Une étude établit un lien entre l'utilisation intensive du réseau social et des symptômes de dépression
Avez-vous déjà eu l’impression que votre vie est ennuyeuse ou que vous n’en profitez pas suffisamment lorsque vous parcourez votre fil d’actualité Facebook ? Vous êtes-vous déjà sentis nuls ou déprimés en regardant les photos, vidéos et autres réalisations de vos amis sur Facebook ?
Si la réponse à au moins une de ces questions est oui, alors les résultats de cette étude de psychologie reflètent en quelque sorte la réalité. En effet, une étude de psychologie sociale réalisée par un chercheur de l’université de Houston (HU) s’est intéressée à l’impact de l’utilisation du réseau de Mark Zuckerberg sur la santé mentale des utilisateurs. L’étude a fini par révéler qu’il existe des liens pertinents entre le temps passé sur Facebook et des symptômes de dépression chez les internautes.
Toutefois, selon le chercheur Mai-Ly Steers – candidat au doctorat en psychologie – un autre facteur entre également en considération, celui des comparaisons que les utilisateurs font entre leur propre vie et celles de leurs amis virtuels sur Facebook. Autrement dit, le lien entre le temps passé sur le réseau social bleu et les symptômes de dépression transitait par le fait que les utilisateurs effectuent en permanence des comparaisons entre leur vie et celles de leurs amis sur Facebook.
L’étude a été menée sur deux échantillons différents. Et pour les deux groupes, cette relation a été confirmée, même si pour l’un des groupes étudiés, le lien via les comparaisons sociales a été prouvé seulement chez le sexe masculin.
Steers explique ces résultats par le fait que Facebook donne une réalité biaisée de la vie des utilisateurs. Les « facebookers » n’ont tendance qu’à montrer les meilleurs moments de leur vie en ligne tout en mettant de côté tous les moments difficiles. Et étant donné que Facebook nous informe en permanence des activités de nos amis, on ne peut systématiquement pas s’empêcher de se comparer à ces derniers. En d’autres termes, nous comparons notre vie, avec tous nos hauts et bas, aux meilleurs moments de la vie de nos amis sur Facebook. Bien évidemment, la comparaison est biaisée et cela « peut nous amener à penser que leurs vies valent mieux que ce qu'elles sont réellement » et « nous faire sentir encore plus mal à propos de nos propres vies. »
Pour les personnes souffrant de difficultés émotionnelles, ce sera encore plus difficile. Elles peuvent être particulièrement sensibles aux symptômes dépressifs dus à la comparaison sociale sur Facebook, après avoir passé plus de temps sur le réseau. Cette vision déformée de la vie de leurs amis peut leur faire croire qu’elles sont les seules à traverser des moments difficiles, et par ricochet aggraver leur sentiment de solitude et d'isolement.
Steers conclut donc que « l'action de se comparer aux autres est socialement liée aux émotions destructrices à long terme. Tout bénéfice acquis à faire des comparaisons sociales est temporaire et s'engager dans la comparaison sociale fréquente de toute sorte peut être lié à la baisse du bien-être ». Toutefois, le chercheur en psychologie précise que « cela ne signifie pas que Facebook provoque la dépression, mais que les sentiments de dépression et beaucoup de temps sur Facebook, et se comparer à d'autres ont tendance à aller de pair ».
« Bien que les processus de comparaison sociale aient été examinés en détail dans des contextes traditionnels, la littérature ne fait que commencer à explorer des comparaisons sociales en milieu de réseautage social en ligne», a déclaré Steers. Le chercheur espère seulement que les résultats de son étude aideront les gens à comprendre que le progrès technologique est un couteau à double tranchant. La candidate au doctorat en psychologie espère également que cela permettra de guider les politiques dans la réduction de l'utilisation de Facebook chez les personnes à risque de dépression.