Le monde des Anges : Présents dans l’Invisible
Pierre Descouvemont
Les Écritures nous en parlent, le Credo affirme leur existence, les saints et l’art les évoquent. Mais qui sont ces créatures célestes si présentes à nos existences ?
Dans chacune de nos eucharisties, nous nous associons à l’adoration des anges, en évoquant la vision au cours de laquelle Isaïe reçut sa mission prophétique vers l’an 740 avant Jésus Christ. Dieu lui apparut, adoré par tous les séraphins du ciel : « Saint, saint, saint est le Seigneur ! » (Isaïe 6, 1-3). Nos liturgies sont une participation à cette liturgie céleste que décrivent plusieurs passages de l’Apocalypse (5, 11 ; 7, 11). Bien des saints ont joui du privilège de voir les anges s’unissant par la danse et le chant à la liturgie de leur communauté. Les psaumes nous rappellent d’ailleurs leur adoration incessante à nos côtés : « De tout cœur, Seigneur, je te rends grâce. Je te chante en présence des anges » (Psaume 138, 1).
Dans la vie de Jésus
Les Évangiles nous présentent également le Christ sans cesse escorté par les anges, depuis sa naissance (Luc 2, 13) jusqu’à sa tentation au désert (Marc 1, 13) et son agonie à Gethsémani (Luc 22, 43). Mais le Christ refuse le service des légions d’esprits célestes qui n’attendent qu’un signe pour empêcher les soldats de se saisir de lui (Matthieu 26, 53). Quand il ressuscite, c’est un ange qui annonce aux saintes femmes la Bonne Nouvelle (Marc 16) et lorsqu’il reviendra dans sa gloire, il sera encore escorté par les anges qui rassembleront les élus (Marc 13, 26-27) et sépareront les bons des mauvais (Matthieu 13, 49 ; 16, 27 ; Marc 8, 38). Dans nos églises, ils ne cessent d’adorer le Christ présent au très Saint Sacrement de l’autel. L’art baroque aime les représenter groupés autour du tabernacle pour y adorer leur Seigneur. Les anges n’oublient pas que, s’ils ont fait le choix de se prosterner devant Dieu - au lieu de s’affirmer orgueilleusement contre lui, comme les démons - c’est par une grâce qui leur vient du Christ et même, plus précisément, du Corps de Jésus né de la Vierge Marie. On comprend qu’ils se soient donné rendez vous à Bethléem, pour s’incliner devant l’Enfant-Dieu qui venait de naître. Le Corps du Christ est le seul à avoir reçu en plénitude l’Esprit du Père : c’est par Lui qu’Il est répandu chez tous ceux qui veulent bien l’accueillir : les âmes des justes et les « bons » anges.
Messagers de Dieu
C’est à cause de ce rôle que la Bible leur donne le plus souvent le nom de messagers (mal’ak en hébreu, aggelos en grec, angelus en latin). Un ange apparaît à Agar en lui ordonnant de retourner vers Sara, sa maîtresse (Genèse 16, 9) ; c’est un ange qui invite Gédéon à délivrer Israël des Madianites (Juge 6, 14), etc. Dieu se sert de ses anges pour instruire les prophètes (Ezéchiel 40, 3) ou leur expliquer des visions symboliques (Zacharie 2, 3). Gabriel annonce à Zacharie qu’il aura un fils béni de Dieu (Luc 1, 13) et à Marie qu’elle sera la mère du Sauveur (Luc 1, 30-31). Parfois ces ambassadeurs sont envoyés par Dieu pour les punir. Les Égyptiens (Exode 12, 23, 29), les Israélites révoltés (1 Corinthien 10, 10 ; Ps 78, 30), David (1 Chronique 21, 12), les Assyriens (2 Rois 19, 35) furent victimes de leur zèle vengeur. Judas Maccabée supplie Dieu d’envoyer un ange pour le délivrer de Lysias (2 Maccabée 11, 6) et de Nicanor (2 Maccabée 15, 23). Les Actes nous racontent enfin comment Hérode-Antipas, le premier persécuteur de l’Église naissante, fut frappé par « un ange du Seigneur » au moment même où le peuple l’acclamait comme un dieu. « Il expira rongé par les vers » (Acte 12, 22-23).
Collaborateurs de la Providence
Le cosmos est réglé par des lois précises que la science arrive de plus en plus à décrypter. Mais saint Thomas, bon témoin de la Tradition, pense que les anges sont chargés de veiller sur la bonne marche des astres et des saisons. Dieu pourrait évidemment s’en passer. Néanmoins, dans sa sagesse infinie, il a pensé que l’univers serait plus beau si les créatures qui sont au sommet de la création veillaient sur les créatures qui leur sont inférieures, le cosmos et le monde des hommes. Newman disait des anges qu’ils étaient « les machinistes de l’Univers ». Origène, au IIIe siècle, pensait déjà qu’ils étaient « les serviteurs du Verbe dans l’administration des animaux, des plantes et des astres. » Par voie de conséquence, les anges ne cessent de louer le Seigneur pour la splendeur des créatures matérielles sur lesquelles ils veillent. Dans l’immensité des espaces interstellaires des myriades d’anges louent le Seigneur pour l’ordonnance des galaxies qu’Il ne cesse de créer. « Tout ce qui paraît vide, écrit saint Hilaire de Poitiers, est rempli des anges de Dieu et il n’est rien qui ne soit habité par la circulation de leur ministère. » Et Newman lui faisait écho lorsqu’il déclarait au cours d’un sermon : « Il y a des anges tout autour de nous. » Les anges sont donc les collaborateurs privilégiés de cette mystérieuse Providence qui régit le monde et qui fait tout concourir à notre bien (Romain 8, 28). Une Providence cachée à nos yeux mais qui fait déjà l’admiration de nos frères du ciel. D’où leur sérénité devant les malheurs qui nous frappent mais dont ils voient le rôle dans le plan adorable de Dieu.(...)
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Et aussi... dans Il est vivant ! n°220 - octobre 2005
Qui sont-ils ?
La chute par Frédéric-Marc Balde, prêtre de la communauté de l’Emmanuel
Anges mais... créatures par le Père Descouvemont
Anges gardiens : veillez sur nous ! par le Père Descouvemont
Le triptyque du maître de Moulins par Yves Mathonat, curé de la cathédrale de Moulins
Marie, reine des anges par Vincent Bedon, prêtre de la communauté de l’Emmanuel
Source: www.ilestvivant.com
Gilles. Ville de Québec - Canada