Texte de Marthe Robin, daté du 15 octobre 1925
Dieu éternel, Amour infini ! ô mon Père ! Vous avez tout demandé à votre petite victime ; prenez donc et recevez tout... En ce jour, je me donne et me consacre à vous, tout entière et sans retour. Ô le Bien-Aimé de mon âme, mon doux Jésus, c’est vous seul que je veux, et pour votre amour, je renonce à tout !
Mon Dieu, prenez ma mémoire et tous ses souvenirs ; prenez mon cœur et toutes ses affections ; prenez mon intelligence et toutes ses facultés, faites qu’elle ne serve qu’à votre plus grande gloire. Prenez ma volonté tout entière, c’est à jamais que je l’anéantis dans la vôtre. Non plus ce que je veux, ô mon très doux Jésus, mais toujours tout ce que vous voulez ! Prenez-moi, recevez-moi, dirigez-moi, guidez-moi ! À vous je me livre et je m’abandonne. Je me livre à vous comme une petite hostie d’amour, de louange et d’action de grâces, pour la gloire de votre saint nom, pour la jouissance de votre amour, le triomphe de votre Sacré-Cœur, et pour le parfait accomplissement de tous vos desseins en moi et autour de moi.
Ô mon Dieu, tout mon pauvre moi est à vous ! Faites-en, je vous en supplie, votre petite humanité de surcroît, toute vôtre...toute à vous... toute pour vous... votre ciel d’amour sur la terre. Que je n’aie plus de pensées, de vouloirs, de désirs, d’intérêts, de joies et de souffrances que les vôtres.
Détruisez en moi tout ce qui peut vous résister, vous gêner, vous déplaire ; consumez tout dans votre immense amour, réduisez tout à votre aimable empire ! Plus de moi... plus de mien...plus de rien... Vous seul, ô mon Jésus... rien que vous seul toujours ! Soyez vraiment ma vie, mon amour et mon tout ! Que je puisse dire en toute vérité : mon moi, c’est Jésus, sa volonté, son esprit, l’amour infini, le Dieu bon, le Dieu saint qui vit en moi et s’exprime par toutes mes œuvres.
Que toute ma joie ici-bas soit de vous faire connaître bon comme vous êtes bon, de vous aimer, de vous imiter, de vous offrir au nom de et pour toutes les créatures. Que ma vie soit la reproduction parfaite et incessante de votre vie, la manifestation de votre amour et la continuation de celle de Marie vierge et martyre. Que tout en moi exprime mon amour pour vous et que je sois toujours prête au sacrifice.
Ô Sauveur adorable ! Vous êtes l’unique Possesseur de mon âme et de tout mon être ! Recevez l’immolation que chaque jour et à tout instant je vous offre en silence. Daignez l’agréer et la faire servir au bien spirituel et divin de tant de millions de cœurs qui ne vous aiment pas, à la conversion des pécheurs, au retour des égarés et des infidèles, à la sanctification de tous vos bien- aimés prêtres, et en faveur de toutes les créatures.
Ô Jésus, prenez mon cœur, tout mon cœur, il ne demande et soupire de n’appartenir jamais qu’à vous seul ! Gardez-le toujours près du vôtre ; gardez-le tout entier dans le vôtre, gardez-le à jamais pour le vôtre, afin qu’il ne se livre et ne s’épanche dans aucune créature. Ô Jésus ! que mon cœur soit vraiment l’autel de votre amour et que ma langue publie à jamais vos miséricordes !
Daignez, je vous en supplie, sanctifier toutes mes paroles, toutes mes actions, toutes mes intentions, tous mes désirs ! Soyez vraiment à mon âme son trésor et son tout ! À Vous je la donne et je l’abandonne.
J’accepte avec amour tout ce qui me vient de vous, tout ce que vous voulez et voudrez encore dans la suite. Je m’abandonne humblement à vous par Marie ma bien-aimée Maman, en m’appuyant uniquement sur le secours de votre infinie miséricorde, et je vous promets la fidélité la plus sincère. Plus rien de moi... par moi... pour moi... Je renonce à jamais à moi-même et à tout et me voue tout entière à la prière, à la souffrance, à l’amour.
Ô divin Rédempteur ! en victime d’amour pour l’Église et les âmes, à vous je me livre et je m’abandonne ! Daignez, je vous prie, agréer favorablement mon offrande et je serai heureuse et confiante. Hélas ! c’est bien peu, je le sais, mais je n’ai rien de plus et je vous donne tout. J’aime mon indigence et ma faiblesse, parce qu’elles me valent toute votre miséricorde et vos plus tendres sollicitudes.
Mon Dieu, vous connaissez ma fragilité et l’abîme sans fond de ma misère... Si je devais un jour être infidèle à votre souveraine volonté sur moi ; si je devais reculer devant la souffrance et la croix et déserter votre chemin si doux en fuyant le tendre appui de vos bras, oh ! je vous en supplie et vous en conjure, faites-moi la grâce de mourir à l’instant. Exaucez-moi, ô Cœur très aimant de mon Dieu, exaucez-moi par votre très doux nom de Jésus, par l’amour de votre Très Sainte Mère, par l’intercession de saint Joseph, de saint Jean le bien-aimé et de tous les autres saints, et par votre divine ardeur à accomplir en tout la volonté de votre Père.
Ô mon Jésus, divin soleil d’amour ! Ô ma voie, ma lumière et ma vie ! Je vous aime, je vous adore, je vous bénis, je m’abandonne à vous, je me confie à vous. Gardez-moi bien toujours toute vôtre, cachez-moi bien toujours tout entière en vous, parce que ma pauvre nature tremble et gémit sous le fardeau des cruelles épreuves qui l’enveloppent de toutes parts, et que je suis seule, toujours.
Marie, ô ma Mère chérie, donnez-moi vous-même à Jésus.
Offrez vous-même à Dieu cette petite hostie ; qu’il daigne venir habiter en elle, reposant en son cœur comme en son tabernacle. Pour demeurer, hélas ! il n’aura que ma misère, mais il y trouvera du moins l’amour, la reconnaissance, la fidélité, la générosité, l’abandon, l’humble et joyeuse confiance pour le dédommager, consoler, réjouir, glorifier son Sacré-Cœur et lui donner des âmes, en union avec vous, ô ma si chère Maman.
15 octobre 1925
(Dans ce texte, Marthe Robin s'inspire d'un "Acte d'abandon" du Père de Bouchaud, qu'elle personnalise.)