L’âme fidèle : Je viens à vous, Seigneur Jésus, mon cœur est prêt… Le Saint-Esprit a dit : On devient bon en conversant avec ceux qui sont bons : eh bien, pour être bon et saint, je viens converser avec vous, puisque vous le permettez et que vous m’appelez, bon Maître, en me disant : Mes délices sont de rester avec toi. Seulement apprenez-moi à vous parler. Dites-moi ce que vous aimez, pour que je vous le redise… Je suis peu savant, ô Jésus.
Jésus : Mon enfant, il n’est pas nécessaire de savoir beaucoup pour me plaire. Il suffit de m’aimer beaucoup. Dis-moi ce que tu dirais à ta mère, si elle était là, et qu’elle t’attirât sur ses genoux ; Raconte-moi ce que tu raconterais à un ami intime, avec qui tu ne t’ennuierais jamais. Si tu veux pourtant des sujets de conversation, en voici qui pourront te servir pour chacun des jours de la semaine.
N’as-tu pas des personnes à me recommander ? Dis-moi le nom de tes parents, de tes bienfaiteurs, de tes amis ; après chacun de ces noms, ajoute ce que tu voudrais que je fisse pour eux. Demande beaucoup, beaucoup ; j’aime les cœurs généreux qui s’oublient pour les autres. Parle-moi de tous ceux qui te font du bien, des pauvres que tu voudrais soulager, des malades que tu as vus souffrir, des méchants que tu voudrais convertir, des personnes qui se sont éloignées de toi, et que tu voudrais ramener à ton affection. Pour tous, récite une prière fervente ; rappelle-moi que j’ai promis d’exaucer toute prière qui vient du cœur, et n’est-ce pas une prière du cœur, celle qu’on fait pour les personnes qu’on aime et qui nous aiment ?
N’as-tu pas des grâces à me demander pour toi ? Ecris, si tu le veux, une liste de tous tes désirs et viens me la lire ! L’amour de la prière te rendrait plus fervent ; l’humilité te rendrait moins susceptible, la patience te fortifierait contre les emportements auxquels tu te laisses aller ; le travail assidu empêcherait une foule de gronderies; la charité te rendrait plus aimable… N’aurais-tu pas besoin de toutes ces vertus ? Dis-moi toutes ces choses, et conjure-moi de t’aider dans les efforts que tu veux faire ; je suis le maître des biens de l’âme ; les biens du corps sont en ma possession eux aussi, demande-les moi, santé, intelligence, succès. Je puis tout donner et je le donne toujours ; quand ces biens sont utiles pour rendre les âmes plus saintes… Que veux-tu donc, mon enfant ?
N’as-tu pas des projets qui t’occupent ? Raconte-les-moi en détail… S’agit-il de ta vocation ? À quoi penses-tu ? Que voudrais-tu ? S’agit-il de faire plaisir à ta famille, à ta mère ? Que veux-tu faire pour tous ? Et pour moi, n’as-tu pas quelques pensées de zèle. Ne veux-tu pas faire du bien à ceux qui t’entourent. Dis-moi à qui tu t’intéresses, quel est le motif qui te pousse ? Quels sont les moyens que tu veux prendre ? Expose-moi ton insuccès ; je t’en montrerai la cause ; qui veux-tu intéresser à ton œuvre ? Je suis le maître des cœurs, mon enfant, et je les amène doucement où je veux. Je mettrai près de toi ceux qui te seront nécessaires, sois tranquille…
N’as-tu pas des ennuis ? Oh mon enfant, raconte-moi tes ennuis avec beaucoup de détail ! Qui t’a fait de la peine, qui a froissé ton amour propre, qui t’a méprisé ? Dis-moi tout ; et puis tu finiras en ajoutant que tu pardonnes, que tu oublies, et moi je te bénirai ! Appréhendes-tu quelque chose de pénible ? Y a-t-il dans ton âme ce vague effroi qui n’est pas raisonné, mais qui tourmente ? Confie-toi pleinement à ma Providence. Je suis là, j’écoute, je ne te laisserai pas… Y a-t-il autour de toi des cœurs qui te paraissent moins bons, et que leur indifférence ou leur oubli éloigne de toi sans qu’il te semble avoir rien fait pour les blesser ? Prie-moi bien pour eux… Je les ramènerai s’ils sont utiles à ta sanctification
N’as-tu pas des joies à me faire savoir ? Pourquoi ne pas me faire part de tes bonheurs ? Dis-moi tout ce qui depuis hier est venu te consoler, te faire sourire, te porter à la joie. C’est une visite inattendue ; c’est une récompense que tu ne croyais pas méritée ; c’est une crainte qui s’est dissipée tout à coup ; c’est un succès que tu craignais de ne pouvoir obtenir ; c’est une marque d’amitié, une lettre, un souvenir que tu as reçu… Tout cela, mon enfant, c’est moi qui te l’ai ménagé ; pourquoi ne t’en montrerais-tu pas reconnaissant… et ne me répéterais-tu pas : Merci ! Car la reconnaissance attire le bienfait, et le bienfaiteur aime qu’on lui rappelle ses bontés ?
N’as-tu pas des vertus à acquérir, et n’as-tu pas besoin de mon secours ? Dis-moi tes misères, mon enfant ; confesse-toi simplement en ma présence… Montre-moi, en me citant tes faiblesses, combien tu es sensuel, orgueilleux, susceptible, égoïste, lâche, paresseux… Gémis de si peu connaître le renoncement, d’abuser si continuellement des grâces qui te sont faites, de la peine que tu donnes à ta famille, des fautes peut-être que tu fais commettre autour de toi. Mon cœur, mes mains sont remplis de trésors, et je ne veux qu’une chose, les répandre avec abondance. Demande-moi mon secours… Chaque fois que tu as agi à la légère, sans me consulter, sans prier un peu auparavant, n’as-tu pas moins bien agi, n’as-tu pas peut-être commis des imprudences ? Tu ne peux rien, rien sans ma protection, mais avec moi, mon enfant, tu peux toute chose… Heureuse l’âme qui me sent à ses côtés, l’aidant, la consolant, la protégeant !
N’as-tu pas des promesses à me faire et des ordres à me demander ? Je lis au fond de ton cœur, tu le sais ; on trompe les hommes, on ne trompe pas Dieu ; sois donc sincère… Es-tu résolu à ne plus t’exposer à cette occasion de pécher, à te priver de telle chose qui te porte au mal, à ne plus lire ce livre ? Voudras-tu tout de suite être bon pour cette personne qui t’a froissée ? Voudras-tu, avec tout le monde agir simplement ? Bien, mon enfant. Et maintenant va reprendre ton travail ; sois silencieux, modeste, charitable. Je t’attends demain ; demain apporte-moi un cœur bien pur et bien dévoué ; demain j’aurai pour toi de nouvelles faveurs.
Père Florian Racine