Aimer Dieu, aimer son prochain :
oui, mais comment ?
Une fois par mois, aux Vigiles du samedi soir, la Fraternité de Lyon se retrouve et reçoit de l'une ou de l'autre un commentaire de la Parole. Voici celui du 30ème dimanche du Temps Ordinaire, autour des trois lectures de ce dimanche : Ex 22,20-26 ; Ps 17 ; 1 Th 1,5c-10 et Mt 22,34-40.
N’opprime pas l’étranger car tu te souviendras que tu as toi-même été un étranger en Egypte. Ne rudoie pas la veuve et l’orphelin car Dieu écoute sa plainte. Prête sans intérêt... Toutes ces prescriptions bien concrètes qui appartiennent au code de l’Alliance balisent un chemin de vie au peuple d’Israël.
Mais, soyons aussi attentifs à la dernière parole prononcée par Dieu :"s’il crie vers moi, je l’écouterai, car je suis compatissant, moi !" (Ex 22, 26). N’est-ce pas là, déjà, une manière de dire : "montrez-vous compatissants comme votre Père est compatissant" (Lc 6, 36), ou "soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5, 48) ?
Paul aussi nous parle d’imitation : "vous vous êtes mis à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la parole avec la joie de l’Esprit Saint" (1 Th 1, 6). De proche en proche, la foi de ceux qui vivent la Parole et la mettent en pratique retentit et se répand autour d’eux. Ainsi, la perfection de l’Evangile à laquelle nous sommes appelés n’est pas pour nous, mais pour le Corps entier, pour l’humanité !
Voici le plus grand commandement : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Et, tu aimeras ton prochain comme toi-même. Les deux commandements cités par Jésus comme étant le plus grand commandement ne font étonnement pas partie ni du décalogue (Dt 5, 1-22 ; Ex 20, 1-20), ni du code de l’Alliance (Ex 20, 22-23, 33). Le premier vient du livre du Deutéronome (Dt 6, 5) où il conclut le "sh’ma Israël", "écoute Israël". Et le second vient du livre du Lévitique (Lv 19, 18) où il se situe dans une série de prescriptions morales et cultuelles.
Ainsi, Jésus réapitule-t-il toutes les prescriptions de la loi dans le commandement de l’amour. Ni le décalogue, ni le code de l’Alliance ne parle d’un commandement de l’amour. Mais, ils décrivent les limites à ne pas franchir, les limites au-delà desquelles il n’y a plus d’amour. "L’amour est le cœur positif mais secret des commandements du décalogue" (Marcel Domergue). Le Décalogue et le code de l’Alliance tracent et balisent le chemin de l’amour, mais ils ne nous disent pas comment aimer, car l’amour n’est pas du ressort de la loi, mais de celui de la liberté.
Aimer Dieu et aimer son prochain sont deux commandements semblables, nous dit Jésus. Comment s’aimer soi-même ? Nous ne pouvons nous aimer nous-mêmes sans tomber dans un amour narcissique ou égoïste, que si nous nous savons aimés. C’est une question de foi en Dieu qui est amour et qui nous aime chacun personnellement. A l’origine du commandement d’amour, il y a donc l’amour de Dieu pour nous ! "En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres" (1 Jn 4, 10-11).
Si les deux commandements sont semblables, c’est que pour aimer Dieu, nous devons passer par le chemin de l’amour du prochain. "Si quelqu’un dit ‘j’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère" (1 Jn 4, 20-21).
L’amour est un commandement impossible, une perfection qui dépasse largement notre cœur humain ! Demandons que notre cœur de pierre soit habité et transformé par la tendresse de Dieu, pour devenir un cœur de chair capable d’aimer à la manière du Christ, un cœur dans lequel "l’amour a été répandu par l’Esprit Saint qui nous a été donné" (Rm 5, 5).
Source: www.carmelitesdesaintjoseph.com
Gilles. Ville de Québec - Canada