C’est au Vatican que la consommation de vin par habitant est la plus importante au monde. C'est une des conclusions de statistiques publiées par le Wine Institute (organisation qui regroupe des producteurs de vin de Californie) concernant l'année 2012.
Dans ce minuscule Etat, on consomme en moyenne 74 litres de vin par an et par personne (soit environ 99 bouteilles de 75cl par an). Soit presque le double de la France… Alors comment est-ce possible? Les habitants du Vatican sont-ils alcooliques?
Peut-on envisager le facteur «vin de messe»?
Pour la Stampa, ce n’est pas une petite gorgée par cérémonie qui va changer grand-chose. Michael Winterbottom, éditorialiste pour The Universe Catholic Weekly explique en outre au Guardian que «le vin de messe n’est généralement pas acheté dans le commerce, car il doit être fabriqué à partir de raisin pur», sans faire de mélange.
En 2011, un article de La Croix précisait:
«Pour la liturgie, l’Eglise demande de prendre un “vin naturel de raisins, pur et non corrompu, sans mélange de substances étrangères”, dont on doit “veiller à ce qu’il ne s’aigrisse pas”. Le vin ne fait l’objet d’aucune certification, et l’Eglise fait confiance à ses ministres pour s’assurer de sa validité. En France, les prêtres marquent leur préférence pour le vin blanc.»
Alors pourquoi le Vatican est-il en tête du classement?La réponse pourrait bien se trouver au... supermaché.
The Guardian précise:
«Il y a un supermarché au Vatican, connu sous l'appellation familière “spaccio dell'Annona”, une expression qui fait allusion à la contrebande. Les taxes y sont basses. Ceux qui sont en possession d'un pass Vatican benéficient de droits similaires à ceux qui ont passé la sécurité dans un aéroport. Est-ce que le Saint-Siège est un duty-free géant?»
Concernant le supermarché, tout le monde n'a pas droit aux taxes avantageuses dont parle The Guardian, mais les bénéficiaires sont nombreux, comme Le Monde des religions l'expliquait, en 2012:
«Le supermarché du Vatican, l’Annona, est plus populaire. Les quelque 5.000 employés et retraités (le personnel du Saint-Siège et celui de la cité du Vatican) y ont accès –et parfois même les amis de leurs amis. Les produits y sont exempts de TVA et autres impôts.»
Cela n'explique donc pas tout. En réalité, c'est surtout la petite taille de la Cité-Etat qui tord fortement les chiffres «par habitant». Ces calculs considèrent les bouteilles achetées sur un territoire, donc pas forcément consommées par ses habitants, ni nécessairement bues entre les murs du Vatican. Le Vatican compte à peu près 800 habitants sur 44 hectares, mais accueille des millions de visiteurs chaque année.
The Independent souligne également que la petite population est très masculine, avec une moyenne d’âge assez élevée et qu’il y a peu d’enfants. Cela fausse donc encore les statistiques «par habitant» (et non pas «par habitant en âge de boire de l’alcool»).
La taille de la population et le fonctionnement économique biaisent sans doute les chiffres dans d’autres petits pays, puisque dans les gros consommateurs on trouve aussi le Luxembourg (56 litres par habitant par an) et l’Andorre (46 litres).
Lucie de la Héronnière
Slate fr
Dans ce minuscule Etat, on consomme en moyenne 74 litres de vin par an et par personne (soit environ 99 bouteilles de 75cl par an). Soit presque le double de la France… Alors comment est-ce possible? Les habitants du Vatican sont-ils alcooliques?
Peut-on envisager le facteur «vin de messe»?
Pour la Stampa, ce n’est pas une petite gorgée par cérémonie qui va changer grand-chose. Michael Winterbottom, éditorialiste pour The Universe Catholic Weekly explique en outre au Guardian que «le vin de messe n’est généralement pas acheté dans le commerce, car il doit être fabriqué à partir de raisin pur», sans faire de mélange.
En 2011, un article de La Croix précisait:
«Pour la liturgie, l’Eglise demande de prendre un “vin naturel de raisins, pur et non corrompu, sans mélange de substances étrangères”, dont on doit “veiller à ce qu’il ne s’aigrisse pas”. Le vin ne fait l’objet d’aucune certification, et l’Eglise fait confiance à ses ministres pour s’assurer de sa validité. En France, les prêtres marquent leur préférence pour le vin blanc.»
Alors pourquoi le Vatican est-il en tête du classement?La réponse pourrait bien se trouver au... supermaché.
The Guardian précise:
«Il y a un supermarché au Vatican, connu sous l'appellation familière “spaccio dell'Annona”, une expression qui fait allusion à la contrebande. Les taxes y sont basses. Ceux qui sont en possession d'un pass Vatican benéficient de droits similaires à ceux qui ont passé la sécurité dans un aéroport. Est-ce que le Saint-Siège est un duty-free géant?»
Concernant le supermarché, tout le monde n'a pas droit aux taxes avantageuses dont parle The Guardian, mais les bénéficiaires sont nombreux, comme Le Monde des religions l'expliquait, en 2012:
«Le supermarché du Vatican, l’Annona, est plus populaire. Les quelque 5.000 employés et retraités (le personnel du Saint-Siège et celui de la cité du Vatican) y ont accès –et parfois même les amis de leurs amis. Les produits y sont exempts de TVA et autres impôts.»
Cela n'explique donc pas tout. En réalité, c'est surtout la petite taille de la Cité-Etat qui tord fortement les chiffres «par habitant». Ces calculs considèrent les bouteilles achetées sur un territoire, donc pas forcément consommées par ses habitants, ni nécessairement bues entre les murs du Vatican. Le Vatican compte à peu près 800 habitants sur 44 hectares, mais accueille des millions de visiteurs chaque année.
The Independent souligne également que la petite population est très masculine, avec une moyenne d’âge assez élevée et qu’il y a peu d’enfants. Cela fausse donc encore les statistiques «par habitant» (et non pas «par habitant en âge de boire de l’alcool»).
La taille de la population et le fonctionnement économique biaisent sans doute les chiffres dans d’autres petits pays, puisque dans les gros consommateurs on trouve aussi le Luxembourg (56 litres par habitant par an) et l’Andorre (46 litres).
Lucie de la Héronnière
Slate fr