Anselm Grün : "Pourquoi le pape François est tant aimé"
ANSELM GRÜN (TRADUIT DE L'ALLEMAND PAR JEAN MERCIER) publié le 12/03/2015
<a href="https://www.zupimages.net/viewer.php?id=17/04/iap3.jpg"><img src="https://www.zupimages.net/up/17/04/iap3.jpg" alt="" /></a>
© Eric Vazzoler pour La Vie
Le moine et auteur à succès Anselm Grün, qui vit et prie depuis 50 ans selon la règle de saint Benoît à l’abbaye de Münsterschwarzach, en Bavière, revient pour La Vie sur la popularité du pape François.
« Lorsque le nouveau pape se présenta après le Conclave, personne ne le connaissait. On ne l’associait avec aucune image, aucune représentation. Mais d’un simple "Bonsoir", il a conquis les coeurs. Voilà un pape qui se ne cachait pas derrière un discours ecclésiastique de circonstance, mais qui parlait comme les gens. Et lorsqu’il a dû donner sa bénédiction, et qu’il a d’abord demandé à la foule de prier pour lui, la vox populi – la voix du peuple – lui était acquise.
Au début, la plupart des gens se sont dit que le pape était un bon type – tant mieux ! – mais qu’à son âge, il n’allait pas bousculer l’Eglise… Mais le pape sait ce qu’il veut. Il a tout de suite envoyé des signaux. Et ceux ci ont ébranlé l’Eglise. Il parle une langue nouvelle. Depuis son arrivée, François a changé le climat ecclésial. Les cercles conservateurs se sont calmés. Les évêques n’osent plus se réclamer de leur honneur épiscopal et mener une vie grandiose. Le pape François est du côté des pauvres et exige la même chose de ses prêtres et évêques.
Et le pape fait ce qu’il dit. Sa première sortie a été pour les réfugiés à Lampedusa. Et dans son discours, il a fustigé "la mondialisation de l’indifférence". Et il critique le système économique capitaliste, qui est meurtrier pour de nombreux êtres humains. Jadis, les papes ont toujours réagi face aux crises économiques, mais ils ne voulaient pas se fâcher avec les riches. Le pape François n’a pas ces réserves. Il dit ce qu’il pense. Et, du coup, il est entendu par beaucoup d’économistes. Et le pape surprend le public sans cesse par ses initiatives. Il mange avec les sans abri de Rome. Il fait installer pour eux des douches sous la colonnade du Bernin et un salon de coiffure, où ils peuvent se faire couper les cheveux gratuitement par des apprentis coiffeurs.
Le pape a aussi une autre idée de l’Eglise que ses prédécesseurs. Il parle des fautes et des faiblesses de l’Eglise. Il préfère une Eglise cabossée, qui se soucie des pauvres, à une Eglise qui célèbre sa gloire. Dans ses discours aux évêques, au religieux, aux prêtres, aux fidèles, il n’emploie pas des mots huilés, mais il exige d’eux tous qu’ils vivent avec passion le temps présent. Ce qui saute aux yeux chez lui, c’est la passion qui l’anime. Il voudrait une Eglise humaine et miséricordieuse. Il ne se cache pas derrière le droit canon. Mais dans ses réprimandes envers les cardinaux et ses collaborateurs, il peut aussi manquer de miséricorde. Il nomme les fautes par leur nom, sans ménagement.. Et il frappe ses mots, de sorte qu’ils deviennent comme des répliques culte. Comme quand il parle d'"Alzheimer spirituel". Une telle créativité langagière a ses effets… Ses paroles ne peuvent plus être adoucies ou manipulées. C’est cette clarté que les gens aiment chez lui.
Il y a encore autre chose que les gens aiment chez ce pape. Il sait écouter. Il sait entendre les réfugiés et les sans abri, avec lesquels il va se mettre à table. Il écoute les représentants des autres confessions. Il ne se retranche pas derrière les difficultés dogmatiques, il veut dialoguer avec toutes les confessions, et même toutes les religions. C’est pourquoi il est aimé dans les pays musulmans, parce qu’il appelle les choses par leur nom. Il ne se comporte pas en moraliste, il dit ce qui ne va pas. Il n’a pas peur de la confrontation.
A l’extérieur de l’Eglise catholique, on aime le pape. Des protestants retournent dans leurs églises à cause de lui. On aime sa liberté et sa simplicité, la familiarité avec lequel il va vers les gens, la gentillesse avec laquelle il s’enquiert de leurs soucis. Les catholiques ne doivent plus s’excuser d’être catholiques. Il y a chez eux une nouvelle conscience, une nouvelle confiance en eux mêmes. Ils ont confiance dans le fait que l’Esprit Saint agit dans l’Eglise encore de nos jours, et qu’il la renouvelle. Ainsi renaît dans l’Eglise un nouveau climat d’ouverture, mais aussi d’espérance et d’assurance. Il est surprenant qu’un pape ait pu, en si peu de temps, changer l’atmosphère dans l’Eglise, et bouleversé les manières de faire des évêques. Espérons qu’il puisse encore longtemps agir ainsi, et que grandissent, grâce à lui, la vitalité et la joie, et une nouvelle conscience des chrétiens en solidarité avec tous les hommes de toutes cultures et religions. »
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/anselm-grun-pourquoi-le-pape-francois-est-tant-aime-12-03-2015-61226_16.php
ANSELM GRÜN (TRADUIT DE L'ALLEMAND PAR JEAN MERCIER) publié le 12/03/2015
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© Eric Vazzoler pour La Vie
Le moine et auteur à succès Anselm Grün, qui vit et prie depuis 50 ans selon la règle de saint Benoît à l’abbaye de Münsterschwarzach, en Bavière, revient pour La Vie sur la popularité du pape François.
