Le refus de voir son péché, qui ramène tout à soi, est un évitement de sa capacité à aimer totalement et librement, grâce à la miséricorde de Dieu.
Le mot même de « péché » a une cote de popularité assez basse. Il véhiculerait un imaginaire sulfureux et accusateur : les prédicateurs fous qui tonitruent des « repentissez-vous » dans de grands tournoiements de manches, les vieilles dames au confessionnal qui, dans les dessins de Sempé, listent minutieusement les péchés… de leur mari, et, en toile de fond peu réjouissante, les flammes de l’enfer. Il est évident que moins on entend parler du péché, moins on comprend le sens du sacrement de Réconciliation : pourquoi aller présenter à la miséricorde du Seigneur ce dont on nierait l’existence ?
Une réalité quotidienne
On pourrait imaginer que les confessionnaux se sont vidés parce que nous serions devenus parfaits : plus rien à raconter d’autre que nos bonnes actions ! Et comme nous sommes parfaits et que nous n’aimons pas nous vanter… ne dérangeons pas un prêtre inutilement ! Malheureusement cette hypothèse séduisante ne semble pas des plus réalistes. La violence est à nos portes, elle trace sa route dans nos familles, les salles de classes, dans les quartiers de nos villes ou sur les parvis de nos églises, elle prend racine où bon lui semble et frappe où on ne l’attend pas, mais à chaque fois une chose est sûre : on y retrouve une décision et une main humaine. Le péché, quel que soit le nom qu’on lui donne, reste une réalité quotidienne pour les individus et pour les sociétés.
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