructeurs de l’humain. (…) Je me limiterais à l’étude de deux d’entre eux : la falsification de la conscience morale et le divorce entre liberté et vérité.
    Le premier facteur destructeur de l’humain est la falsification qu’a subie la conscience morale dans la culture occidentale, se trouvant réduite progressivement, comme l’avait déjà entrevu John Henry Newman il y a plus d’un siècle, au droit de penser, de parler et d’écrire selon son propre jugement ou ses propres humeurs. Dire aujourd’hui « Ma conscience me dit que… » signifie simplement dans la communication actuelle : « je pense que… je désire que… j’aime que… ».

    Posons-nous alors deux questions : en quoi consiste précisément cette falsification ? En quoi est-elle un facteur dévastateur de l’humain ?
    – Elle consiste à échanger, confondre l’affirmation que l’obligation morale est produite dans et par la conscience par l’affirmation que l’obligation morale naît de la conscience. Elle consiste dans la confusion entre la fonction de manifestation [de la vérité en matière de bien] de la conscience avec la fonction constitutive propre de la raison, en tant que participation à la Sagesse divine.
    – La falsification de la conscience morale est un facteur destructeur, et hautement destructeur, de l’humain, parce qu’elle détruit à sa source le rapport originel de la personne humaine avec Dieu Créateur. Elle voile la splendeur de la parole originelle que Dieu adresse à l’homme, en tant que son guide.
    Pour mesurer à quel point la falsification de la conscience morale est dévastatrice pour l’homme, il est nécessaire, avant tout, d’en saisir la véritable nature. Et il y eut deux grands maîtres en ce domaine : Socrate et saint Paul.

    Voyons tout d’abord que par le jugement – ce en quoi consiste précisément la conscience – l’homme découvre non une vérité morale quelconque, mais une vérité inhérente à l’acte qu’il va poser (ou qu’il a posé). Il s’agit d’une vérité qui concerne la personne dans sa singularité, en tant que sujet qui va accomplir une action : la conscience lui fait connaître précisément la vérité morale de cette action, autrement dit sa bonté ou malice morale. Il est alors logique de se demander : comment peut-il connaître cette vérité ? Comment se bâtit ce jugement, en lequel consiste précisément la conscience morale ?

    De la réponse à cette question dépend, en définitive, toute notre conception de la conscience. Nous devons partir de notre expérience quotidienne qui nous atteste que le jugement de la conscience possède une force tout à fait singulière ; celle d’obliger absolument et non seulement hypothétiquement, notre décision, notre liberté. Et c’est de fait si clair pour tous que parler de « conscience » et de « se sentir obligé de… » revient pratiquement au même. Mais ce qui est intéressant surtout, c’est de remarquer et de comprendre sa nature, la forme tout à fait singulière de cette obligation. Il est certain en effet qu’en un certain sens, tout jugement de notre raison exige un certain comportement et, donc, certaines décisions de la volonté. Si nous savons qu’un aliment nuit à notre santé, nous décidons généralement de ne pas en consommer ; si nous savons qu’il fait froid dehors, nous décidons logiquement de nous couvrir. Et ainsi de suite. Cependant, ces jugements de notre raison – et d’autres jugements – exigent un comportement cohérent, mais seulement hypothétiquement : si tu veux être en bonne santé, sachant que cet aliment…, si tu ne veux pas avoir une bronchite, sachant que le climat… mais si nous prêtons attention au jugement de notre conscience, nous voyons que l’obligation qu’il fait naître est essentiellement de nature différente. L’obligation n’est pas suspendue à un « si » : il ne dépend de rien. Il s’impose, immédiatement par lui-même à la liberté de l’homme. La conscience dit absolument : tu dois poser cet acte ; tu ne dois pas poser cet acte. La voix de la conscience place la liberté de l’homme face à un absolu : un devoir absolu.