« Lorsque le nouveau pape se présenta après le Conclave, personne ne le connaissait. On ne l’associait avec aucune image, aucune représentation. Mais d’un simple "Bonsoir", il a conquis les coeurs. Voilà un pape qui se ne cachait pas derrière un discours ecclésiastique de circonstance, mais qui parlait comme les gens. Et lorsqu’il a dû donner sa bénédiction, et qu’il a d’abord demandé à la foule de prier pour lui, la vox populi – la voix du peuple – lui était acquise.
Au début, la plupart des gens se sont dit que le pape était un bon type – tant mieux ! – mais qu’à son âge, il n’allait pas bousculer l’Eglise… Mais le pape sait ce qu’il veut. Il a tout de suite envoyé des signaux. Et ceux ci ont ébranlé l’Eglise. Il parle une langue nouvelle. Depuis son arrivée, François a changé le climat ecclésial. Les cercles conservateurs se sont calmés. Les évêques n’osent plus se réclamer de leur honneur épiscopal et mener une vie grandiose. Le pape François est du côté des pauvres et exige la même chose de ses prêtres et évêques.
Et le pape fait ce qu’il dit. Sa première sortie a été pour les réfugiés à Lampedusa. Et dans son discours, il a fustigé "la mondialisation de l’indifférence". Et il critique le système économique capitaliste, qui est meurtrier pour de nombreux êtres humains. Jadis, les papes ont toujours réagi face aux crises économiques, mais ils ne voulaient pas se fâcher avec les riches. Le pape François n’a pas ces réserves. Il dit ce qu’il pense. Et, du coup, il est entendu par beaucoup d’économistes. Et le pape surprend le public sans cesse par ses initiatives. Il mange avec les sans abri de Rome. Il fait installer pour eux des douches sous la colonnade du Bernin et un salon de coiffure, où ils peuvent se faire couper les cheveux gratuitement par des apprentis coiffeurs.
Le pape a aussi une autre idée de l’Eglise que ses prédécesseurs. Il parle des fautes et des faiblesses de l’Eglise. Il préfère une Eglise cabossée, qui se soucie des pauvres, à une Eglise qui célèbre sa gloire. Dans ses discours aux évêques, au religieux, aux prêtres, aux fidèles, il n’emploie pas des mots huilés, mais il exige d’eux tous qu’ils vivent avec passion le temps présent. Ce qui saute aux yeux chez lui, c’est la passion qui l’anime. Il voudrait une Eglise humaine et miséricordieuse. Il ne se cache pas derrière le droit canon. Mais dans ses réprimandes envers les cardinaux et ses collaborateurs, il peut aussi manquer de miséricorde. Il nomme les fautes par leur nom, sans ménagement.. Et il frappe ses mots, de sorte qu’ils deviennent comme des répliques culte. Comme quand il parle d'"Alzheimer spirituel". Une telle créativité langagière a ses effets… Ses paroles ne peuvent plus être adoucies ou manipulées. C’est cette clarté que les gens aiment chez lui.
Il y a encore autre chose que les gens aiment chez ce pape. Il sait écouter. Il sait entendre les réfugiés et les sans abri, avec lesquels il va se mettre à table. Il écoute les représentants des autres confessions. Il ne se retranche pas derrière les difficultés dogmatiques, il veut dialoguer avec toutes les confessions, et même toutes les religions. C’est pourquoi il est aimé dans les pays musulmans, parce qu’il appelle les choses par leur nom. Il ne se comporte pas en moraliste, il dit ce qui ne va pas. Il n’a pas peur de la confrontation.
A l’extérieur de l’Eglise catholique, on aime le pape. Des protestants retournent dans leurs églises à cause de lui. On aime sa liberté et sa simplicité, la familiarité avec lequel il va vers les gens, la gentillesse avec laquelle il s’enquiert de leurs soucis. Les catholiques ne doivent plus s’excuser d’être catholiques. Il y a chez eux une nouvelle conscience, une nouvelle confiance en eux mêmes. Ils ont confiance dans le fait que l’Esprit Saint agit dans l’Eglise encore de nos jours, et qu’il la renouvelle. Ainsi renaît dans l’Eglise un nouveau climat d’ouverture, mais aussi d’espérance et d’assurance. Il est surprenant qu’un pape ait pu, en si peu de temps, changer l’atmosphère dans l’Eglise, et bouleversé les manières de faire des évêques. Espérons qu’il puisse encore longtemps agir ainsi, et que grandissent, grâce à lui, la vitalité et la joie, et une nouvelle conscience des chrétiens en solidarité avec tous les hommes de toutes cultures et religions. »
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