Vietnam : les montagnards M’nông ont gardé la foi
Après plus d’un demi-siècle d’isolement, les catholiques M’nông du diocèse de Ban Mê Thuột, sur les Hauts-Plateaux, voient s’ouvrir une nouvelle étape de leur vie religieuse avec l’arrivée de deux jeunes prêtres.
26.12.2014
Eglises d'Asie
Après plus d’un demi-siècle d’isolement, les catholiques M’nông du diocèse de Ban Mê Thuột, sur les Hauts-Plateaux, voient s’ouvrir une nouvelle étape de leur vie religieuse avec l’arrivée de deux jeunes prêtres.
26.12.2014
Eglises d'Asie
La communauté chrétienne (1) de Krông Nô tire son nom du district où habitent la plupart de ses membres, le district de Krông Nô. Celui-ci est situé dans une région montagneuse et boisée des Hauts Plateaux du Centre Vietnam, dans la province de Dak Nông. Les missionnaires ont pénétré dans cette région au cours des années 1960 et y ont annoncé l’Evangile pour la première fois Depuis cette époque, plus d’un demi-siècle s’est écoulé et les nombreux et dramatiques événements historiques qui se sont succédé ont contribué à isoler les premiers catholiques. A plusieurs reprises, on a pu penser que la foi s’était éteinte. Les chrétiens sont restés longtemps sans pasteur et aucune information n’était donnée sur la progression de la foi au sein des villages montagnards. Sans église ni chapelle Cependant, malgré l’oubli et le silence, l’esprit de Dieu n’a jamais cessé de travailler au sein de la communauté. Les catholiques sont aujourd’hui au nombre de 800. Presque tous appartiennent à l’ethnie M’nông. Les catholiques sont dispersés dans une vingtaine de villages de la province, éloignés les uns des autres. Un certain nombre de Vietnamiens font aussi partie de cette communauté, des migrants venus récemment du Vietnam du Nord. Comme pour la plupart des autres communautés de ce type (Giao Diêm) (au nombre d’une dizaine dans le diocèse), la chrétienté de Krông Nô n’a pas d’église, ni de chapelle. Chaque fois qu’ils veulent participer à l’eucharistie, les catholiques montagnards sont obligés de parcourir plus de 60 km jusqu’à l’église de la grande paroisse de Giang Son. Cette situation a ému Mgr Vincent Nguyên Van Ban, évêque de Ban Mê Thuôt. Il a nommé deux jeunes prêtres au titre de vicaires du curé de la paroisse de Giang Son, et les a chargés plus spécialement d’assurer le ministère pastoral pour cette chrétienté à la fois dispersée et lointaine des M’nông de Krong Nô. 194 adultes et enfants confirmés Grâce à la présence et au ministère de ces prêtres, la situation a rapidement évolué. Le 15 décembre dernier, l’évêque du diocèse s’est rendu sur les lieux. L’approche des fêtes de Noël et surtout la célébration de la confirmation pour 194 adultes et enfants justifiaient largement ce déplacement. La cérémonie a eu lieu sous une tente de fortune, déchirée en de nombreux endroits. Ce fut un jour de bonheur pour toute la communauté qui participa à la première eucharistie célébrée dans cette région. De la vie de tous, cette journée marque le début d’une nouvelle étape dans la vie religieuse de la communauté de Krong Nô. 68 000 des 361 000 catholiques du diocèse de Ban Mê Thuột appartiennent à des minorités ethniques. Trois ethnies principales vivent dans les provinces de Daklak et de Daknông ainsi que sur la partie de la province de Binh Phuoc qui constituent le territoire du diocèse. La plus nombreuse est l’ethnie E Dê surtout concentrée dans la province de Daklak. Les M’nông viennent en second pour le nombre. Ils résident surtout dans la province de Daknông. Les troisièmes, les Stieng vivent dans la partie de la province de Binh Duong rattachée au diocèse de Ban Mê Thuôt. D’autres minorités sont venues s’installer dans le diocèse ; les unes venues du diocèse de voisins de Kontum pendant la guerre, les autres venus du Nord Vietnam après 1975 (2). De l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris, Eglises d’Asie (eda/jm) Légende photo : Mgr Vincent Nguyên Van Ban, évêque de Ban Mê Thuôt, confirmant des enfants et des adultes de la communauté de Krong Nô, le 15 décembre. Notes (1) C’est ainsi que nous traduisons, faute de mieux, le terme vietnamien « Giao Diêm » que Mgr Paul Nguyn Thai Hop avait ainsi défini pour Eglises d’Asie : « Ce terme se trouve dans quelques décrets publiés dans les années 1990, avant la parution de l‘Ordonnance sur la croyance et la religion. On fait une distinction entre les paroisses proprement dites (Giao Xu), les annexes des paroisses (Giao Ho) et ce type de communauté chrétienne qui ne constitue pas encore une unité canonique. En quelque sorte, c’est l’équivalent de ce que la littérature missionnaire autrefois appelait « chrétienté », une communauté chrétienne en phase de constitution. » (2) VietCatholic News, le 16 décembre 2014. sources: EGLISES D'ASIE |