    Nous nous trouvons ainsi dans une situation intérieure très singulière. En effet, d’une part, la personne humaine ne se sent obligée que par ce jugement de la conscience ; ce n’est que face à ce jugement, celui de la conscience, que la liberté se sent absolument obligée. D’autre part, ce jugement est l’acte d’une personne particulière, du sujet : et elle n’est que le sien. Comment est-il possible que la personne par un acte propre se sente obligée si profondément, si étroitement, qu’elle ne puisse par un acte contraire, se délier ? C’est un de ses actes – un acte de sa raison – qui a lié sa liberté. Par un de ses actes – un acte de sa raison – elle la délie : Sancho Panza reconnaît qu’il mérite d’être puni, mais demande à ce que ce soit lui qui se donne le bâton ! Le grand Cervantes avait parfaitement saisi la déformation de la conscience.
    La réalité de notre expérience intérieure nous atteste clairement que cela n’arrive pas. L’homme ne peut se dispenser de l’obligation que lui impose le jugement de la conscience : l’expérience universelle du remords le prouve. Cette impossibilité nous pousse à une réflexion plus profonde sur la conscience morale.
    Le fait que l’homme sente qu’il ne peut se dispenser lui-même de l’obligation de sa propre conscience démontre que le jugement de cette dernière fait connaître à la personne une vérité qui lui est préexistante. Une vérité, donc, qui n’est pas vraie parce que notre conscience la connaît, mais, au contraire, que notre conscience connaît parce que cette vérité existe. En somme, ce n’est pas la vérité qui dépend de la conscience, mais la conscience qui dépend de la vérité. Quelle vérité ? Cette vérité à la lumière de laquelle et grâce à laquelle « cet acte est bon et doit être posé » ou « cet acte est illicite et doit être évité ». Et nous arrivons là à une conclusion très importante : puisque l’homme n’est obligé que par le jugement de sa propre conscience (= auto-nomie) ; puisque le jugement de sa propre conscience oblige en ce qu’il fait connaître la vérité, ainsi l’homme est autonome lorsqu’il est soumis à la vérité. Son autonomie réside dans sa subordination à la vérité.

    Mais il nous faut brièvement réfléchir sur la vérité connue par le jugement de notre conscience. De quelle vérité s’agit-il ? Puisque la conscience est un jugement sur notre action sous l’aspect moral, il s’agit d’une vérité pratique (qui concerne l’agir humain), d’une vérité sur le bien et sur le mal de notre agir. Le jugement de ma conscience découvre dans l’acte que je m’apprête à poser (ou que j’ai posé) – ou du fait de sa structure même ou du fait des circonstances où il est posé – un rapport avec un ordre par la force duquel « iustum est ut omnia sint ordinatissima » (saint Augustin, De libero arbitrio, 1, 6, 15) : un ordre intrinsèque à l’univers même de l’être. Si je découvre que le rapport de l’acte que je m’apprête à poser est un rapport de contrariété : si ma conscience voit que cet acte est contraire à cet ordre ; que cet acte enfreint ou dégrade cet ordre, il doit être évité, en raison précisément de sa difformité. La conscience morale connaît cet ordre de l’être en tant qu’il est respecté ou nié par l’acte que je m’apprête à poser. Et, par conséquent, le jugement de la conscience – et cette considération requiert beaucoup d’attention – est la convergence, le point de rencontre, la synthèse de la connaissance de l’ordre intrinsèque à l’être avec la connaissance de l’acte que je vais poser. Cet ordre intrinsèque à l’être n’est rien d’autre que l’ordre de la Sagesse créatrice de Dieu, par laquelle et dans laquelle a été créé tout ce qui a été créé.

    Mais comment l’homme peut-il connaître cet ordre, cette « rectitude ontologique » ? Cette capacité humaine est précisément ce que nous appelons raison humaine. Elle est, par conséquent, ce qui rend l’homme participant de la Sagesse ­même de Dieu : le sceau imprimé en l’homme – et uniquement en l’homme – par la main créatrice de Dieu. Par la raison, l’homme connaît cet ordre qui constitue la beauté, la bonté de l’être. Et c’est à la lumière de cette connaissance que la conscience peut découvrir si l’action que la personne pense accomplir s’inscrit dans cet ordre : dans cette beauté, dans cette bonté. Dire que cet ordre est créé, constitué par la raison humaine, et non simplement découvert par elle, revient à nier simplement un fait dont notre expérience est le témoin permanent. Quand, par notre raison, nous découvrons cette beauté, cet ordre, et ses exigences immuables, « non examinator corrigit, sed tantum laetatur inventor » comme l’écrit profondément saint Augustin (op. cit., 2, 12, 34), « elle ne (les) juge pas en arbitre, mais se réjouit de les avoir découvertes ».
    La conscience morale, comme on peut le constater, est le lieu où Dieu adresse sa parole première, originelle, permanente à l’homme : le lieu où Dieu se révèle comme le guide de l’homme. Éteignez cette lumière et l’homme perdra la vue.
    Nous pouvons maintenant mieux saisir en quoi consiste la falsification de la conscience. Elle est sortie de la Sagesse divine, et son jugement est ultime et sans appel. Sancho Panza qui se donne lui-même le bâton.

