L’exposition à la vénération du corps de Carlo Acutis, jeune adolescent mort en 2006 à l’âge de 15 ans qui doit être béatifié ce samedi 10 octobre à Assise, suscite chez les Italiens un authentique intérêt. Si le corps du « geek de Jésus » n’est pas « incorruptible », il est « intègre ». Mais de quoi parle-t-on quand on évoque ce phénomène ?
Le tombeau en partie transparent qui renferme le corps de Carlo Acutis laisse apparaître un adolescent bien dans son époque et bien réel . Vêtu d’un jean, de baskets et d’un sweat-shirt, il semble juste dormir, son visage et ses mains donnant l’impression déroutante d’être toujours en vie. « Le corps de Carlo Acutis, béatifié ce samedi 10 octobre 2020 , n’a pas été retrouvé « intact » mais « intègre », c’est-à-dire muni de tous ses organes, a déclaré le père Carlos Acácio Gonçalves Ferreira, le recteur du sanctuaire de la spoliation d’Assise au moment de l’ouverture de la tombe du futur bienheureux le 1er octobre dernier. De son côté, au moment de l’exhumation du corps du jeune italien en juin 2018 – conformément aux règles du procès en béatification – son postulateur Nicola Gori a annoncé que le processus de décomposition de ses restes n’avait pas affecté le corps du garçon.
Cependant, a-t-il souligné à l’époque, « l’enthousiasme devrait être modéré avant qu’une recherche appropriée ne soit effectuée ». Sa mise en garde était compréhensible, car cette nouvelle a enflammé immédiatement l’imagination de nombreux fidèles qui perçoivent le phénomène des corps « incorruptibles » voire « intacts » comme un signe visible de sainteté. Si finalement le corps de Carlo Acutis est dit « intègre » et non pas « intact », les attentes autour de l’incorruptibilité des corps des saints provoquent bien un véritable questionnement. Pourquoi cet état, non explicable par la science la plupart du temps, est mis en valeur par l’Église ? Est-ce l’intervention divine qui permet à certains corps humains de demeurer « intacts » voire « incorrompus » après la mort ?
Pour Gilles de Percin, membre du Service catholique des funérailles , il s’agit tout d’abord d’un phénomène extrêmement rare. Il serait de l’ordre de 1 pour 1000 cas. En vingt ans de travail, il a rencontré ce phénomène deux fois, notamment en participant à l’exhumation du vénérable Jean-Baptiste Berthier , père fondateur de la Congrégation des Missionnaires de la Sainte-Famille mort en 1908 : « C’était en 1994 à Graves. En présence des personnes en charge de son dossier de béatification, j’ai sorti le corps du père Berthier de son caveau. Ma tête était tout proche de la sienne. Il était nu. Ses vêtements se sont désintégrés, mais son corps est resté entier, intact, jusqu’à ses doigts de pied, ses cheveux et ses ongles. Et une chose m’a frappé : son odeur très agréable, ce n’était pas le parfum de la rose ou de la violette, mais une odeur agréable », confie-t-il à Aleteia.
S’il existe en partie des explications rationnelles à ce phénomène, comme certains soins de conservation donnés aux défunts avant leur mise en terre, ou la nature du sol qui pourrait jouer un rôle important, pour ce professionnel funéraire, il s’agit d’un « signe de sainteté », même si « ce n’est pas ça qui est essentiel », précise-t-il.
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