    Le second facteur est le divorce de la liberté et de la vérité (sur le bien). En quoi consiste l’admirable union de la liberté et de la vérité ? Quelle est la nature de ce lien ?

    Nous devons d’abord préciser que nous ne parlons pas de vérité en général. Nous traitons ici de la vérité pratique, comme nous l’avons déjà dit, à savoir de la vérité sur le bien/le mal de la personne humaine en tant que telle. Lorsque je dis « 2 + 2 = 4 » je dis la vérité, mais je n’affirme pas une vérité pratique. Pratique signifie qu’il s’agit d’une vérité qui doit être réalisée, accomplie dans et par l’acte de la personne. La vérité demande avec force à être accomplie. Elle est en moi ; si je la refuse, je me refuse moi-même.

    Il n’est pas difficile alors de voir le rapport vérité-liberté : la vérité est le projet de la construction de l’humain ; mais aucune construction de l’humain n’est possible si elle n’est accomplie par la liberté. Il s’agirait alors, par définition, d’une construction inhumaine. La personne se construit, « se libère non seulement et non principalement par le fait qu’en connaissant la vérité sur soi, on la reconnaît comme vérité par la simple force de sa connaissance. Elle se libère quand… on s’identifie avec elle jusqu’au bout, en la choisissant par l’acte de la liberté… quand “elle fait la vérité” » [Karol Wojtyla]. Jésus a affirmé : « Non celui qui dit Seigneur, Seigneur, mais celui qui fait la volonté de mon Père ».

    Il y a donc une cohésion essentielle entre personne, acte de la personne et vérité : c’est le résultat de la connaissance morale. Et il existe une cohésion existentielle, réalisée ou niée par l’acte libre. En ce sens, Kierkegaard a raison quand il écrit que la vérité est subjectivité.

    Du fait de processus culturels longs et complexes, le lien entre vérité et liberté est aujourd’hui rompu : soit l’on affirme une vérité sans liberté, soit une liberté privée de vérité. Cette double affirmation peut se vérifier dans l’idéologie écologiste, dans la vision contemporaine de la sexualité, dans la doctrine économique, dans la réduction du droit à une simple technique normative. Un homme sans vérité est condamné à la liberté et sera bien satisfait de la remettre au puissant du moment (le Grand Inquisiteur de Dostoïevski). Un homme sans liberté devient une trace dans le sable, tracée et effacée par un destin inexorable et impersonnel – « qui préside au malheur universel », dirait Leopardi.

    Qui reconstruit l’humain ?
    Je commencerai la seconde partie de ma réflexion par une métaphore.
    Deux personnes marchent sur la berge d’un fleuve en crue. L’un sait nager, l’autre non. Ce dernier tombe à l’eau, et le courant l’emporte. Son ami a trois possibilités à sa disposition : lui apprendre à nager ; lui lancer une corde en l’exhortant à bien s’y agripper ; se jeter à l’eau, attraper le malheureux et le ramener sur la rive.
    Laquelle de ces voies a choisi le Verbe incarné en voyant l’homme entraîné vers son autodestruction ? La première, répondirent les Pélagiens, et répondent encore tous ceux qui réduisent l’évènement chrétien à une exhortation morale. La deuxième, répondirent les ­semi-pélagiens, et répondent encore tous ceux qui considèrent la grâce et la liberté comme deux forces inversement proportionnelles. La troisième, enseigne l’Église : le Verbe, ne considérant pas Sa condition divine comme un trésor à garder jalousement, se jeta dans le courant du mal pour se saisir de l’homme et le porter sur la rive. Voilà ce qu’est l’évènement chrétien.

    Posons-nous la question : à quelle profondeur la reconstruction de l’homme doit-elle commencer ? Là où se rencontre vérité et liberté. Le mal de la personne humaine en tant que tel est le mal moral, puisqu’il touche le sujet personnel. La reconstruction de l’humain doit commencer à ce niveau. Sinon, elle ne sera qu’une simple chirurgie esthétique. L’acte rédempteur du Christ, accompli une fois pour toutes sur la Croix, et sacramentellement toujours présent et opérant dans l’Église, guérit précisément cette lacération du sujet d’où provient la dévastation de l’humain. Et c’est là le sens de l’existence de l’Église : elle est là pour rendre présent ici et maintenant l’acte rédempteur du Christ. « Rappelle-toi que Jésus-Christ… est ressuscité des morts » (2 Tm 2, 8) écrit Paul à son disciple Timothée. Malheur si la mémoire de l’Église contient autre chose !

    Mais en quoi consiste précisément la reconstruction de l’humain, opérée par l’acte rédempteur du Christ au moyen de l’Église ? La théologie l’appelle « justification du pécheur ». C’est l’opération que Dieu accomplit par le don de l’Esprit dans la personne qui devant Lui se reconnaît injuste. Écoutez ce qu’écrit le bienheureux Antonio Rosmini. « L’opération de Dieu en l’homme, cette opération de grâce est un dogme du christianisme ; c’est à proprement parler le dogme fondamental sur lequel s’appuie le christianisme lui-même, comme sur sa base,… c’est son essence, religion surnaturelle ». (Anthropologie surnaturelle, Opere, vol. 39). Qui reconstruit l’humain ? La grâce du Christ. Il faut le répéter, clairement : c’est là le christianisme.
    Le Seigneur Ressuscité a une relation réelle avec le monde, relation qui requiert, chez les disciples, d’être traduite dans la pratique chrétienne. Cette relation réelle s’actualise chaque fois que nous célébrons un sacrement de la foi. Les sacrements sont l’avènement cultuel de la présence corporelle du Christ dans notre monde.

    Je voudrais maintenant reprendre brièvement le concept que je viens de formuler : transposer dans la pratique cette relation du Christ avec la personne et avec le monde. Je n’exposerais que quelques réflexions générales.
    – Il est d’une urgence dramatique que l’Église mette fin au silence qui entoure le surnaturel. Plus l’Église se conforme au monde, plus s’obscurcissent dans la conscience du peuple chrétien la vérité du péché originel et la foi dans la nécessité de la Rédemption : les deux pivots autour desquels s’articule toute la proposition chrétienne.
    – Il est nécessaire de donner à la raison sa dignité royale. Une foi proclamée mais non interrogée ne suffit pas, une foi affirmée mais non pensée n’est pas suffisante. Ce que j’ai nommé « transposition du rapport réel du Christ avec le monde dans la pratique du disciple » est en grande partie une œuvre de la droite raison. Sur ce point également les Pères de l’Église sont exemplaires.
    – Dernier point et non des moindres : il est urgent de proposer clairement, de façon nette, une véritable éducation chrétienne des enfants et des jeunes.

    Conclusion
    Au moment de conclure, je voudrais faire une constatation. Tout ce qui constitue ce que l’on appelle « la civilisation occidentale » conduit à l’athéisme ou du moins à l’expulsion de la religion de l’horizon de la vie. En deux mots, il s’agit d’une civilisation athée et immanentiste. La falsification subie par le concept et l’expérience de la conscience morale en est le symptôme pathologique le plus évidemment diagnosticable.
    Partant de ce constat, voici la première réflexion de ma conclusion. L’Église a pour devoir premier de dénoncer cette destruction de l’humain née de l’expulsion de Dieu de l’horizon de la vie. « L’Église doit dénoncer la rébellion [= construction de la personne sans Dieu] comme le plus grave de tous les maux possibles. Elle ne peut manquer à ses engagements, si elle veut rester fidèle à son Maître ; elle doit la bannir et l’anathématiser » (John Henry Newman, Apologia pro vita sua). Ce serait manquer gravement à sa mission que de parler souvent d’autre chose et exhorter à autre chose, dans le but de s’assurer le consensus du monde.
    La seconde réflexion de ma conclusion : Pascal dit que personne n’a aussi mal parlé de l’homme et personne n’en a si bien parlé que le christianisme. Et par conséquent les mesures extérieures, comme la prédication et l’enseignement, tout en étant nécessaires, ne sont pas suffisantes. Il faut une force régénératrice, qui vient d’en haut par l’intermédiaire de l’Église. La véritable reconstruction de l’humain doit partir des sources mêmes de la pensée et de l’agir libre ; c’est-à-dire de la substance même du moi. En bref, nous vivons une période de combat que nul ne peut déserter, car chacun de nous a au moins une de ces trois armes à sa disposition : la prière, la parole, la plume. Un combat à mener dans la paix, car souvenez-vous que « les doux posséderont la terre ».
        Cardinal Carlo Caffarra

        Cardinal archevêque de Bologne (1938-2017)

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